Qu'est ce qui se passe en Israël ? A partir d'hier dimanche, 150 officiers de réserve de Tsahal et soldats de la division du renseignement de l'unité 8200 ont décidé de ne pas participer au service de réserve. Ils ont signé un engagement dans ce sens. Ils ne sont pas les seuls, le refus de servir s'est propagé à tous les réservistes dans presque toutes les armées et les services y compris le Mossad et le Shin Bet, rapportent les médias. Pourquoi ce refus? C'est une protestation contre la réforme judiciaire que le gouvernement de Benjamin Netanyahou compte mener à son terme malgré le refus non seulement de l'opposition mais aussi d'une large partie de le population qui voit dans cette réforme un recul de la démocratie. Pour certains c'est un coup d'Etat et pour d'autres c'est l'établissement d'une dictature. La situation s'est aggravée lorsque le mouvement de protestation a gagné l'armée, ce qui est très rare en Israël. La crise s'amplifie mais le Premier ministre tient à son projet. Selon lui, cette réforme rétablit un équilibre en donnant le pouvoir aux élus. Cette réforme est donc si grave? Cela dépend dans quel camp on se situ. Elle très grave pour ses détracteurs puisque, si elle est adoptée, ce qui pour le moment n'est pas évident, le pouvoir judiciaire serait soumis au pouvoir exécutif. La réforme donne au gouvernement plus de pouvoir pour nommer les juges en modifiant le mode de nomination des juges par la Haute Cour. Le gouvernement aura plus de représentants à la commission de nomination aux dépens des autres ministres institutions (Knesset, barreau...), d'ailleurs les deux représentants du barreau ont été remplacés par deux représentants du gouvernement. Elle est par contre salutaire pour la démocratie soutiennent ceux qui la défendent, avec le Premier ministre. Le refus de servir aura-t-il des conséquences ? Oui, et des conséquences très graves pour la sécurité de l'Etat d'Israël. En voici un indicateur. Herzi Halevi, le chef d'état-major de l'armée a lancé un avertissement au gouvernement. Selon lui, l'armée serait sur le point de réduire la portée de certaines opérations à cause du refus de servir des réservistes, comme l'a rapporté le New York Times. Cette crise renforce-t-elle les ennemis d'Israël ? Absolument. L'armée et les services de sécurité et de renseignements sont le fondement de la sécurité d'Israël. Selon le Times, cité par i24News, un fonctionnaire a déclaré que les groupes terroristes du Hamas, du Jihad islamique et du Hezbollah, ainsi que l'Iran semblent tous enhardis par la crise en Israël et ont même renforcé leur coopération dans l'espoir de provoquer l'effondrement de l'Etat hébreu. C'est d'autant plus dangereux que le mouvement de protestation pourrait déborder le cercle des réservistes et toucher les conscrits comme l'ont souligné plusieurs médias israéliens et internationaux. Ça devrait faire réfléchir Netanyahou... Enfin, pas tout a fait. Pour ce qui est de la réforme, il n'a montré aucun signe de détente. Par contre, il essaie de ne pas trop mécontenter les réservistes ordonnant aux membres de son parti de ne pas les dénigrer. « Les refus sont un phénomène dangereux auquel il faut s'opposer fermement, mais lorsque nous le faisons, même dans le feu de l'action, cela doit être fait dans les limites du dialogue », a-t-il déclaré lors d'une réunion du parti. Même recommandation de la part du ministre de la Défense Yoan Gallant pour qui « Ceux qui dénigrent les soldats de Tsahal, qu'ils soient de gauche ou de droite, n'ont pas leur place dans le service public ». Une sorte de pinçage d'oreille au ministre des Communications Shlomo Karhi qui a jugé sur les réseaux sociaux que ceux qui refusent de servir « iront en enfer ». Cela lui a valu un rassemblement de protestation devant sa maison de la part des réservistes. Toutefois, lorsque le ministre de la défense a demandé au PM de reporter la réforme pour un mois, le temps de voir venir, le PM l'a renvoyé du gouvernement. Manière de dire qu'il faut montrer que le gouvernement est homogène. `Si le PM veut bien montrer sa volonté d'éviter l'escalade avec les officiers réservistes, ces derniers par contre n'ont pas l'intention de l'en remercier. Ils maintiennent ce qui peut être vu comme un ultimatum, si la réforme passe, ce sera fini pour le service. Ce qu'en pense la Maison Blanche La Maison Blanche a « vivement exhorté » les dirigeants israéliens à trouver rapidement un compromis après le limogeage du ministre de la Défense. "Nous continuons d'exhorter fortement les dirigeants israéliens à trouver un compromis dès que possible. Nous pensons que c'est la meilleure voie à suivre pour Israël et tous ses citoyens", a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Adrienne Watson.