«L'Afrique accuse un retard considérable dans le secteur du rail », estime le directeur général de l'UIC, François Davenne. Selon les statistiques de l'UIC, pour un vaste continent qui s'étale sur 29,6 millions de km2, la longueur du réseau du rail ne dépasse pas environ 90.000 km, soit environ 14% de la longueur totale du réseau mondial. Ainsi, la moyenne africaine est de 3 km pour 1,000 km2 . Les raisons du retard La faible vitesse des circulations des trains (entre 55 et 160 km/h) et de faibles rayons de courbure (100 à 200 m), l'absence même de la voie ferrée au sein de 15 pays et la quasi-absence d'interconnexions entre régions,..., sont autant de caractéristiques d'ordre technique limitant la compétitivité du secteur ferroviaire en Afrique et ne lui permettant pas malheureusement de jouer le rôle qu'il se doit dans le processus d'intégration du continent. L'UIC note également que la part du rail dans la mobilité au sein du continent ne dépasse pas 3% des activités ferroviaires mondiales et ce, bien que les données du trafic des dernières années laissent constater une légère amélioration expliquée, entre autres, par une mobilité de plus en plus importante liée à la dynamique socio-économique. De nouvelles ambitions pour le rail africain Pour rectifier le tir, l'Union africaine a adopté une nouvelle vision pour la revitalisation du rail à l'horizon 2040 et un nouveau schéma directeur pour le développement de la grande vitesse à l'horizon 2063. Selon le directeur général de l'UIC, l'ambition est de doter le continent d'un « système de transport ferroviaire fiable, viable, performant, respectueux de l'environnement, abordable, un système qui peut, avec les autres modes de transport, promouvoir le développement socio-économique et l'intégration régionale tout en contribuant à une meilleure position mondiale pour le continent. Concrètement, «l'idée est de réussir à connecter l'ensemble des pays africains », insiste Davenne mettant l'accent sur l'importance des chemins de fer à la fois pour le fret et le transport des passagers. Mais, si le continent accuse un retard jusque là, c'est en effet « l'héritage d'une période coloniale où l'idée était plutôt de promouvoir les exportations plutôt que de connecter les pays », fait savoir le même professionnel. En Guinée par exemple, de nombreux projets sont en cours pour renforcer le secteur ferroviaire. Le directeur général de la société nationale des chemins de fer de Guinée (SNCFG), Ibrahima N'dairy Diallo confie à l'Observateur du Maroc et d'Afrique que le pays compte construire une dorsale sur une ligne de 650 km dont 550 km en double voie. Et dans le cadre du schéma directeur des chemins de fer de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, il est prévu de reconstruire l'ancienne ligne Conakry-Niger qui va relier Conakry à Bamako et par la suite à Burkina Faso et au Niger. Néanmoins, le développement de la grande vitesse n'est pas prévu pour demain. «Cela reste un rêve », reconnait le professionnel. Davenne insiste sur la réussite du modèle marocain et ajoute que l'UIC souhaite utiliser cette locomotive pour atteindre les objectifs escomptés en Afrique tant au niveau du réseau classique que celui rapide à l'horizon 2040 . Pour les opérateurs, les opportunités alors ne manquent pas. D'ailleurs, Huawei comme l'explique le vice-président de l'entreprise pour la division Rail et aviation, Mohamed Fasraoui, souhaite accompagner le développement du rail sur le continent. «L'Afrique est l'une des régions où nous sommes très impliqués et revêt d'un intérêt stratégique pour le groupe », fait-il savoir.