Avis aux futurs acquéreurs de voitures. A partir du 1er janvier 2023, aucun véhicule léger, ne respectant pas la norme Euro 6 B, ne pourra être homologué. Un moratoire d'une année est accordé aux concessionnaires pour liquider leurs stocks non conformes aux nouvelles normes. Dès le 1er janvier 2024, plus aucune voiture ne répondant pas à cette norme ne sera autorisée à l'immatriculation. Néanmoins, pour les autres types de véhicules notamment les poids lourds, ils seront épargnés jusqu'en janvier 2026. Aujourd'hui, le Maroc compte près de 6,2 millions de véhicules, avec un taux d'évolution annuelle de 5% pour les véhicules légers et les poids lourds, et presque 20% pour les véhicules à 2 et 3 roues. Le pays a revu à la hausse son objectif de réduction des GES de 42 à 45,5% à l'horizon 2030. Le transport constitue un levier important pour l'atteinte de ces objectifs surtout qu'il pèse lourd sur la facture énergétique du pays avec 30% des émissions de CO2 et 38% de consommation totale du pays. Le secteur, presque complètement dépendant des énergies fossiles, est responsable aussi d'environ 50% de la facture énergétique nationale, et participe à hauteur de 20% au déficit de la balance commerciale. Une réglementation plus stricte Concrètement, la nouvelle réglementation imposera les limites maximales pour les émissions d'oxydes d'azote et les particules fines. Par rapport à la norme Euro V, la norme Euro VI impose une réduction supplémentaire des valeurs limites de 80% pour les oxydes d'azote, de 50% pour les particules et de plus de 70% pour les hydrocarbures. Pour les poids lourds, les émissions d'oxydes d'azote sont limitées à 0,4 g/kWh, celles de monoxyde de carbone à 1,5 g/kWh, celles d'hydrocarbures à 0,13 g/kWh et enfin celle des particules à 0,01 g/kWh. Poids lourds épargnés Cette transition était censée concerner au départ toutes les catégories de véhicules au 1er janvier 2023 afin de réduire l'impact des émissions de gaz à effet de serre sur l'environnement. Les professionnels du poids lourds, se sont opposés par ailleurs, contre l'application de cette norme. La CGEM a même sollicité le ministère de tutelle de repousser le passage à cette norme de 30 mois supplémentaires. Après de longues négociations, le délai de grâce a été fixée à 24 mois. Mohamed Sefouane, expert en transition énergétique regrette ce report. Selon lui, le Maroc rate encore une occasion pour passer au vert en matière de mobilité et cela pourrait non seulement impacter négativement l'atteinte des objectifs escomptés, mais aussi constitue une menace sur la qualité de l'air et donc la santé des citoyens, le transport routier représentant 23% de la pollution au Maroc. L'expert ajoute que dans des villes comme Casablanca, Marrakech, Fès, ...la pollution devient insoutenable en raison notamment de la circulation des poids lourds et tous types de véhicules à moteur thermique (majoritairement diesel, Euro-4). Ces derniers sont responsables du phénomène d'émission de Gaz à effet de serre, des troubles respiratoires et des maladies cardio-vasculaires...Les normes Euro 4 permettent en effet, des rejets d'oxydes d'azote de 3,5 g/kWh (8,75 fois ce qui est autorisé par la norme Euro 6), 0,46 g/kWh d'hydrocarbures (3,53 fois Euro 6) et de 0,02 g/kWh de particules (2 fois Euro 6). Des craintes non justifiées Sollicité par l'Observateur du Maroc et d'Afrique, un professionnel du secteur de transport routier explique que les opérateurs sont confrontés déjà à de nombreuses difficultés au vu des répercussions de la crise Covid et du contexte international actuel. «Nous craignons que l'adoption de cette nouvelle norme soit un fardeau supplémentaire et ait un impact sur les prix des camions et sur les coûts logistiques », avertit-il ajoutant que « le délai supplémentaire accordé aujourd'hui, permettra aux professionnels de se préparer progressivement au rendez-vous ». Pour Sefouane, les craintes des professionnels ne sont pas fondées. Comment ? «Cette norme est déjà utilisée en Europe. Et donc bon nombre de véhicules poids lourds importés sont déjà conformes à cette nouvelle exigence. Et l'impact sur les prix n'est pas très significatif », souligne l'expert. Il ajoute également, « qu'une telle réglementation applicable pour les véhicules neufs n'oblige pas les opérateurs à changer leur flotte de camions et d'autocars, à l'heure actuelle. Ils seront par contre tenus de respecter la norme après l'usure de leur matériel et l'acquisition d'un autre ». Autres avantages relevés par le même expert, un véhicule neuf Euro-6 consomme moins de carburant. Les opérateurs économiseront largement sur ce volet. Donc même s'ils achèteront le matériel plus cher, ils pourront récupérer le surplus en matière d'économie des charges liées à la consommation du gasoil.