Premiers cancers touchant les femmes marocains, le cancer du sein et celui du col de l'utérus sont au centre de la campagne nationale de sensibilisation et de dépistage lancée par le Ministère de la santé et de la protection sociale. Programmée à l'occasion d'Octobre rose, cette campagne est placée sous le signe « La détection précoce est une prévention et pour votre santé, une protection». Elle se prolongera jusqu'à la fin du mois d'octobre et ciblera en particulier les femmes âgées de 40 à 69 ans concernant le cancer du sein et les femmes de 30 à 49 ans pour le cancer du col d'utérus. Son objectif ? « Renforcer la sensibilisation de la population sur l'importance de la prévention et du dépistage précoce », indique un communiqué du ministère. Les premiers cancers enregistrés chez la femme au Maroc, le cancer du sein et celui du col utérin représentent respectivement 38.1% et 8,1%, des cas selon les dernières données du registre des cancers. Concernant le cancer en général, les derniers chiffres couvrant la période 2008- 2012 relevés par le Registre des Cancers de la Région du Grand Casablanca (RCGC), indiquent que le taux d'incidence standardisée par rapport à la population marocaine est de 115.4 nouveaux cas pour 100.000 habitants par an. Ce taux est toutefois plus élevé chez la femme (124.4) que chez l'homme (104.4). Tueurs de femmes Les localisations les plus touchées les deux sexes confondus sont : Le sein, le poumon, le colon-rectum, le col utérin et la prostate. Le cancer du sein reste cependant en tête avec 20% de tous les cancers tous sexes confondus et 38.1% des cancers chez la femme. Son Incidence standardisée par rapport à la population marocaine est de 49.5 nouveaux cas pour 100.000 femmes. Au niveau mondial, l'OMS fait état d'une hausse de la mortalité par cancer du sein en 2020 avec 685.000 décès. La plupart des cas de cancer et des décès qui y sont liés sont enregistrés dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Des chiffres alarmants qui rappellent l'importance de la prévention et du dépistage précoce dans cette lutte acharnée contre ce « tueur de femmes ». « La détection précoce est intégrée dans les soins de santé primaires et renforcée par la construction et l'équipement de 43 centres de référence de la santé reproductive, de 11 centres régionaux d'oncologie et de 2 pôles d'excellence d'oncologie gynéco-mammaire, ainsi que par l'acquisition de 22 unités mobiles de mammographie destinées à assurer l'accès des femmes des zones éloignées », assure le ministère dans son communiqué. Des efforts déployés par la tutelle dans l'objectif de réduire la morbidité et la mortalité dues au cancer. Rappelons que dans le cadre du Plan national de prévention et de contrôle du cancer 2020-2029, un programme structuré de détection précoce des cancers du sein et du col de l'utérus a été mis en place. Une stratégie visant à renforcer l'offre de soins spécialement en matière de dépistage, de diagnostic et de prise en charge de ces deux redoutables cancers. Sauver des vies Primordial dans la prévention des conséquences fatales, le dépistage précoce peut sauver plusieurs vies. Les spécialistes n'ont de cesse d'insister sur son importance. « Les femmes doivent apprendre à bien connaitre leurs corps. L'auto-palpation mammaire à chaque fin du mois après les menstruations peut s'avérer d'une grande utilité dans la détection précoce du cancer du sein. En effet, elle permet de détecter jusqu'à 70 % d'anomalies », explique Dr Taher Barrada, gynécologue. D'après ce dernier, certains symptômes doivent alerter la femme et l'emmener à consulter le médecin pour un dépistage médical. « La palpation d'un nodule ou une bosse au niveau du sein. Ca peut être aussi un écoulement provenant du mamelon, une modification de l'aspect ou une rétraction du mamelon, un changement de la peau, un changement de la forme du sein, l'apparition d'un ganglion au niveau des aisselles ou des épaules » énumère le spécialiste en insistant sur l'importance de consulter un médecin dans ces cas de figure. Dr Barrada insiste également sur l'importance de subir une mammographie chaque deux ans lorsqu'une femme est âgée entre 50 à 74 ans. Cancer sournois Quant au dépistage du cancer du col de l'utérus, il s'opère via un frottis du col. Cet examen, indolore et rapide, peut être réalisé par un gynécologue ou le médecin traitant. Il permet de prélever quelques cellules qui seront analysées en laboratoire. L'analyse recherchera la présence de cellules anormales ou cancéreuses. La cause principale du cancer du col utérin est liée à l'infection persistante par des virus de la famille des papillomavirus ou HPV (Human Papilloma Virus). L'infection par HPV est une maladie sexuellement transmissible. Cette infection est très fréquente car on estime que 20 à 50 % des femmes âgées de 20 ans ont été exposées. Le virus est spontanément éliminé chez 90 % des femmes. Néanmoins, une infection persistante peut provoquer l'apparition de lésions dites précancéreuses, qui, si non détectées et traitées, peuvent conduire au développement d'un cancer 15 à 20 ans après le début de l'infection.