« Alors que le monde célèbre la Déclaration universelle des droits de l'homme, nous, membres de l'Association sahraouie contre l'impunité dans les camps de Tindouf (ASIMCAT), une organisation non gouvernementale basée en Espagne qui s'exprime au nom des victimes de violations flagrantes des droits de l'Homme perpétrées par le Front Polisario dans les camps de réfugiés de Tindouf et leurs proches, au sud-ouest de l'Algérie, souhaitons attirer l'attention de Votre Excellence et de toute la communauté internationale sur la détérioration dangereuse de la situation des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf, où ces violations ont atteint leur summum après la décision du Polisario de se retirer des accords de cessez-le-feu le 13 novembre 2020. En effet, les camps de Tindouf ont toujours été le théâtre de violations systématiques des droits d'une population privée de toute protection et accès à la justice algérienne ou de tout mécanisme de recours indépendant et efficace contre ses tortionnaires qui bénéficient d'une impunité totale, en raison du refus du pays d'accueil d'assumer ses responsabilités juridiques et de son refus de remplir ses obligations internationales conformément au droit international. Le Comité des droits de l'Homme des Nations Unies, dans ses observations finales sur le quatrième rapport périodique sur l'Algérie, a exprimé ses profondes préoccupations au sujet de la « dévolution de facto de l'autorité au Front Polisario, en particulier l'autorité juridictionnelle »., qui est considéré comme incompatible avec l'obligation de l'Etat partie de respecter et de garantir tous les droits de toutes les personnes se trouvant sur son territoire (CCPR/C/DZA/CO/4, par. 9). À cet égard, nous aimerions souligner l'aggravation des violations dans les camps de Tindouf, y compris, entre autres, les disparitions forcées, les exécutions extrajudiciaires, la torture, les détentions arbitraires, les enfants soldats et le détournement des aides humanitaires, dont la population des camps est témoin sous la direction totalitaire en place lui imposant un siège intenable depuis le milieu des années 1970, et ce siège a été renforcé sous le prétexte de la lutte contre la pandémie de la Covid-19. L'ASIMCAT a entrepris des recherches sur les disparitions forcées depuis la création des camps de Tindouf, et a publié une liste préliminaire concernant 131 victimes sahraouies de disparitions forcées dans les centres de détention secrets gérés par le Polisario, avec des témoignages sur ces crimes perpétrés contre ces civils sahraouis, disparus et toujours portés disparus. Ces crimes ont été reconnus par de nombreux dirigeants du Polisario, qui ont rendu publics des témoignages sur les médias sociaux, plaidant coupables des graves violations perpétrées dans les centres de détention secrets des camps de réfugiés sahraouis. Ces dirigeants ont reconnu leur complicité dans la torture et la disparition de nombreux Sahraouis. Leurs témoignages sont d'une importance primordiale dans la détermination de la responsabilité pénale des auteurs de ces crimes et du pays hôte, et confirment ce qui a été précédemment rapporté par Amnesty International, France Libertés et Human Rights Watch. Le droit à la vie continue d'être bafoué dans les camps de Tindouf, comme en témoigne l'exécution extrajudiciaire systématique par l'armée algérienne de tous les Sahraouis qui tentent de briser le siège imposé. À ce propos, deux jeunes Sahraouis ont été brûlés vifs par des militaires algériens près du camp de Dakhla en octobre 2020 et 03 autres ont été abattus par l'armée algérienne dans les environs des camps au cours de la dernière semaine de novembre 2021. Cela montre la hausse des attaques contre les jeunes réfugiés sahraouis au cours des deux dernières années, notant que malgré le nombre croissant de sahraouis tués par l'armée algérienne, leurs assassins ne font toujours l'objet d'aucune enquête puisque l'impunité persiste toujours. Aucune mesure n'a été prise pour assurer des enquêtes approfondies, impartiales et efficaces et la poursuite de tous ces crimes, malgré la communication adressée au gouvernement algérien par les mandataires de l'ONU, y compris le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires (voir rapport de l'UNSG : S/2021/843, p. 78). La détention arbitraire est également une pratique de longue date visant à éradiquer toute forme d'opposition ou de dissidence dans les camps de Tindouf. La direction du Polisario mène une violente campagne de répression contre les blogueurs et les leaders d'opinion à Tindouf, dans une tentative délibérée de faire taire les voix dissidentes qui critiquent ses exactions ou la dépravation marquant leur gestion du camp (Voir l'avis du GTDA : A/HRC/WGAD/2020/7, concernant l'opposant Fadel Breika). Ces militants civils sont également soumis à diverses formes de représailles de la part du Polisario, y compris des campagnes de diffamation et l'interruption de l'approvisionnement en électricité et en eau, ainsi que d'autres aides humanitaires nécessaires, à cause de leur engagement en faveur du système des droits de l'Homme de l'ONU. Les camps de Tindouf sont une illustration flagrante de la négation des libertés d'expression, d'association et de mouvement pour toute une génération de Sahraouis. Bien que ces libertés ne soient pas limitées au seul droit à la vie et constituent le fondement même de l'exercice et de la pleine jouissance de tous les autres droits, le statut fondateur du Polisario exerce les pires restrictions à ces libertés, en interdisant la création des associations indépendantes ou les médias libres dans les camps, et impose le Polisario comme seule organisation tutélaire de toute la population des camps (voir les articles 31 et 32 de la constitution du Polisario). Les femmes sahraouies, l'une des catégories les plus vulnérables des camps, sont confrontées aux pires violations des droits de l'Homme par les dirigeants du Polisario. Elles sont victimes de violences sexuelles, de mariages précoces et forcés, d'exploitation sexuelle, de viols et de grossesses forcées, en plus des malheurs psychologiques liés à l'enrôlement précoce de leurs enfants dans les milices armées du «Polisario». Ces enfants sont envoyés loin de leurs familles dans certains pays d'Amérique latine (Cuba, Venezuela, etc.) pour l'entraînement militaire et l'endoctrinement idéologique marxiste, au mépris des résolutions de l'ONU, y compris les résolutions N° 13.25 (2000) et N° 2493 (2019), appelant, respectivement, à la protection des femmes contre les abus sexuels et les agressions en situation de crise et à la promotion des droits civils, politiques et économiques de cette catégorie extrêmement fragile. La situation des enfants dans les camps de Tindouf s'est aggravée depuis la décision de la direction du Polisario de se retirer des accords de cessez-le-feu le 13 novembre 2020, conduisant à une campagne massive de leur enrôlement dans la milice armée du Polisario, et leur envoi dans les casernes militaires algérienne pour qu'ils suivent une formation militaire alors que leur place est sur les bancs de l'école. Cette campagne a également été marquée par l'organisation par les dirigeants du Polisario de réunions d'endoctrinement dans les camps, incitant à la violence et à la haine, et appelant à la perpétration d'actes terroristes à l'intérieur du Royaume du Maroc. L'esclavage est une autre pratique inhumaine dans les camps de Tindouf, d'abord portée à l'attention de la communauté internationale par deux journalistes australiens, qui ont visité les camps, et ont été choqués par le fait que 7.000 Sahraouis de couleur péjorativement appelés «haratines» ont été privés de leur droit à l'aide humanitaire, uniquement en raison de leur couleur de peau. Dès que cette sordide réalité a été révélée, les milices du Polisario ont arrêté ces deux journalistes, avant de les libérer sous la pression d'organisations internationales, notamment « Reporters sans frontières » (RSF), qui à cette occasion a dénoncé la persistance des pratiques d'esclavage par le Polisario. Ces pratiques abjectes d'esclavage par les dirigeants du Polisario ont également été exposées par « Human Rights Watch » dans ses rapports de 2008 et 2013, où cette ONG a documenté les témoignages de personnes de couleur, ayant confirmé la souffrance du peuple noir, y compris ceux qui sont honteusement soumis par des notables qui les forcent au travail ménager et à l'élevage. Face à ces actes odieux perpétrés par les dirigeants du Polisario, dont la quasi majorité a des esclaves pour effectuer le travail domestique et le pâturage de son bétail, les jeunes des camps de Tindouf ont rejoint une plate-forme civile informelle appelée «Association Liberté et Progrès pour la Lutte contre l'Esclavage » qui a pu identifier 7130 « esclaves non libérés » dans les camps, y compris des femmes, violées, mariées contre leur volonté et envoyées dans le désert pour s'occuper des troupeaux de leurs « maîtres ». Cette ONG a précisé à cet égard, que 09 femmes de couleur sont mortes pendant leur accouchement sans assistance médicale au milieu du désert, et 03 autres « esclaves » sont mortes de soif. Le non-respect des droits fondamentaux des Sahraouis dans les camps de Tindouf les expose à d'autres violations. Non seulement cela a de graves conséquences pour ces civils sahraouis, mais cela mine aussi nos efforts pour mettre fin à l'impunité dans ces camps. Faire de la situation des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf l'une de vos principales préoccupations enverrait un signal fort et donnerait un élan aux efforts des familles des victimes et des organisations des droits de l'Homme dans leur lutte contre l'impunité dans les camps. En espérant que notre lettre retiendra votre attention, veuillez accepter notre gratitude et notre appréciation sincères pour l'énorme travail que vous accomplissez chaque jour en tant que représentant de la conscience collective des droits de l'Homme dans le monde. »