Le cinéma inspire bien les malfaiteurs. Dans une version marocaine du thriller américain « I care a lot », une bande criminelle a trouvé inspiration dans le modus operandi de l'anti-héroïne. Cette dernière cible en effet les vieilles personnes seules et les isole pour les dépouiller de tous leurs biens... tout en contournant la loi. Cette bande criminelle de Béni Mellal a opté pour la violence pour arriver à ses fins. D'après les premières données constatées par la police judiciaire, la bande composée de quatre prévenus, âgés de 28 à 32 ans, faisait des personnes âgées et seules sa cible de prédilection. Détectées et surveillées de près, les victimes sont ensuite kidnappées par les malfrats pour être séquestrées. En captivité, les vieilles victimes sont menacées et agressées physiquement et psychiquement avant qu'elles ne soient délestées de leurs biens et leur argent. D'après les données recueilles par les enquêteurs, les membres de la bande se déplaçaient ensuite jusqu'aux domiciles des victimes pour les voler tranquillement avec la certitude qu'ils ne seront nullement dérangés. La police judiciaire a d'ailleurs opéré des perquisitions aux domiciles des malfaiteurs. De l'argent, des bijoux et autres objets précieux dont la propriété revient à certaines victimes ont été découvert. Une voiture avec une fausse plaque d'immatriculation, utilisée dans le kidnapping et le vol, a été également saisie tandis que les membres de cette bande criminelle restent en garde à vue en attendant d'être présentés devant le parquet. Vieillissement en progression Une nouvelle affaire qui rappelle la situation précaire des personnes âgées dans notre pays. En nette progression au Maroc, le vieillissement gagne du terrain en effet. En 1950, les personnes âgées représentaient 8% de la population mondiale, en 2009 : 11% et en 2050, elles en représenteront 22% selon les projections du HCP. Par ailleurs, on observe un accroissement 3 fois plus rapide du nombre des personnes âgées que celui de la population mondiale, et ce, en raison de l'augmentation de l'espérance de vie et de la baisse des taux de natalité. Le Maroc n'échappe pas à cette tendance. L'accroissement de la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus s'effectue de manière constante et continue. « Ce vieillissement de la population impacte inéluctablement la croissance économique, l'épargne, l'investissement, la consommation, le marché de l'emploi, les pensions, les systèmes de santé, la taxation, les styles de vie, les transferts intergénérationnels ... autant d'impacts que les politiques publiques doivent intégrer dans leurs actions.» constate-t-on dans un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE), en 2015. Une tendance qui s'affirmera avec la baisse prévisible de la fécondité et l'allongement future de la durée de vie, comme l'explique une note du Haut Commissariat au plan. D'ailleurs d'après les projections réalisées par ce dernier, le vieillissement sera la principale et peut être la plus inquiétante caractéristique des modifications démographiques du 21ème siècle. Selon ces prévisions, la proportion des personnes âgées de 60 ans et plus est de 11,5% en 2020 et de 15,4% en 2030 alors que la proportion des moins de 15 ans passerait de 31% en 2004 à 24,1% en 2020 pour chuter à près de 20,9% à l'horizon 2030. Grande vulnérabilité Incapacité financière, physique et sociale, tant de causes qui rendent les personnes âgées, particulièrement vulnérables. Plusieurs métiers pratiqués par les personnes âgées de cette époque n'offrent pas de retraite, laissant ainsi ces gens crouler dans la précarité avec toute incapacité physique. En 2011, seules 18,4% des personnes âgées bénéficient d'une pension de retraite, dont 28,6% en milieu urbain et 3,9% en milieu rural, (33% des hommes et uniquement 4,5% des femmes). Troisième âge ou quatrième âge, point d'égalité hommes femmes. Selon le HCP, les femmes âgées sont plus exposées à la précarité économique, aux difficultés d'accès aux services sociaux et à l'absence de protection sociale et médicale. Toujours d'après le rapport du CESE, nos séniors souffrent de l'absence d'infrastructures et de lieux de vie adaptés pour favoriser leur mobilité et leur permettre une vie sociale épanouie. L'on enregistre également une pénurie marquée au niveau du système de transport et de transit inapproprié à leur âge et à leur état de santé. « Les centres dédiés à l'accueil des personnes âgées sont rares dans le royaume. La famille reste donc le seul refuge de ces hommes et femmes, qui peuvent parfois être victimes de la marginalisation et de la maltraitance de la part de leurs proches », mettent en garde les enquêteurs du CESE. Ces derniers estiment d'ailleurs que le partenariat entre l'Etat et la société civile en matière de prestation de soins et de services délivrés aux personnes âgées, n'est plus suffisant et ne répond plus aux attentes. « Les subventions publiques sont insuffisantes, côté associations la qualité de l'encadrement et de la gestion sont insuffisante », soulève le même rapport avant de pointer du doigt « l'inadaptation » des politiques publiques. . « Des politiques et des plans d'action ont été mis en place en visant à valoriser et à promouvoir la participation, l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées... Cependant, ces politiques demeurent partielles, dispersées, sectorielles, dépourvues de la dimension intégrée et ne répondent pas à une véritable stratégie nationale dans ce domaine », conclut le CESE.