Devant le Congrès, Hillary Clinton planche. La future secrétaire d'Etat est pleine d'elle-même. Jubilation du pouvoir. Elle promet le retour de l'Amérique dans les affaires du monde. Renouer le dialogue avec l'Iran sera l'une de nos priorités promet-elle sans susciter de protestation des élus. Au même moment à Téhéran, des centaines de manifestants brûlent le portrait de Barack Obama Incendier la bannière étoilée à l'issue des manifestations pour la Palestine est rituel. Mais c'est une première mondiale de s'en prendre au nouveau président américain. C'est en Iran que l'obamania planétaire aura commencé à refluer. Ces deux mises en scène simultanées prouvent que le dialogue attendu ne sera pas si facile à renouer. Et qu'il sera l'un des enjeux de la campagne pour la présidentielle de juin qui vient de s'ouvrir en Iran. Mais la vraie nouveauté, c'est qu'un président américain donne la priorité au Moyen-Orient au début de son premier mandat. Bill Clinton et George W. Bush s'en étaient bien gardés. A peine installés à la Maison Blanche, ils se souciaient de leur réélection. C'est seulement à la fin de leur second mandat qu'ils ont abordé le dossier qui déchaîne les passions. A chaque fois, trop tard. Bill Clinton manquant de temps pour imposer un accord à Taba. Et personne ne prenant vraiment au sérieux George Bush à Ramallah en janvier 2008, promettant aux Palestiniens un Etat «d'ici la fin de l'année», un Etat «qui ne soit pas un gruyère !». En face de cet activisme à contre temps, le silence de Barack Obama depuis le début de l'offensive contre Gaza serait somme toute encourageant. Cela ressemble à de la prudence. Les professionnels aguerris dont le nouvel élu s'est entourés savent qu'il faut éviter de gâcher ses cartouches avant une bataille incertaine. Et que prendre le problème israélo-palestinien à bras-le-corps impose de trouver un accord avec l'Iran sans qui rien ne se fera dans la région. Le discours d'Hillary Clinton comme le silence d'Obama laissent donc espérer le retour au pragmatisme dans la diplomatie américaine. Washington va cesser de ferrailler avec le reste du monde au nom de l'idéologie. Les Russes, les Chinois, les Européens devraient en tirer profit. Pour les habitants de Gaza, c'est une urgence.