LE PRESIDENT FRANÇAIS, FRANÇOIS HOLLANDE, ne décolère pas contre les alliés américains qui écoutent aux portes de leurs amis et regardent par le trou de serrure des autres. Pour dire à Washington son fait, il demande à ce que les négociations entre les USA et l'UE sur le libre échange soient ajournées jusqu'à ce que l'on voie plus clair dans cette histoire. C'est l'exception française puisque l'Allemande Angela Merkel n'est pas de cet avis. Reprenons l'affaire. De « nouvelles » révélations émanant de l'exconsultant de l'agence américaine de renseignement NSA, Edward Snowden, ont scandalisé les responsables européens. Les écoutes des amis américains n'ont épargné aucune chancellerie européenne à Washington. Même les murs du siège de l'Union européenne à Bruxelles ont des oreilles yankees. L'INDIGNATION EST SUR TOUTES les bouches qui condamnent les yeux écarquillés de stupeur. Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, pour bien souligner la loyauté de Paris envers Washington a tenu à préciser que son pays n'écoute pas l'ambassade américaine. Quand on examine de plus près sa déclaration, on lui trouve des airs d'un lapsus. Il pensait sûrement que les services français écoutent tous les autres sauf les Américains. Peut-être parce que les murs de la chancellerie américaine à Paris sont mieux protégés ou que l'intelligence française n'a pas les moyens technologiques de les percer. DU HAUT DE SA PUISSANCE, la diplomatie américaine s'en amuse. Parce que c'est une évidence dans les relations internationales. Tout le monde espionne tout le monde. C'est précisément ce que flegmatiquement Obama puis son secrétaire d'Etat, John Kerry, ont rappelé. Le Nouvel Obs, hebdomadaire français, vient de reproduire un entretien réalisé en 1998, à la suite d'une affaire similaire, avec Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du chaste Jimmy Carter. Il ne disait rien que puisse désapprouver l'actuelle administration américaine : « l'Amérique a des responsabilités et des intérêts globaux, mondiaux. Toute nouvelle tendance, tout mouvement imprévu sur la planète peuvent avoir un impact sur son bienêtre et sa sécurité. Elle doit donc avoir la capacité d'être renseignée partout, non seulement sur ses ennemis mais aussi sur ses amis ». LA NATIONAL SECURITY AGENCY qui entend le bruissement du monde et décrypte ses murmures pour leur donner un sens existe depuis 1952 et ses ancêtres remontent à la première guerre mondiale. Si son travail est secret, sa mission est de notoriété publique. La France qui se dit outrée s'est bien trouvée mêlée à la vente de systèmes de surveillance des internautes à Kadhafi. Les Britanniques ne sont pas en reste et semblent même dépasser le grand cousin américain. Mais tout ce beau monde a manifesté moins de scrupules face à la première révélation de Snowden qui pourtant crève les tympans. Il faut croire qu'il ne s'agissait alors que de la profanation de la vie privée de millions de petites gens, Américains et étrangers.