Un nouveau WikiLeak ? L'affaire Snowden (du nom d'Edward Snowden, un Américain qui travaillait en tant que consultant au sein d'une agence de sécurité électronique américaine, avant de la quitter en balançant au passage toutes ses pratiques peu orthodoxes), qui a meublé toute l'actualité du mois de juin écoulé, à côté de la longue agonie de Nelson Mandela, comporte quasiment les mêmes ingrédients que l'officine de Julian Assange. Sauf que cette fois-ci il s'agit de la divulgation au grand jour, par une source connue et directement concernée, de secrets de «systèmes d'écoutes» initiés à grande échelle par les autorités américaines. Mise en œuvre depuis 2007 par George Bush Jr, initiateur entres autres du très liberticide Patriot Act, l'agence de surveillance électronique américaine (NSA) espionnait les communications électroniques du monde entier par le biais d'un programme surnommé PRISM. On apprend aujourd'hui qu'à travers Apple, Google, Facebook, Microsoft, Yahoo, Paltak, AOL, YouTube et Skype... , les renseignements américains ont eu accès aux courriels, photos, sons, documents, mots de passe... de millions d'utilisateurs. Samedi dernier, l'affaire s'est encore un peu corsée quand le magazine allemand Der Spiegel a divulgué un document de Snowden, selon lequel même la représentation diplomatique de l'Union européenne à Washington était une cible de choix du programme PRISM. Les prémisses d'une prise de bec entre les «28» (la Croatie a rejoint l'UE ce 1er juillet) et les Américains ont déjà bourgeonné. Mis sur la sellette, Google, Apple, Yahoo et Facebook ont tous démenti, jeudi dernier, que le gouvernement disposerait d'un «accès direct» à leurs serveurs centraux, Yahoo a reconnu, deux jours plus tôt, avoir reçu entre 12.000 et 13.000 demandes de données de la part des agences de renseignement américaines entre le 1er décembre 2012 et le 31 mai 2013. «Ces demandes portaient généralement sur des enquêtes judiciaires pour fraude, homicide et enlèvement», s'est disculpé le géant d'internet. Morale de l'histoire, on n'a fait aujourd'hui que sophistiquer un système qui existait déjà depuis longtemps, comme en témoigne la célèbre affaire en la matière : le Watergate. En effet, durant la longue ère où le téléphone fixe n'avait aucun rival, étant le quasi seul moyen de communication à distance, on disait déjà, et à juste titre, que le «téléphone était le moyen de communication le plus indiscret du monde». Autrement dit, il ne faut lui confier que des bobards, les choses les plus intimes devant rester du domaine du bouche à oreille. Mais en prenant aussi en compte que même les murs ont parfois des oreilles, et que le son y passe comme une lettre (consultée) à la Poste. En attendant de futurs développements croustillants de cette affaire qui ne fait que commencer, Edward Snowden est devenu aujourd'hui l'homme le plus recherché par la justice américaine. Après le refus de Hong Kong de l'extrader, la Russie le confine depuis quelques jours dans la zone neutre de l'aéroport international de Moscou. Histoire de lui soutirer quelques confidences, en contrepartie de sa non-extradition et sa conduite sous bonne escorte vers l'Equateur où il a demandé l'asile politique.