Huit mois dans les salles avec plus de 300.000 entrées déjà, le premier opus de Brahim Chkiri bat tous les records du cinéma marocain. Son secret ? Il y en a plusieurs. Analyse. Par : Hayat Kamal Idrissi En tournant « Road to Kabul», Brahim Chkiri ne soupçonnait nullement le fabuleux destin de son premier long métrage. Pourtant, l'heureux réalisateur de ce film a réuni tous les ingrédients d'un blockbuster aux couleurs locales. Drôle, infiniment divertissante avec une bonne dose d'action, cette comédie grand public propose un univers cocasse habité par des personnages aussi farfelus que profonds. C'est l'histoire de quatre jeunes chômeurs Ali (Youness Bouab), Hmida (Rafik Boubker), Mbarek (Amine Naji) et Masoud (Rabii Kati) qui mènent une misérable existence en attendant leur salut : quitter le Maroc pour une vie meilleure sous d'autres cieux plus cléments ; en l'occurrence la Hollande. Leur passeport pour le paradis se nomme en effet Nabil Ouchen (Aziz Dadès), arnaqueur de première et vaillant directeur d'une entreprise spécialisée en immigration clandestine (Hrigue.com). Grand manipulateur, il convainc ces quatre interlocuteurs, des voyous sympathiques, qu'ils pourront atteindre le pays de leur rêve par voie terrestre en effectuant une bien longue traversée. Au bout de ce grand voyage, il leur promet argent, belles filles et surtout stupéfiants à volonté. Seul bémol : Le prix fixé pour effectuer cette fabuleuse balade dépasse de loin les moyens médiocres des protagonistes. Aux abois, ces derniers se lancent alors dans une quête acharnée pour réunir la somme d'argent demandée. Des efforts qui ne réussiront qu'à assurer le voyage pour seulement l'un d'eux : Hmida, fils de Fttouma la voyante arnaqueuse du quartier. Mais le temps passe sans que Hmida ne donne signe de vie tandis que ses amis attendent impatiemment qu'il se manifeste et leur renvoie l'ascenseur et donc leur envoie enfin l'argent pour qu'ils puissent le rejoindre. Jusqu'au jour, où en regardant les infos traitant de la guerre en Afghanistan, ils voient Hmida en costume local implorant leur aide pour le tirer d'affaire. S'organise alors une expédition de secours réunissant ses trois amis, sa mère et Ouchen qui partent à l'assaut d'un Kabul déchiré par la guerre. C'est le début d'une belle aventure pleine de surprises et de péripéties aussi rocambolesques que surprenantes. Franchement satirique, «Raod to kabul» est une comédie sans prises de tête. Fluide, avec un rythme soutenu, le film nous entraîne agréablement dans la fabuleuse aventure de ces anti-héros sympathiques. Impossible d'ailleurs de résister à ces personnages profondément attachants. Brahim Chkiri, avec une intelligence artistique certaine, arrive à dédramatiser l'intrigue. Tout est sujet à dérision. Les situations difficiles, les personnages pleins de contrastes, les événements… rien n'échappe au regard satirique du réalisateur. Ce dernier n'hésite pas à caricaturiser pour «attendrir». D'Ouchen, l'expert arnaqueur en immigration clandestine, aux quatre anti-héros déboussolés, en passant par les soldats américains, décalés, chacun met son grain de sel pour le plus grand plaisir du spectateur. Le talentueux Brahim Chkiri a signé là une drôle de satire, un road story franchement comique. C'est une belle surprise cinématographique qui n'a pas manqué de séduire critiques et public. Plus de 300.000 entrées déjà , après huit mois en salle… c'est la phénoménale prouesse de ce film tourné en 26 jours seulement avec très peu de moyens. Comme quoi le talent peut bien payer !