Les quatre années de crise que le marché boursier marocain a vécues entre septembre 1998 et juin 2002 ont été riches en enseignements pour l'ensemble des intervenants de la Place. Un des éléments-clés ayant concouru à la précipitation de la baisse de l'indice de référence de l'époque fut incontestablement la surabondance des liquidités face à une étroitesse patente de l'offre notamment celle de nouveaux papiers. La reprise entamée à partir de juillet 2002, et qui a perduré jusqu'à la mimars 2008, a largement profité d'un retour du climat de confiance née de la persistance de la liquidité sur le marché ainsi que de la cotation d'une trentaine de titres dont une part importante était de qualité. Le mouvement haussier, qui s'est au départ nourri de la profondeur apportée par l'introduction en Bourse de Maroc Telecom, s'est accéléré par l'arrivée des valeurs immobilières. Les niveaux de valorisation élevés de ces dernières n'ont pas inquiété au départ car elles étaient considérées comme des valeurs de croissance dont le potentiel devrait se manifester à moyen terme. Les perspectives de croissance bénéficiaire globale des sociétés cotées ont également soutenu l'orientation favorable du marché (+22% en 2004, +26% en 2005, +17% en 2006 et +31% en 2007), bien que pour certaines valeurs, le trend emprunté de leur cours semble avoir été en déconnexion avec leurs fondamentaux. Si le marché s'est bien comporté en début d'année affichant un pic de performance à +17,6% le 13 mars 2008, il est rapidement entré dans une phase de consolidation à la baisse qui a duré pratiquement six mois. La publication de bonnes réalisations en 2007 par les sociétés cotées semble avoir été insuffisante pour maintenir le trend haussier observé depuis la mi-2002. De même, le rythme des introductions en bourse, sensées dynamiser la Place et niveler par le bas ses niveaux de valorisation, a baissé puisque sur les neuf premiers mois de l'année, seules cinq valeurs ont accédé à la cote. La période de stagnation de la Place s'est accompagnée à sa fin par une insuffisance de profondeur reflétée par des volumes de plus en plus faibles, un manque de visibilité de la part des opérateurs du marché et un vraisemblable début de désengagement des investisseurs étrangers. Ce sont précisément les signes précurseurs d'un essoufflement du marché, exacerbés par les prémices d'un ralentissement annoncé pour le secteur du bâtiment. Dans ces conditions, les investisseurs ont fini par céder à l'incertitude en se positionnant à la vente sur pratiquement toutes les valeurs, occasionnant un trend baissier de forte amplitude (-13,2% sur les neuf dernières séances) et basculant les performances annuelles des indicateurs de référence au rouge pour la première fois depuis fin 2002. Le mouvement de baisse actuel semble lié donc aux anticipations négatives des investisseurs quant à l'éventuel impact global que pourrait générer une crise du secteur immobilier sur le reste de l'économie. Elle ne pourrait en aucun cas être une conséquence directe de la faillite de certaines banques internationales en relation avec la crise du Subprime ; le système financier marocain (banques, assurances et Bourse) n'étant pas exposé à ce genre de risque. Si le spectre d'un marasme du secteur immobilier est bien réel, ses répercussions ne devraient pas être aussi importantes qu'imaginées. En cas de retournement du marché, les prix de vente devraient être revus à la baisse sans pour autant impacter les Business Plan initialement établis (construits sur des bases conservatrices) par les sociétés immobilières cotées, du moins pour les deux années à venir. Sur le plan macro-économique, il faut rappeler que la dynamique du secteur BTP provient également des efforts de l'Etat en matière d'infrastructures (autoroutes, aéroports, ports, etc.). Les travaux publics pourraient compenser tout éventuel ralentissement de l'immobilier. Enfin, et au volet fondamental, la Bourse traite en date du 16 septembre 2008 à 18,7x et à 16,2x ses bénéfices prévisionnels en 2008 et en 2009, niveaux de valorisation corrects pour une Place émergente en phase de croissance. Nous préconisons, en conséquence, de ne pas céder à la panique et de procéder plutôt à des arbitrages en privilégiant une véritable stratégie de stock picking aussi bien à la vente qu'à l'achat.[...]