L'augmentation des prix d'huile de table a été un choc pour les consommateurs marocains. Sur la toile, des voix s'élèvent contre cette hausse et appellent au boycott des marques concernées. Lesieur-Cristal s'explique et les producteurs d'huile de table au Maroc tentent de rassurer un consommateur qui ne s'attendait pas à un tel coup lors en période. Les consommateurs sont mécontents. La récente hausse des prix d'huile de table, produit de première nécessité est inattendue, surtout en cette période de crise sanitaire et à quelques semaines du mois de ramadan. «La fédération marocaine des droits du consommateur réfute toute augmentation des prix principalement dans la conjoncture actuelle », s'insurge Bouazza Kherrati, président de la FMDC avant d'expliquer : « cette hausse est un autre coup dur pour le pouvoir d'achat des ménages qui peinent à s'en sortir après une année marquée par la crise sanitaire». Selon lui, avant d'opter pour une augmentation des prix, le consommateur devrait être informé et les marques devraient justifier une telle décision. Les producteurs se justifient Face à l'indignation des consommateurs, et les appels de boycott sur la toile, Lesieur-Cristal a décidé de réagir. Le groupe note qu'il comprend le mécontentement suscité par la hausse des prix du marché des huiles de table au Maroc ces quatre derniers mois. Et explique que cette augmentation, qui touche tous les opérateurs, est liée à la flambée des prix des matières premières agricoles à l'international et plus particulièrement celles utilisées pour la fabrication des huiles de table. «En mai 2020, le cours du soja a augmenté de 80% et celui du tournesol de 90%. Ayant le devoir d'assurer l'approvisionnement du Royaume en ces temps de crise sanitaire mondiale, Lesieur-Cristal a réussi à constituer des stocks de matières premières pour éviter tout risque de pénurie. Ces stocks lui ont permis de retarder le plus possible la répercussion de la hausse des cours mondiaux auprès des consommateurs marocains », souligne le groupe qui assure qu'il a été́contraint de répercuter une partie de la hausse sur ses prix, à l'instar de tous les opérateurs du marché. Dans un communiqué, les producteurs marocains d'huile de table réagissent à leur tour. Ils précisent que le Maroc importe la quasi-totalité de son besoin dédié à la consommation intérieur sous forme d'huiles brutes ou de graine à triturer, ce qui expose fortement le secteur à l'évolution des cours mondiaux. La flambée est donc due, selon les producteurs, à de mauvaises conditions climatiques ayant impacté la récolte mondiale de l'ensemble des oléagineux. « La hausse de la demande des pays importateurs visant à constituer des stocks de sécurité a donc accru la tension sur les marchés. L'augmentation des prix a été appliquée de manière progressive et modérée ne répercutant que partiellement la hausse réelle de la matière première », ajoutent-ils. D'après les données de la FAO, l'indice des prix des huiles végétales a connu une progression de 5,8% durant le mois de janvier pour s'établir à en moyenne à 138,8 points. « Il s'agit de son plus haut niveau depuis mai 2012 », note la FAO qui explique cette hausse entre autres par la production d'huile de palme plus faible que prévu en Indonésie et en Malaisie, en raison de pluies excessives et d'une pénurie persistante de travailleurs migrants, ainsi que par des grèves prolongées en Argentine qui ont réduit les disponibilités exportables d'huile de soja. A noter aussi la hausse pour le huitième mois de suite des prix internationaux de l'huile de soja, suite à la réduction des disponibilités à l'exportation et de grèves qui perdurent en Argentine. Ainsi que celle des prix de l'huile de tournesol qui « ont continué à monter, car un important recul des récoltes de tournesol en 2020-2021 a contribué à un resserrement de l'offre mondiale », a déclaré la FAO. Le gouvernement doit réagir En Côte d'ivoire, quelques jours seulement après l'augmentation des prix de l'huile de table, le gouvernement a décidé de faire marche arrière et suspendre la hausse des prix intervenue en janvier. Le président de l'association de protection du consommateur (Uniconso), Ouadih Madih appelle à faire de même au Maroc surtout que l'huile est un aliment de première nécessité pour tous les marocains quelque soit leur niveau social. Il appelle non seulement le gouvernement à procéder à des contrôles de fluctuations des prix notamment celle des produits de base, mais aussi à prendre des mesures momentanées pour protéger le consommateur contre cette hausse, pendant une durée de six mois, prorogeable une seule fois par l'administration, comme le prévoit la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, dans son article 04 qui permet de recourir à "des mesures temporaires contre des hausses ou des baisses excessives de prix, motivées par des circonstances exceptionnelles, une calamité publique ou une situation manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé après consultation du conseil de la concurrence". Madih précise que le conseil de la concurrence peut ouvrir une enquête pour déterminer s'il y a une entente entre les entreprises. Surtout que, "suite a une enquête terrain diligentée par notre fédération sur 16 villes du Maroc, nous avons constaté que une grande partie des marques d'huile de table ont augmenté leur prix" , affirme t-il avant de conclure "nous demandons donc aux pouvoirs publics de venir au secours des consommateurs et surtout les plus démunis pendant cette période difficile que connaît le Maroc en général et le consommateur en particulier".