Mr. El Habib Choubani, ministre des Relations avec le parlement et la société civile, agit comme tous les membres du PJD, ou presque. Il pose des problèmes sérieux mais de manière polémique. Ainsi, il veut imposer des règles de bonne gouvernance aux ONG qui perçoivent des aides publiques et plus largement à toutes les associations. Il pointe du doigt celles qui ont eu le soutien de la société civile étrangère. Le principe est important, mais attention à l'instrumentalisation ! La société civile est en plein essor. La nouvelle constitution lui offre une place de choix en préconisant sa participation à l'élaboration législative. Appeler à la bonne gouvernance c'est une manière d'aider au renforcement du tissu associatif. C'est indiscutable. Cependant, des contre-vérités risquent de décrédibiliser le discours. Ainsi, les ONG qui bénéficient de soutiens financiers conséquents sont, a priori, les mieux organisées. Il faut savoir que les donateurs exigent des budgets ficelés, avant toute subvention, et qu'ils auditent les projets qu'ils ont financés. Par contre, les associations qui se disent caritatives, souvent islamistes, ne s'embarrassent pas de ce genre de contraintes et affichent rarement une compatibilité transparente. Pire, certaines associations aux objectifs peu clairs, et même totalement subversifs, font appel aux dons des «Mouhsinines» (les bienfaiteurs) et reçoivent des subventions étrangères, sans aucun contrôle, ni sur la provenance ni sur l'utilisation des fonds. L'instrumentalisation de cette question ne doit pas empêcher une vraie réflexion : celle de la professionnalisation du tissu associatif. Le ministre du Travail prévoit d'ailleurs des formations pour des carrières de cadres associatifs, dont une partie pourrait être mise à la disposition des ONG par l'Etat lui-même. Les ONG d'envergure doivent avoir une structure administrative qui leur permette de tenir une compatibilité, mais aussi de garantir une bonne communication et d'assurer des liens de confiance avec les donateurs. Cette approche est essentielle pour le développement de la société civile et de son implication dans le processus de modernisation de toute la société. Il y a sûrement quelques abus dans l'associatif, comme il en existe un peu partout, mais c'est encore l'engagement collectif qui fonde l'action de centaines de milliers de Marocains qui ont choisi de militer pour un devenir collectif. Par respect pour cet engagement, il faut poser la question de la gouvernance en dehors de toute tentative de récupération politique, dans le cadre du relèvement du rendement de toutes nos institutions. A la polémique préférons la réflexion porteuse de réformes et d'avancées.