Joe Biden a été élu par les Américains dans un contexte très particulier. Son challenger avait fait son mandat contre l'establishment, les institutions. Trump est allé au paroxysme, contester la sincérité de l'élection, alors que les USA se voient comme le porte-drapeau des valeurs démocratiques. L'attaque contre le capitole est une vraie blessure narcissique pour la démocratie américaine. Mais Joe Biden ne peut rester prisonnier d'un règlement de comptes. Son premier devoir, c'est de réconcilier son peuple. Il sait que si Trump a été élu en 2016, s'il a reçu les suffrages de 74 millions d'électeurs en 2020, c'est que la mondialisation a fait des victimes, que celles-ci ont considéré que « les élites mondialistes » sont la cause de leur chagrin, on sait que ce n'est pas vrai. Parce que ce phénomène est observé dans toutes les démocraties, l'Amérique, par les solutions qu'elle proposera, jouera un rôle de leadership, que peu contestent. Donald Trump a totalement perturbé les relations internationales. Il s'est retiré des accords multilatéraux, a imposé une dose de violence dans les rapports avec les pays adverses. Mais son administration a réussi sur certains dossiers, où il a pu engranger quelques succès, comme sur le conflit israélo-palestinien. Contre toute attente, une démarche constructive est en marche, avec notamment la normalisation ou la reprise des relations entre l'Etat hébreu et quatre pays arabes. Joe Biden va s'exprimer aujourd'hui sur la politique étrangère, qu'il compte mettre en œuvre. C'est un moment important, parce que les USA sont attendus sur plusieurs sujets où leur rôle peut être essentiel. Mais le besoin d'un véritable leadership américain est beaucoup plus large. Le monde est obnubilé par la pandémie. Joe Biden doit à la fois gérer la crise en interne, mais aussi se projeter à l'international. Fournir les vaccins en Europe, peut se faire selon des règles commerciales, mais sans vacciner dans les pays pauvres, la pandémie va perdurer. Une Amérique forte, on en a besoin, pour limiter l'expansionnisme chinois, sur le plan économique, tout en respectant les règles du commerce international. Pour ce faire, les USA ne peuvent jouer un face-à-face. Ce combat ne peut être gagné que si les USA arrivent à fédérer une large alliance. Cela pose une question : C'est quoi un allié ? Il faut faire une distinction entre une alliance historique et une alliance occasionnelle. Joe Biden doit retisser ce lien pour que l'Amérique retrouve son leadership.