Depuis l'investiture du nouveau Président des USA, des voix s'élèvent esquissant la possibilité que l'administration de Joe Biden annule l'ordre présidentiel de Trump, reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara. Parmi ces voix, il y a des Marocains anxieux qu'un tel revirement puisse avoir lieu, mais il y a aussi une infime minorité qui le souhaite. Ceux-là ne nous intéressent pas.
La nouvelle administration veut revenir au multilatéralisme, c'est le sens des premières décisions. Les alliés doivent être installés aux premières loges. Or, le Maroc est un allié historique des USA. Toutes les administrations républicaines et démocrates ont toujours respecté ce statut. Le Royaume est aux yeux de la diplomatie américaine un pays qui compte, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et sur le continent africain. Sa stabilité est pour cette diplomatie un enjeu primordial. Le Roi du Maroc est aussi très apprécié pour son action en faveur de la paix, dans le respect des valeurs partagées avec les USA. La nouvelle administration ne peut faire fi de toute cette accumulation historique. Elle n'accède pas aux responsabilités dans une terra-nullius. Joe Biden, Vice-président pendant huit ans, est un fin connaisseur des questions stratégiques et du rôle des alliés comme le Maroc. Il a annoncé qu'il veut contenir l'expansionnisme chinois, or la Chine avance ses pions de manière très importante en Afrique et le « containement » nécessitera à coup sûr la mobilisation d'alliances élargies. En outre, il y a l'aspect maroco-israélien. Et si Joe Biden veut relancer le processus de paix, pour la solution à deux Etats, le Maroc est un élément essentiel du puzzle, parce que le Roi Mohammed VI assure la présidence du comité Al Qods, mais aussi parce que le Maroc a joué un grand rôle dans la préparation des accords d'Oslo. Ceux qui agitent des déclarations de responsables de l'aile gauche du parti démocrate ont une vue réductrice des institutions américaines. Celles-ci ont démontré qu'elles étaient solides ces dernières semaines, après les attaques du Capitol. Si elles sont solides c'est que cette grande démocratie permet toutes les expressions. Dans ce contexte, qu'il y ait des voix dissonantes parce qu'empêtrées dans des choix idéologiques est tout à fait naturel. Mais Joe Biden n'est pas soumis, en tous les cas pas sur les questions de politique étrangères, à ces voix. Le nouveau Président américain est un pur produit du centre-gauche démocrate. Pour toutes ces raisons, il est acquis que la diplomatie américaine ne reviendra pas en arrière.