Le mouvement Hors-la-loi, né dans le sillage du procès de la journaliste Hajar Raissouni, annonce l'organisation d'un sit-in de soutien virtuel à celle que la toile a surnommé « Moulat Al Khimar ». L'affaire avait rapidement fait le tour de la toile marocaine. Le 14 janvier dernier, le tribunal de première instance de Tétouan, dans le nord du Maroc, a condamné une jeune femme prénommée Hanaa à un mois de prison ferme pour « attentat à la pudeur » et « rapports sexuels hors mariage ». Le collectif Hors-la-loi, fondé après l'arrestation de la journaliste Hajar Raissouni pour « avortement », apporte son soutien à celle que le web a rapidement surnommé « Moulat Al Khimar » (ndlr, celle qui porte un voile intégral). Si la jeune femme apparue dans une vidéo à caractère sexuel devenue virale a écopé de la prison ferme, la personne qui l'a filmée à son insu ne fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire. « Hanaa est maman de deux enfants et vit dans une situation de précarité extrême. Elle a été victime d'exploitation sexuelle à des fins pornographiques par l'auteur de la vidéo qui a décidé, plusieurs années plus tard, de diffuser cette vidéo sans son consentement », rappelle le collectif dans un communiqué diffusé ce mardi. Aujourd'hui, selon les Hors-la-loi, « c'est la victime qui se retrouve en prison tandis que l'auteur de ces infractions est en liberté. La loi marocaine est supposée protéger les victimes comme Hanaa, et non pas les punir », regrette le mouvement, citant l'article 448-1 du Code pénal qui punit l'exploitation sexuelle à des fins pornographiques de 5 à 10 ans d'emprisonnement ainsi que l'article 447-1, qui punit la diffusion de vidéos privées sans le consentement de la personne concernée de 6 mois à 3 ans d'emprisonnement. (Karima Nadir, membre du Collectif Hors-la-loi)
#STOP490 « Portés par la même flamme » qui les animent « depuis le début », les Hors-la-loi appellent ainsi les jeunes, les femmes, les hommes et les célébrités, entre autres, à prendre part au sit-in virtuel qu'ils organisent sous le hashtag #STOP490. « Chaque personne qui nous soutient (...) est invitée à poster sur ses pages, ce mercredi 3 février à partir de 9h du matin, le #STOP490 sur un fond rouge, symbole de sa participation au sit-in digital et à l'appel que nous lançons, tou.te.s ensemble, à l'abrogation pure et simple de l'article 490 du code pénal, afin d'en finir avec le sexisme systématique des institutions publiques et la mentalité patriarcale qui sévit dans notre pays », explique-t-on dans le communiqué. L'objectif est de soutenir Hanaa pendant le procès en d'appel. Ghita Ismaïli