L'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de dénoncer la distribution non équitable des premiers vaccins contre la Covid-19 au détriment des pays et des populations les plus vulnérables. Dans la mise à disposition et la distribution des vaccins contre la Covid-19, de nombreux pays développés ne respectent pas la règle de l'équité et de la solidarité, a souligné l'OMS, relevant que sur les 42 pays qui déploient actuellement des vaccins sûrs et efficaces contre le virus, 36 sont des pays à revenu élevé et six sont des pays à revenu intermédiaire. « Le problème est donc évident que les pays à revenu faible ou intermédiaire ne reçoivent pas encore le vaccin », a alerté le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'un point de presse tenu hier, vendredi 8 janvier, depuis Genève. Selon le directeur général de l'OMS, ce problème peut et doit être résolu « ensemble » grâce à l'Accélérateur ACT – le dispositif mis en place par l'OMS et ses partenaires pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la Covid-19 – et au COVAX – le pilier de ce même dispositif qui permet d'accélérer la mise au point et la production d'un vaccin efficace dont tous les pays pourront bénéficier. Plusieurs pays développés s'étaient pourtant engagés à travers ces deux mécanismes à assurer un accès équitable aux outils contre la Covid-19, notamment aux vaccins une fois homologués, mais « maintenant, nous voyons également des pays à revenu élevé et intermédiaire, qui font partie du COVAX, conclure des accords bilatéraux supplémentaires », a signalé Tedros. « Cela fait potentiellement grimper le prix pour tout le monde et signifie que les personnes à haut risque dans les pays les plus pauvres et les plus marginalisés ne reçoivent pas le vaccin », a-t-il prévenu. Par ailleurs, certaines entreprises et certains pays n'ont pas soumis à l'OMS des données d'importance vitale concernant la production et la disponibilité de vaccins ce qui bloque l'ensemble du système d'approvisionnement et de livraison, a ajouté le chef de l'agence onusienne. « Le nationalisme vaccinal nous fait tous mal et est autodestructeur », a rappelé Tedros. Le chef de l'OMS a affirmé qu'une vaccination menée de manière équitable permet de sauver des vies, de stabiliser les systèmes de santé et conduirait à une reprise économique véritablement mondiale qui stimule la création d'emplois. « Surtout, cela nous aiderait également à limiter les chances de mutation du virus », a-t-il dit. Il a souhaité que les fabricants de vaccins donnent la priorité à l'approvisionnement et au déploiement de ces derniers via le COVAX. « J'exhorte les pays qui ont contracté plus de vaccins qu'ils n'en auront besoin et qui contrôlent l'approvisionnement mondial, à en faire également don et à les remettre immédiatement au COVAX, qui est aujourd'hui prêt à être déployé rapidement », a également dit Dr. Tedros. « Et j'exhorte les pays et les fabricants à cesser de conclure des accords bilatéraux aux dépens du COVAX », a-t-il ajouté.