L'Arabie Saoudite produira, à partir de ce mois de juillet, 200 000 barils supplémentaires de pétrole par jour. Une hausse qui intervient après celle décrétée en mai. Premier producteur mondial avec 9,7 millions de barils par jour, le royaume met aussi en place un vaste programme destiné à augmenter sensiblement, à plus long terme, ses capacités de production. Pourquoi l'Arabie, qui détient le cinquième des réserves mondiales, souhaite-t-elle enrayer la flambée du pétrole ? Les raisons sont à la fois économiques et politiques. Sur le plan économique, les Saoudiens n'ont pas oublié les conséquences du choc pétrolier de 1973. Le prix du brut avait alors triplé. Mais les pays occidentaux se sont efforcés de réduire leur dépendance en réalisant des économies d'énergie et en exploitant de nouveaux gisements notamment ceux de la mer du nord. Les prix ont baissé et l'Arabie a vu sa part de marché fléchir. Le royaume n'a aucun intérêt à ce que ses clients développent sur une grande échelle des sources d'énergie alternatives, qu'il s'agisse du nucléaire ou des énergies renouvelables. A plus court terme, l'Arabie n'a pas non plus intérêt à ce que la hausse des prix du brut provoque une récession mondiale qui se traduirait par une baisse de la consommation, donc de la demande. L'autre préoccupation est politique : la hausse des cours du pétrole fait le jeu de l'Iran. Un pétrole rare et cher donne davantage de poids au chantage de Téhéran qui menace régulièrement de fermer le robinet en cas d'attaque américaine ou israélienne. Or l'Arabie Saoudite est engagée avec l'Iran dans une lutte d'influence régionale. Le royaume, en même temps qu'il annonçait une augmentation de sa production a aussi promis de prendre une série d'initiatives en faveur des pays les plus pauvres dont les économies sont en péril : un fonds de soutien d'un milliard de dollars, créé par l'OPEP, une allocation de 500 millions de dollars au Programme alimentaire mondiale. Parallèlement, des aides bilatérales sont accordées à certains pays afin de leur permettre de continuer à subventionner les prix des produits de base et des carburants, afin d'éloigner le spectre d'explosions sociales. Le Maroc a ainsi obtenu en mai une aide budgétaire de 800 millions de dollars. Politique d'image et d'influence, là encore mais aussi volonté d'éviter que la crise sociale n'encourage les extrémistes et n'alimente le terrorisme.