Rachid Khayatey, vice-président de la FNPI et PDG de KLK Khayatey Living Le vice-président de la FNPI et PDG de KLK Khayatey Living, Rachid Khayatey, fait le point sur la conjoncture difficile que traverse le secteur immobilier et des conditions de la relance tant attendue… lobservateur.info: Des amendements ont été introduits au projet de loi de finances 2021 pour le secteur immobilier. Est ce que cela permettra une relance effective de l'activité ? Rachid Khayatey : En effet, deux amendements ont été introduits. Le premier porte sur la prolongation de la durée de la réduction des droits d'enregistrement au profit des acquéreurs d'habitations jusqu'au 30 juin 2021 avec l'augmentation du montant de la base imposable à 4 millions de dirhams (MDH) au lieu de 2,5 MDH prévus initialement. L'autre amendement concerne l'extension du bénéfice de l'exonération au profit des Organismes de placement collectif immobilier (OPCI) pour concerner également les locations à usages d'habitation. Ces mesurettes sont très timides et insuffisantes pour relancer un secteur en souffrance. Certes cela permettra un écoulement d'une partie du stock et un gain en matière des droits d'enregistrement pour les acquéreurs, mais encore faut-il agir sur le pouvoir d'achat des Marocains qui est en nette dégradation aujourd'hui. Rien n'est prévu ou presque dans ce PLF dans ce sens. Ce qui complique la tâche. Comment se porte le secteur aujourd'hui ? Peut-on parler d'une reprise ? On ne peut pas parler de reprise actuellement. Qui dit reprise, dit hausse de la demande et augmentation des transactions immobilières. Or, ce n'est pas le cas. Nous travaillons aujourd'hui sur la base de ce que nous avions auparavant. Ceci dit, les promoteurs essaient d'achever les projets sur lesquels ils étaient déjà engagés et les clients concrétisent les transactions qu'ils avaient entamées avant covid. Il faut juger en fonction du nombre de réservations qui peine à décoller. Ce n'est plus un secret, le secteur est en mauvaise passe. Les grandes structures agonisent et les PME essaient de résister. Il faudrait réfléchir à un élément détonateur pour la demande. Qu'en est-il des prix ? Peut-on s'attendre à une baisse dans les jours qui viennent ? Depuis le début de la pandémie, les prix sont en net recul mais ils ne peuvent chuter davantage. Les projets se vendent aujourd'hui presque au prix de revient, sans bénéfice. Les promoteurs veulent juste écouler leurs biens pour faire face à leurs engagements vis-à-vis des fournisseurs. Que proposez-vous pour redresser la barre ? Pour redresser la barre, les pouvoirs publics doivent adopter une série de mesures qui permettront le renforcement du pouvoir d'achat des Marocains. Aussi, il faut mettre en place une série de dispositifs qui incitent à passer à l'acte d'achat. On ne demande rien pour nous promoteurs, on veut juste que l'Etat aide le citoyen pour franchir le pas. Cela pourra se faire à travers l'octroi des crédits immobiliers sans intérêts ou encore la proposition d'une aide frontale et donc directe pour les primo-acquéreurs. Les idées ne manquent pas, il faut juste oser.