Plus jeune joueur marocain à porter le maillot des Lions de l'Atlas en match officiel, Hachim Mastour cristallisait à lui seul les espoirs du public marocain, qui voyait en lui le nouveau leader technique dans la tanière. Mais depuis cette douce soirée de juin 2015, le milieu de terrain s'est perdu dans les méandres du football. La semaine dernière, le club grec du PAS Lamia a défrayé la chronique en annonçant que Mastour était absent depuis décembre dernier. Outré par la mauvaise foi de ses employeurs, Hachim a tenu à rétablir la vérité. «Le Matin» en a profité pour discuter dans cet entretien avec le joueur plein de tristesse et d'espoir et tombé en disgrâce, même si sa carrière est encore devant lui. Le Matin : Rentrons tout de suite dans le vif du sujet. Et si vous nous relatiez dans le détail cette affaire avec le PAS Lamia ? Hachim Mastour : Tout se passait très bien jusqu'au 18 décembre dernier. Je me présente à un entrainement avec des douleurs à la jambe. Je parle au staff et je leur dis que j'ai besoin d'examens pour voir ce qu'il se passe. Le physio arrive, il me fait un petit massage et me demande d'aller courir. Plus tard, je m'aperçois que j'ai encore plus mal et je dis au staff qu'il ne m'est plus possible de poursuive les entraînements, mais personne ne voulait rien savoir. Que se passe-t-il alors ? À la fin de l'entraînement, je n'ai pas arrêté de demander un examen médical approfondi. C'est là que j'ai compris que je devais le faire tout seul et que le club ne voulait pas payer la visite médicale et les examens. Je décide alors de le faire à mes propres frais dans une clinique de la ville. C'est alors qu'arrive la trêve hivernale. Je prends tous les résultats et je rentre en Italie, où je contacte un médecin, qui travaillait dans le passé dans le centre du Milan AC, Milanello. Le 27 décembre, je fais une échographie qui confirme que j'ai contracté une pubalgie. Quelle a été la réponse du club quand vous leur avez appris la nouvelle ? J'ai contacté le physio de l'équipe auquel j'ai appris les résultats de l'échographie… Comment ça, le physio ? Il n'y a pas de staff médical au PAS Lamia ? Non. Il y a un physiothérapeute qui s'occupe un peu de tout ce qui est médical. Quelle est la position du club à ce moment précis ? Je parlais tout le temps avec le directeur sportif et avec quelques joueurs, car c'étaient les seuls à se débrouiller un peu en anglais. Les autres ne parlent que grec. Je précise donc au directeur sportif que je vais rester en Italie pour poursuivre les examens et commencer le travail de récupération et il me répond qu'il est d'accord. Le 9 janvier, je fais un examen au rayon (à l'IRM) qui confirme la pubalgie et m'annonce une période d'indisponibilité de 40 à 60 jours. Quel a été votre sentiment quand la presse a parlé de votre «disparition» ? De la surprise, de la tristesse et un sentiment d'injustice. J'ai été recruté par le club en été et je comptais beaucoup sur cette opportunité pour reprendre ma carrière en main. Mon premier objectif était de jouer un maximum de matchs, pour me prouver à moi-même et montrer à tout le monde ce dont j'étais capable. Justement, le public marocain attendait beaucoup de vous. Vous rappelez-vous cette première apparition avec l'équipe nationale à Agadir ? Bien sûr. Les sensations de cette soirée-là, personne n'aurait pu me les donner à part le public marocain. Mon père est très attaché au Maroc et la fierté que j'ai ressentie ce jour-là, je ne l'ai plus ressentie nulle part. Mon seul souhait désormais est de retrouver ce genre de sentiment. Les choses se compliquent à partir de ce moment-là, avec notamment un prêt à Malaga et au PEC Zwolle. Que s'est-il passé ensuite ? Durant l'été 2015, beaucoup de clubs voulaient me recruter du Milan AC. Mais c'est le président du Malaga (à l'époque le Sheikh Abdullah Al-Thani, ndlr) qui a le plus insisté. Je débarque alors à la Costa del Sol. Mes coéquipiers, dont Nordin Amrabat que je respecte énormément, m'encourageaient beaucoup à poursuivre mes efforts, mais l'entraîneur ne me faisait pas jouer. Je ne comprenais pas, mais je prenais mon mal en patience et je m'entrainais encore plus sérieusement. En été, Adriano Galliani (ancien président délégué du Milan AC, ndlr) a fait pression pour que je revienne. Je fais la concentration d'été avec l'équipe première, j'entends parler d'un intérêt du Paris Saint-Germain, mais ça ne se concrétise pas. Le club m'envoie alors en prêt au PEC Zwolle. Et là, rebelote ! L'entraineur est content de moi les premières semaines, mais ne me fait plus jouer au bout de quelques matchs… Que s'est-il passé ? Vous vous êtes révolté, vous lui avez manqué de respect ? Absolument pas. J'ai été très professionnel. Après tout, je n'avais pas encore 19 ans à l'époque, je n'allais pas me mettre l'entraîneur à dos. Je parle au psychologue de l'équipe et on va tous les deux voir l'entraîneur de l'équipe pour tenter de trouver une solution. Mais l'entraîneur n'arrive pas à trouver une explication plausible et logique. Personne ne me l'a dit officiellement, mais je soupçonnais que c'était en rapport avec mon agent, Mino Raiola. Vous en avez eu la confirmation par la suite ? Encore une fois, il n'y avait rien d'officiel. L'été 2017, je reviens une nouvelle fois à Milan, mais la direction du club avait changé. Je refais une concentration estivale avec Gennaro Gattuso à la tête du staff technique. Il a été très correct avec moi et à la fin du stage, on s'échange les accolades et les numéros de téléphone. La nouvelle direction du club me convoque et Mirabelli et Fassone me signifient clairement qu'ils ne voulaient pas de moi, tant que je n'aurais pas changé d'agent. Mon contrat arrive alors à échéance et je passe une saison sans club. Forcément, quand le PAS Lamia s'est manifesté l'été dernier, je n'y réfléchis pas avant de m'engager. Aujourd'hui, qu'est-ce que vous comptez faire ? D'abord, faire valoir mes droits auprès des institutions compétentes. Je n'ai jamais été un fauteur de troubles, je ne suis pas du genre à faire des sorties tard le soir, je ne touche ni à l'alcool ni à la chicha. Tout ce que je veux c'est jouer au football et rendre heureux ma famille et mes fans. Je ne baisse pas les bras et je continuerai à essayer de reprendre ma carrière en main par le travail. J'espère seulement que le public marocain comprendra ma situation et ne me jugera pas sans me connaître. Mais depuis cette douce soirée de juin 2015, le milieu de terrain s'est perdu dans les méandres du football. La semaine dernière, le club grec du PAS Lamia a défrayé la chronique en annonçant que Mastour était absent depuis décembre dernier. Outré par la mauvaise foi de ses employeurs, Hachim a tenu à rétablir la vérité. «Le Matin» en a profité pour discuter dans cet entretien avec le joueur plein de tristesse et d'espoir et tombé en disgrâce, même si sa carrière est encore devant lui. Que se passe-t-il alors ? À la fin de l'entraînement, je n'ai pas arrêté de demander un examen médical approfondi. C'est là que j'ai compris que je devais le faire tout seul et que le club ne voulait pas payer la visite médicale et les examens. Je décide alors de le faire à mes propres frais dans une clinique de la ville. C'est alors qu'arrive la trêve hivernale. Je prends tous les résultats et je rentre en Italie, où je contacte un médecin, qui travaillait dans le passé dans le centre du Milan AC, Milanello. Le 27 décembre, je fais une échographie qui confirme que j'ai contracté une pubalgie. Quelle a été la réponse du club quand vous leur avez appris la nouvelle ? J'ai contacté le physio de l'équipe auquel j'ai appris les résultats de l'échographie… Comment ça, le physio ? Il n'y a pas de staff médical au PAS Lamia ? Non. Il y a un physiothérapeute qui s'occupe un peu de tout ce qui est médical. Quelle est la position du club à ce moment précis ? Je parlais tout le temps avec le directeur sportif et avec quelques joueurs, car c'étaient les seuls à se débrouiller un peu en anglais. Les autres ne parlent que grec. Je précise donc au directeur sportif que je vais rester en Italie pour poursuivre les examens et commencer le travail de récupération et il me répond qu'il est d'accord. Le 9 janvier, je fais un examen au rayon (à l'IRM) qui confirme la pubalgie et m'annonce une période d'indisponibilité de 40 à 60 jours. Quel a été votre sentiment quand la presse a parlé de votre «disparition» ? De la surprise, de la tristesse et un sentiment d'injustice. J'ai été recruté par le club en été et je comptais beaucoup sur cette opportunité pour reprendre ma carrière en main. Mon premier objectif était de jouer un maximum de matchs, pour me prouver à moi-même et montrer à tout le monde ce dont j'étais capable. Justement, le public marocain attendait beaucoup de vous. Vous rappelez-vous cette première apparition avec l'équipe nationale à Agadir ? Bien sûr. Les sensations de cette soirée-là, personne n'aurait pu me les donner à part le public marocain. Mon père est très attaché au Maroc et la fierté que j'ai ressentie ce jour-là, je ne l'ai plus ressentie nulle part. Mon seul souhait désormais est de retrouver ce genre de sentiment. Les choses se compliquent à partir de ce moment-là, avec notamment un prêt à Malaga et au PEC Zwolle. Que s'est-il passé ensuite ? Durant l'été 2015, beaucoup de clubs voulaient me recruter du Milan AC. Mais c'est le président du Malaga (à l'époque le Sheikh Abdullah Al-Thani, ndlr) qui a le plus insisté. Je débarque alors à la Costa del Sol. Mes coéquipiers, dont Nordin Amrabat que je respecte énormément, m'encourageaient beaucoup à poursuivre mes efforts, mais l'entraîneur ne me faisait pas jouer. Je ne comprenais pas, mais je prenais mon mal en patience et je m'entrainais encore plus sérieusement. En été, Adriano Galliani (ancien président délégué du Milan AC, ndlr) a fait pression pour que je revienne. Je fais la concentration d'été avec l'équipe première, j'entends parler d'un intérêt du Paris Saint-Germain, mais ça ne se concrétise pas. Le club m'envoie alors en prêt au PEC Zwolle. Et là, rebelote ! L'entraineur est content de moi les premières semaines, mais ne me fait plus jouer au bout de quelques matchs… Que s'est-il passé ? Vous vous êtes révolté, vous lui avez manqué de respect ? Absolument pas. J'ai été très professionnel. Après tout, je n'avais pas encore 19 ans à l'époque, je n'allais pas me mettre l'entraîneur à dos. Je parle au psychologue de l'équipe et on va tous les deux voir l'entraîneur de l'équipe pour tenter de trouver une solution. Mais l'entraîneur n'arrive pas à trouver une explication plausible et logique. Personne ne me l'a dit officiellement, mais je soupçonnais que c'était en rapport avec mon agent, Mino Raiola. Vous en avez eu la confirmation par la suite ? Encore une fois, il n'y avait rien d'officiel. L'été 2017, je reviens une nouvelle fois à Milan, mais la direction du club avait changé. Je refais une concentration estivale avec Gennaro Gattuso à la tête du staff technique. Il a été très correct avec moi et à la fin du stage, on s'échange les accolades et les numéros de téléphone. La nouvelle direction du club me convoque et Mirabelli et Fassone me signifient clairement qu'ils ne voulaient pas de moi, tant que je n'aurais pas changé d'agent. Mon contrat arrive alors à échéance et je passe une saison sans club. Forcément, quand le PAS Lamia s'est manifesté l'été dernier, je n'y réfléchis pas avant de m'engager. Aujourd'hui, qu'est-ce que vous comptez faire ? D'abord, faire valoir mes droits auprès des institutions compétentes. Je n'ai jamais été un fauteur de troubles, je ne suis pas du genre à faire des sorties tard le soir, je ne touche ni à l'alcool ni à la chicha. Tout ce que je veux c'est jouer au football et rendre heureux ma famille et mes fans. Je ne baisse pas les bras et je continuerai à essayer de reprendre ma carrière en main par le travail. J'espère seulement que le public marocain comprendra ma situation et ne me jugera pas sans me connaître.