Si d'un point de vue effectif, contre la Serbie, aujourd'hui et l'Ouzbékistan, mardi, Hervé Renard aura l'occasion de se faire ses dernières convictions, la première de ces deux confrontations lui permettra surtout, alors que nous allons sûrement subir le jeu lors du prochain mondial, d'analyser le comportement de son équipe face à une nation forte techniquement et rompue à priver l'adversaire de ballon. En d'autres termes, de se confronter à une certaine idée du haut niveau européen. Coté doux euphémisme, la Coupe du monde, c'est dans moins de trois mois et comme les grosses manœuvres débutent et que la liste des joueurs convoqués dessine d'avantage un groupe déjà en ordre de bataille qu'une simple photographie du moment, affronter ce pays des Balkans, c'est se pencher sur les différentes pistes tactiques et stratégies qu'il conviendra d'utiliser à l'avenir. Au regard des matchs de qualification, H. Renard possède déjà beaucoup de certitudes, et les deux organisations de jeu qu'il utilise, selon les matches et l'adversaire, ne sont plus un mystère : en Russie, les Lions de l'Atlas débuteront en 4-2-3-1 ou en 4-3-3. Aussi, existe-il peu de place au doute concernant la solidité de la charnière centrale, Benatia-Saiss, forte de l'expérience des matchs à haute intensité accumulée, que ce soit au niveau de la Ligne des champions pour le premier, ou dans une moindre mesure, en Championship anglaise pour le second. Au milieu de terrain, Karim El Ahmadi constitue une valeur sûre, dans la mesure où il excelle dans la récupération à travers son volume, son impact physique et sa lecture du jeu, quelle que soit l'opposition, néanmoins à ses côtés, l'attitude de Boussoufa qui fait la paire de milieux défensifs, sera particulièrement scrutée. Car en face, les Serbes sont dotés d'un milieu de terrain de très haute qualité. En plus de Matić, plaque tournante des Red Devils, ou encore, Tadić concurrent de Boufal à Southampton, il y a le prodige de La Lazio, Milinkovic-Savic. Pisté par le PSG cet hiver, il est devenu un pion essentiel de l'équipe romaine. Unanimement reconnu par la presse italienne comme un des meilleurs joueurs de Serie A, «c'est un milieu de terrain de plus de 1,90m qui peut dominer dans le jeu aérien et en même temps être performant dans les petits espaces grâce à un bon toucher de balle» disait de lui dernièrement, la Gazzetta Dello sport. Face à une telle armada, Boussoufa devra gérer ses déplacements et son réservoir physique, et s'il n'y arrive pas, Amine Harit ne sera pas loin. Parce que lui, outre sa capacité d'être un dynamiteur, un accélérateur de jeu, capable sur une prise de balle ou une conduite de perforer le bloc adverse et débloquer une situation fermée, il dispose également du jus nécessaire pour défendre sans s'arrêter. Par ailleurs, symbole du football latin qui prône une position haute des latéraux dans le camp adverse, Kolarov latéral gauche de la Louve, présent dans le top 5 des spécialistes du poste en Ligue des champions, permettra aux joueurs de couloir marocain de se confronter à ses déboulés et donc d'affiner leur placement et coordination. Evidemment, Il y a bien sûr des interrogations s'agissant du poste d'avant centre. Boutayeb le titulaire, peut-il avoir un rôle à jouer quand il faudra à grandes enjambées attaquer l'espace dans le dos des lignes défensives hautes qui sont l'apanage des équipes coutumières du pressing tout terrain ? A première vue, dans ce type de schéma, le revenant Azarou et le nouveau venu El Kaabi pourront tirer leur épingle du jeu, d'autant plus que la défense serbe, dirigée par un Ivanovic (Ex-Chelsea) vieillissant est largement prenable.