En marge du Championnat d'Afrique des nations de football (CHAN), la Direction générale à l'administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a lancé jeudi 18 janvier, son premier tournoi continental de mini-foot. Jusqu'au 1er février, une centaine de détenus de douze nationalités vont s'affronter dans quatre des prisons marocaines où ils sont incarcérés. "Nous sommes des filles, nous sommes des épouses, nous sommes des mères, et nous regrettons ce que nous avons fait. Nous demandons grâce au roi pour pouvoir retourner chez nous", déclame une Malienne, au nom de la dizaine de femmes regroupée derrière elle. Toutes drapées du même pagne traditionnel rose, elles chantent et dansent sur l'air de Waka-Waka (This time for Africa), célèbre hymne de la Coupe du monde sud-africaine de 2010. La compétition est ainsi déclarée ouverte. "Ça nous a fait du bien de pouvoir nous exprimer", confie Micheline*, une Béninoise condamnée il y a trois ans dans une affaire de stupéfiants. Sous le regard insistant de la directrice du centre de détention Aïn Sebaâ 2, elle dit apprécier les ateliers de couture et les diverses activités organisés par l'administration et les associations sociales. Avant de se réjouir de sa très prochaine libération. "Je m'en vais dans quelques semaines. Ma valise est déjà prête pour rentrer au Bénin!", s'enthousiasme la quadragénaire. Derrière elle, les hommes des équipes marocaine et nigériane franchissent les grilles du mini-stade du Centre de réforme pour mineurs de Casablanca, intégré à la prison d'Oukacha. Entre les hauts murs surmontés de barbelés, les dix acteurs du match d'ouverture entonnent successivement leurs chants patriotiques. Le délégué général de la DGAPR, l'ex-international Nourredine Naybet et quelques ambassadeurs de la CAF descendent de l'estrade présidentielle, afin de saluer les joueurs, échanger quelques passes et donner le coup d'envoi fictif. L'engagement réel est sifflé quelques minutes plus tard, par les arbitres désignés par la Fédération royale marocaine de football (FRMF). La DGAPR et l'instance de Fouzi Lekjaa ont bénéficié de cette compétition inédite, qu'elles co-organisent, pour signer une convention dans laquelle la seconde partie s'engage à fournir un encadrement technique et à aménager des stades dans certaines prisons. "Offrir aux détenus une ambiance festive" Parmi la petite centaine de spectateurs, les tambours des prisonniers subsahariens rivalisent avec les drapeaux rouges de leurs homologues marocains. Les douze nations participantes - Guinée équatoriale, Côte d'Ivoire, Nigéria, Cameroun, Ghana, Mali, Guinée, Sénégal, Guinée-Bissau, Algérie, Tunisie et Maroc - ont été choisies pour l'importance de leur contingent dans les geôles nationales. Après détection dans les différentes maisons d'arrêt du territoire, les sélectionnés ont été regroupés dans les quatre villes accueillant actuellement le Championnat d'Afrique des nations (Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger). C'est là que se dérouleront les trois rencontres de chaque poule, avant la grande finale dans la Ville blanche, jeudi 1er février. "L'objectif de cette compétition est de donner de l'intérêt à la pratique sportive dans les prisons, dans le cadre de nos programmes d'humanisation et de réhabilitation administrative. Nous voulons offrir aux détenus de vivre une ambiance festive, comme cela se fait à l'extérieur", développe Mustapha Ferrakhi. Le directeur de l'action sociale à la DGAPR n'exclut pas d'ouvrir ce type de manifestations aux femmes, de même qu'à d'autres disciplines. Au-delà du sport À la mi-temps, les athlètes acceptent de répondre aux questions des journalistes. Abdessamad, le capitaine de ce Mountakhab d'un genre bien particulier, se dit satisfait de la performance de ces coéquipiers. Transféré il y a neuf jours depuis le pénitencier de Kénitra, cet ex-pensionnaire du club de Ksar El Kébir se réjouit d'avoir eu le temps de mettre en place certains automatismes. S'il rêve de soulever le trophée, l'enjeu dépasse largement le cadre sportif. "Sur le terrain, on oublie toutes nos souffrances et nos problèmes du quotidien", sourit celui qui a été condamné à 20 ans de réclusion, à cause d'une "bagarre qui a dégénéré". Sur un béton quelque peu glissant, les buts s'enchaînent. La victoire finale revient aux Lions, sur le score fleuve de 13 réalisations à 3. Récupérant sur les chaises de leur vestiaire improvisé, les Super eagles nigérians se plaignent de n'avoir été prévenus que la veille de leur participation. "Nous n'avons pu nous entraîner ensemble qu'une seule fois", assurent-ils. Ils saisissent l'opportunité pour attirer l'attention sur leurs conditions générales de vie. "Dans notre cellule, nous sommes trente-trois, fumeurs et non-fumeurs mélangés. Certains doivent dormir par terre. Par ailleurs, on ne nous donne que de la nourriture marocaine à manger, alors que nous préférerions du riz", plaident ces jeunes hommes. Ecroués en majorité pour trafic de drogue, ils regrettent que les représentants diplomatiques de leur pays d'origine n'aient pas profité du championnat de football pour leur rendre visite. Et faire entendre leurs revendications. "Nous sommes des filles, nous sommes des épouses, nous sommes des mères, et nous regrettons ce que nous avons fait. Nous demandons grâce au roi pour pouvoir retourner chez nous", déclame une Malienne, au nom de la dizaine de femmes regroupée derrière elle. Toutes drapées du même pagne traditionnel rose, elles chantent et dansent sur l'air de Waka-Waka (This time for Africa), célèbre hymne de la Coupe du monde sud-africaine de 2010. La compétition est ainsi déclarée ouverte. "Ça nous a fait du bien de pouvoir nous exprimer", confie Micheline*, une Béninoise condamnée il y a trois ans dans une affaire de stupéfiants. Sous le regard insistant de la directrice du centre de détention Aïn Sebaâ 2, elle dit apprécier les ateliers de couture et les diverses activités organisés par l'administration et les associations sociales. Avant de se réjouir de sa très prochaine libération. "Je m'en vais dans quelques semaines. Ma valise est déjà prête pour rentrer au Bénin!", s'enthousiasme la quadragénaire. Derrière elle, les hommes des équipes marocaine et nigériane franchissent les grilles du mini-stade du Centre de réforme pour mineurs de Casablanca, intégré à la prison d'Oukacha. Entre les hauts murs surmontés de barbelés, les dix acteurs du match d'ouverture entonnent successivement leurs chants patriotiques. Le délégué général de la DGAPR, l'ex-international Nourredine Naybet et quelques ambassadeurs de la CAF descendent de l'estrade présidentielle, afin de saluer les joueurs, échanger quelques passes et donner le coup d'envoi fictif. L'engagement réel est sifflé quelques minutes plus tard, par les arbitres désignés par la Fédération royale marocaine de football (FRMF). La DGAPR et l'instance de Fouzi Lekjaa ont bénéficié de cette compétition inédite, qu'elles co-organisent, pour signer une convention dans laquelle la seconde partie s'engage à fournir un encadrement technique et à aménager des stades dans certaines prisons. "Offrir aux détenus une ambiance festive" Parmi la petite centaine de spectateurs, les tambours des prisonniers subsahariens rivalisent avec les drapeaux rouges de leurs homologues marocains. Les douze nations participantes - Guinée équatoriale, Côte d'Ivoire, Nigéria, Cameroun, Ghana, Mali, Guinée, Sénégal, Guinée-Bissau, Algérie, Tunisie et Maroc - ont été choisies pour l'importance de leur contingent dans les geôles nationales. Après détection dans les différentes maisons d'arrêt du territoire, les sélectionnés ont été regroupés dans les quatre villes accueillant actuellement le Championnat d'Afrique des nations (Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger). C'est là que se dérouleront les trois rencontres de chaque poule, avant la grande finale dans la Ville blanche, jeudi 1er février. "L'objectif de cette compétition est de donner de l'intérêt à la pratique sportive dans les prisons, dans le cadre de nos programmes d'humanisation et de réhabilitation administrative. Nous voulons offrir aux détenus de vivre une ambiance festive, comme cela se fait à l'extérieur", développe Mustapha Ferrakhi. Le directeur de l'action sociale à la DGAPR n'exclut pas d'ouvrir ce type de manifestations aux femmes, de même qu'à d'autres disciplines. Au-delà du sport À la mi-temps, les athlètes acceptent de répondre aux questions des journalistes. Abdessamad, le capitaine de ce Mountakhab d'un genre bien particulier, se dit satisfait de la performance de ces coéquipiers. Transféré il y a neuf jours depuis le pénitencier de Kénitra, cet ex-pensionnaire du club de Ksar El Kébir se réjouit d'avoir eu le temps de mettre en place certains automatismes. S'il rêve de soulever le trophée, l'enjeu dépasse largement le cadre sportif. "Sur le terrain, on oublie toutes nos souffrances et nos problèmes du quotidien", sourit celui qui a été condamné à 20 ans de réclusion, à cause d'une "bagarre qui a dégénéré". Sur un béton quelque peu glissant, les buts s'enchaînent. La victoire finale revient aux Lions, sur le score fleuve de 13 réalisations à 3. Récupérant sur les chaises de leur vestiaire improvisé, les Super eagles nigérians se plaignent de n'avoir été prévenus que la veille de leur participation. "Nous n'avons pu nous entraîner ensemble qu'une seule fois", assurent-ils. Ils saisissent l'opportunité pour attirer l'attention sur leurs conditions générales de vie. "Dans notre cellule, nous sommes trente-trois, fumeurs et non-fumeurs mélangés. Certains doivent dormir par terre. Par ailleurs, on ne nous donne que de la nourriture marocaine à manger, alors que nous préférerions du riz", plaident ces jeunes hommes. Ecroués en majorité pour trafic de drogue, ils regrettent que les représentants diplomatiques de leur pays d'origine n'aient pas profité du championnat de football pour leur rendre visite. Et faire entendre leurs revendications.