La plus grande cantatrice actuelle du monde arabe, Warda El Djazairia, « la rose algérienne », a reçu l'hommage de quelque 30.000 spectateurs samedi soir à Rabat à l'occasion de la 8e édition du festival de musique Mawazine. Pendant deux heures, la diva -vêtue d'un caftan bleu foncé assorti de bijoux- a fasciné un public venu de tout le Maroc, notamment de Casablanca, Meknès et Fès. L'assistance, composée presque majoritairement de femmes, a dansé et chanté pendant deux heures au rythme des meilleures chansons de Warda. Warda a reçu le cordon alaouite de l'ordre de commandeur, l'une des plus importantes distinctions du royaume, et a été faite citoyenne d'honneur de Rabat, recevant symboliquement la clef de la capitale. "La musique rapproche les peuples arabes, notamment entre ceux du Maghreb", a-t-elle dit, faisant implicitement référence à la tension qui prévaut entre le Maroc et l'Algérie à cause du Sahara occidental. Cette femme de 69 ans, née à Puteaux (région parisienne) de père algérien et de mère libanaise, a débuté sa carrière à l'âge de 15 ans, dans le cabaret de son père au Quartier latin (Saint-Michel, Paris). Elle a tenu a souligner qu'elle avait aussi chanté pour l'indépendance de l'Algérie, après avoir quitté la France pour le Liban, puis l'Egypte. Warda El Djazairia est l'une des rares interprètes arabes à pouvoir dépasser les frontières linguistiques et musicales du monde arabe et symbolise la complémentarité entre ses deux versants, le Maghreb et le Machrek.