Don Bigg revient en force avec un clip inédit et des projets de grande envergure. Ses impressions. Chaud devant ! quand Don Bigg, le rappeur au verbe incendiaire, décide de faire quelque chose, il le fait bien, voire il excelle. Cette règle s'impose autant dans sa musique que dans chacun de ses projets. Son dernier clip n'a pas dérogé à la règle et sent bien le «standard international», comme nous dit son auteur. C'est dans l'intimité de sa maison qu'il nous a reçus la semaine dernière pour nous faire découvrir sa première incursion dans la vidéo musicale. «J'ai préféré montrer l'adaptation visuelle de mon dernier single à un comité très réduit. Nous savons tous à quel point certains supports aiment mettre leur grain de sel dès qu'ils voient un projet», explique Bigg. En effet, après la polémique suscitée par le lancement de son nouveau single «Mabghitch», Don Bigg a décidé de sortir le grand jeu. Visiblement peu affecté par les critiques qui ont tenté de rattacher ses rimes à une mouvance politique ou une autre, il sort son premier clip. Le hasard a voulu que le clip en question soit celui de la chanson qui a fait couler beaucoup d'encre. Cette fois-ci c'est par le son et l'image qu'il décide d'exprimer sa vision des choses. Une vision «apolitique» et entièrement basée sur son ressenti en tant que Marocain concerné par la situation de son pays. «J'ai toujours été un homme qui marche à l'impulsion et à l'instinct. Cela se ressent d'ailleurs dans mes textes. Seulement là, il s'agit d'image et j'avais besoin d'une création vidéo qui soit aussi fidèle que possible à ma manière de faire», nous explique-t-il. Et d'ajouter : «Quand j'ai sorti «Mabghitch», on m'a reproché de prendre partie pour une mouvance. Quelques semaines plus tard, on reprend le même single pour m'accuser de soutenir un autre mouvement. Au moins avec des images, tout devient clair et il sera difficile pour qui que ce soit d'y voir autre chose que ce que je veux bien montrer, à savoir la dénonciation de l'extrémisme». A l'instar de ses textes, sa vidéo ne fait pas dans la dentelle. Tout y passe, des obscurantistes religieux aux libertaires laïcards en passant par les habituelles langues de bois politiques. Pour lui, ce sont les tares qu'il faut dénoncer, une gangrène créée par tous ceux qui usent de l'excès pour donner un semblant de crédibilité à leurs propos. Du lourd et de l'ambition Au-delà du message fort de «Mabghitch», le point le plus marquant reste sans conteste sa qualité. Don Bigg a décidé de faire un clip maroco-marocain, mais en mesure de rivaliser avec les productions internationales. Bigg s'est entouré d'une équipe bien locale et s'est donné les moyens techniques nécessaires pour nous offrir une véritable prouesse visuelle. Le résultat est éloquent : un clip qui n'a rien à envier à ceux diffusés en boucle sur les plus grandes chaines musicales américaines. «J'ai attendu d'avoir les moyens de faire un clip que j'estime digne de ce que le Maroc peut offrir comme musique. J'y ai mis les moyens et je ne m'attends pas à en tirer le moindre bénéfice. Les images et les acteurs que j'ai choisis expriment ma rage et ma volonté de dénoncer tout ce qui ne va pas, et tant pis si ça me coûte un bras», insiste-t-il. Le clip en question est conforme aux standards internationaux et sera diffusé dès cette semaine sur MTV et Nessma TV. Le rappeur ne compte d'ailleurs pas s'arrêter en si bon chemin. Ne se contentant pas de donner l'exemple et montrer la voie en matière de création, Bigg s'apprête à entamer une tournée nationale. Une autre première au Maroc puisque nous étions habitués à voir les artistes se produire uniquement lorsqu'ils sont invités à des festivals ou à des soirées privées. Plusieurs villes seront concernées et chaque étape verra une première partie dédiée à un talent local. «Je considère qu'il est temps que les artistes prennent les choses en main et qu'ils défendent leur musique. Je ne renie pas l'apport des différentes manifestations culturelles artistiques, mais la gratuité nuit à l'artiste en définitive. Je voudrais habituer le Marocain à payer, ne serait-ce qu'un prix symbolique pour écouter l'artiste qu'il aime», nous confie-t-il. C'est donc en vrai visionnaire que Don Bigg aborde l'été 2011, en hissant la barre très haut.