Le café s'est érigé au rang de boisson nationale dans bien des cultures. Bienvenue au monde des «coffee shop». Macciato, Mezzochino, Latte, Chaï… ce vocabulaire vous est-il familier ? Alors vous faites partie de la très sélective famille des «connaisseurs», des habitués des coffee shop. La culture de la terrasse de café existe bien chez les Marocains depuis des années, mais aujourd'hui, c'est un réel bouleversement qui se trame dans les moulins à grain. Les coffee shop débarquent et ils entendent propulser l'art du café vers de nouveaux horizons. Du Kawa au Ristretto Avant de se pencher plus longuement sur les avant-gardistes, un petit épisode historique s'impose. Personne ne sait précisément qui découvrit le premier les effets du café et prépara la première boisson à partir des baies. Dans les premiers textes (environ 900 avant Jésus Christ), les médecins arabes mentionnent déjà les effets thérapeutiques du café. Il existe une légende concernant un berger yéménite du nom de Kaldi (environ 300 après JC), qui remarqua que ses chèvres avaient un comportement plus agité lorsqu'elles mangeaient certaines baies rouges. Il les goûta lui-même et constata qu'il était plus dégourdi que d'habitude. Il raconta son histoire à quelques moines du village et ceux-ci commencèrent à manger ces fruits pour rester éveillés pendant leurs prières nocturnes. La suite vous la connaissez certainement. Nos ancêtres musulmans ont porté les graines dans leurs caravanes à travers tout le pourtour méditerranéen et ont converti les Européens aux bienfaits de l'insomnie caféinée à partir du 17e siècle. Aujourd'hui aucune chaumière, aucun appartement ne peut se permettre l'affront d'une cuisine sans son «briq», son moulin à café et son filtre N°4. C'est dire si le noir nectar est rentré dans les mœurs marocaines. La bronzette en terrasse avec un petit «américain» à la main est devenue un sport national, été comme hiver. Les distributeurs se multiplient dans les salles de repos des entreprises, administrations et autres lieux d'activité diurne. Nous autres pays arabo-musulmans avons longtemps revendiqué la paternité du café, qui est devenu le symbole de notre hospitalité. Mais voilà qu'aujourd'hui l'Occident s'approprie notre fier breuvage et comble du sacrilège, nous le sert dans des gobelets ! La déferlante starbucks Franchir la porte de la boutique. Se faire intercepter du regard par un vendeur moins de dix secondes après. Choisir un café sur une carte longue comme celle d'un restaurant. Le payer cher. Finir par le boire affalé dans un fauteuil confortable. Bienvenue chez Starbucks Coffee, la chaîne commerciale qui a réussi le tour de force de transformer le petit café en gobelet en or noir. En 1971 à Seattle ouvre la première boutique Starbucks. Le nom Starbucks tire son origine du roman «Moby Dick» d'Herman Melville. L'association avec la navigation en mer semblait appropriée pour cette première boutique qui devait fournir du café aux habitants de Seattle transis de froid. Le logo Starbucks est d'ailleurs une sirène couronnée. C'est à partir des années 90 que le phénomène Starbucks prend de l'ampleur. La petite enseigne devenue franchise ouvre des succursales en dehors de Seattle, d'abord dans toute l'Amérique du Nord, puis dans le monde entier. A lui seul, le nom Starbucks symbolise toute la culture-café moderne et pose des bases qui seront reprises par tous ses concurrents. Partout dans le monde, les bistrots à café ou coffee shop, proposent pratiquement le même schéma.D'abord réinventer en permanence le café avec un tas de nouvelles recettes sympas (Brazil Ipanema Bourbon, Mocha Coconut Frappuccino, Espresso con Panna, etc.) et frapper le contenu de la carte – qui au passage ferait pâlir celle d'un restaurant gastronomique –, histoire de ne pas se faire voler des noms de recettes durement imaginés, d'un bon ®. Chacun y trouve son compte grâce au choix de divans, fauteuils, tables à café, bars, tabourets, bancs et tables de salles de réunion ainsi qu'une connection Wifi. Comme dans les séries Si l'univers des Coffee Shop charme le chaland, c'est surtout grâce aux honneurs qui lui sont accordé par le cinéma et les séries US. L'emblématique gobelet «On the Go», obligatoire dans la main de tout procureur, flic ou avocat de New York, les facéties d'une bande de «Friends» au «Central Perk» ou encore le(la) Barrista qui connait par cœur les commandes de tous les clients ou mieux encore, de deviner quelle sera la commande d'un visiteur, selon son humeur. C'est exactement ce rêve que vend le coffe shop. Un rêve qu'il est plus ou moins difficile d'assouvir en fonction des pays, des enseignes et surtout du facteur humain, car tous les Barristas ne sont pas dotés de superpouvoirs leur permettant de servir Le café de vos rêves. Alors autant se rabattre sur le pouvoir bien réel des Starbucks et consorts ; celui de vous faire rêver le temps d'une petite tasse et de faire de vous un érudit rompu à l'art du bon café. Yassine Ahrar Ils ont débarqué ! Oyez, oyez ! Notre bon pays, jusqu'à aujourd'hui épargné par le joug du coffee shop a fini par céder. Deux vaillantes enseignes ont pris les devants et nous envahissent de leurs aromes. D'abord la Coffeeshop Company, petite autrichienne, détentrice d'un savoir-faire made in USA, qui s'évertue à nous assener ses irresistible «Bagels», ses Latté aux milles saveurs et ses «Giant mugs on the go». Et puis, on retrouve les cafés Vergnano, fiers défenseurs de l'expresso à l'italienne et de la bonne vielle bouilloire de la mamma. Les deux enseignes sont déjà implantées à Marrakech, Casablanca et Rabat.