La Tunisie observe à partir de vendredi trois jours de deuil en hommage aux dizaines d'émeutiers tués durant le mois de manifestations ayant provoqué la chute du régime de Zine Ben Ali. Le dernier bilan, annoncé lundi, est de 78 morts au moins, la plupart tués par des balles policières. Selon le haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, les émeutes ont fait une centaine de morts. Après cette période de deuil national, annoncée jeudi par la télévision publique à l'issue du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, les Tunisiens vont progressivement retrouver une vie normale : les écoles et les universités, fermées le 10 janvier, quatre jours avant le départ du président Zine Ben Ali, doivent rouvrir lundi. Les évènements sportifs, tous annulés depuis la semaine dernière, pourront "très bientôt" avoir lieu, a dit à la presse Mohamed Aloulou, nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports. Le gouvernement d'union nationale a décidé de reconnaître l'ensemble des mouvements politiques interdits et de décréter une amnistie pour tous les prisonniers politiques. Les manifestations continuent néanmoins pour exiger la fin de l'emprise du RCD, l'ancien parti au pouvoir, sur la vie politique. Les protestataires réclament que les ministres ayant officié sous Ben Ali quittent le gouvernement transitoire. Face à la pression de la rue, les autorités ont annoncé jeudi la dissolution du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique et un ministre lié à l'ancien pouvoir a présenté sa démission. Selon la télévision, les ministres RCD vont rester au gouvernement mais ont tous renoncé à leurs fonction au sein du parti, comme l'avaient déjà fait le président par intérim, Fouad Mebazaa, et le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi. Les violences et pillages ont diminué depuis les jours de chaos qui ont succédé au départ précipité de Ben Ali. La police ayant perdu tout crédit dans l'opinion pour avoir réprimé sévèrement les manifestations avant la fuite du président, le gouvernement s'appuie désormais sur l'armée pour maintenir l'ordre. (Reuters)