En déplacement à l'étranger, les Marocains deviennent des citoyens de seconde zone… Invité à un Salon professionnel en France, Hamid de son prénom, chef d'entreprise, ne savait pas qu'il allait devenir SDF durant la même semaine, errant dans un aéroport bondé, sans argent et sans nourriture. Depuis le déclenchement du nuage de cendres qui a paralysé le ciel européen, les Marocains se trouvant à l'étranger vivent un cauchemar total, doublé d'un sentiment d'impuissance et de rage. Contrairement aux ressortissants d'autres pays embarqués dans la même galère, les Marocains n'ont dans leur majorité même pas la possibilité d'utiliser une carte de crédit internationale. Les dotations en devises sont rigoureusement encadrées par l'Office des changes selon le statut du voyageur (étudiant, chef d'entreprise en mission, etc.) et les Marocains qui détiennent aujourd'hui des comptes à l'étranger le font de façon illégale. Leur nombre est estimé à quelque 100 000 personnes. Autrement, pour le reste de la population, ce sont des dotations strictement plafonnées qui sont accordées. Or, à l'étranger, tout peut arriver et souvent, on voyage la peur au ventre. La non-convertibilité de la monnaie nationale et la non-possibilité de disposer de ses fonds à l'étranger transforment les Marocains en citoyens de seconde zone, condamnés à régler leurs dépenses en cash et à compter leurs sous jusqu'au retour au bercail. Si au lendemain de l'indépendance les restrictions en matière de sorties de devises se justifiaient amplement, aujourd'hui, à l'heure de la mondialisation et du statut avancé avec l'Europe, il est temps de faire confiance aux Marocains et à leur esprit de citoyenneté en leur permettant de disposer un peu plus librement de leur argent même à l'étranger. Ce sera également le meilleur moyen de lutter contre la fuite des capitaux !