Quand les prix se tassent, il vaut mieux en profiter. Les professionnels du secteur recommandent l'achat. «J'achète ou j'attends encore ?». La phrase revient comme une rengaine. Les Marocains, grands amateurs de la pierre… et de bonnes affaires, y réfléchissent logiquement à deux fois avant de concrétiser leur acte d'acquisition d'un bien immobilier. Alors comment les choses se présentent-elles en cette fin d'année 2009 ? Réponse : de part et d'autre, l'attentisme est de mise. Les promoteurs hésitent à faire des concessions en termes de prix, alors que les éventuels acquéreurs continuent à reporter leur acte d'achat. D'ailleurs, ce même constat s'imposait dès le mois de juillet dernier (autre période propice aux acquisitions immobilières). Toutefois, les opérateurs de l'intermédiation immobilière recommandaient l'achat. Argument avancé : toute baisse atteint tôt ou tard ses limites. Mais si attentisme il y a, il a épargné deux grandes villes : «Casablanca et Rabat continueront à résister au mouvement de baisse des prix. La rareté du foncier y contribue largement», argumente cet intermédiaire. Confirmation de Laurent Boleau, directeur général de Selektimmo.com, portail Internet d'annonces immobilières faisant l'interface entre particuliers et agences : «À Casablanca, la demande est effectivement toujours solide, surtout pour des appartements dont le prix tourne autour du million de dirhams. La raison en est simple : le marché montre un réel déficit en matière d'appartements dont la valeur correspond à un tel budget». La clientèle s'adressant à cet opérateur affiche un net penchant pour des biens dont le prix de vente démarrerait à 800.000 DH et le budget maximum qu'elle destine à l'acquisition d'un appartement dans la métropole avoisinerait 1,4 millions de DH. La pénurie en matière d'offre est également la problématique à laquelle est soumise la ville d'Agadir. «L'offre reste en deçà des attentes, elle ne répond pas aux besoins manifestés par les demandes qui nous parviennent. Cette situation se confirme particulièrement au niveau de la Marina. De manière générale, le marché est stagnant, mais les prix se maintiennent sur l'ensemble des segments», indique à son tour Madiot Jean-Eudes, conseiller auprès de Century 21 à la Marina à Agadir. Sur ce site, le prix du m2 se situe entre 23.000 et 30.000 DH, des tarifs qui n'ont pas enregistré d'évolution depuis plus d'une année. Dans le quartier Suisse, traditionnellement «zone villas», il faut compter entre 11.000 et 13.000 DH le m2. Alors que les quartiers destinés aux «classes moyennes» affichent une moyenne de 11.000 DH le m2 pour celui de Taddart et de 9.000 DH le m2 pour les Amicales. Tous segments confondus, Agadir se maintient. Le segment du haut de gamme, toujours en baisse Ce n'est pas le cas pour Casablanca. En effet, le logement de haut de gamme trouve de plus en plus difficilement preneur. «Nous avons relevé un ralentissement de la demande sur ce segment et plus spécialement sur celui des villas de luxe. Ces dernières étaient particulièrement prisées par une certaine catégorie de clientèle. Aujourd'hui, il est devenu beaucoup plus difficile de les écouler», confirme Laurent Boleau. Il s'agit de biens immobiliers qui ne se vendent pas à moins de 5 millions de DH et qui se situent en dehors du centre urbain de Casablanca. La clientèle ciblée subirait-elle les conséquences de la crise financière ? Leur pouvoir d'achat a-t-il autant diminué ? «Les raisons sont inhérentes au récent comportement des établissements de crédit. Les banques se montrent de plus en plus prudentes dans l'octroi de financement destiné à des biens immobiliers de ce genre», oppose ce promoteur immobilier. Pour les autres villes, la question ne se pose pas essentiellement en ces termes. Ce sont réellement des tendances baissières qui se mettent en place. La ville ocre connaît ainsi une situation pouvant être qualifiée de «corrective». Alors qu'à Casablanca et Rabat, le déficit de l'offre en logements de moyen standing contribue à la stagnation des prix, à Marrakech, ce segment devient plus abordable. Profitant de la bulle spéculative immobilière, les promoteurs appliquaient les tarifs du haut standing à cette catégorie de logement. Résultat : d'après de nombreux opérateurs, la moyenne des prix dans un quartier haut standing, comme celui de l'Hivernage, a reculé plus de 15%. Même tendance dans la ville de Fès. Tous les segments sont touchés par la «crise». De 13.000 DH, le prix au m2 a régressé de quelque 25%, pour se fixer autour des 10.000 DH. Plus au Nord, la ville du Détroit subit les mêmes fluctuations. Encore que les programmes immobiliers destinés aux résidences secondaires continuent à attirer des clients, principalement originaires de Casablanca, contribuant ainsi à maintenir un certain dynamisme. Il faut cependant reconnaître que les prix restent raisonnables : dans le moyen de gamme, le prix du mètre carré est compris entre 6.200 et 6.500 DH. Et il y a encore des affaires à faire… L'année 2009 arrivant à son terme, personne ne s'attend à d'importants revirements de tendance. Les professionnels de la vente restent toutefois prudents dans leurs projections. «Si une évolution à la hausse se manifeste durant le 1er trimestre 2010, elle ne dépassera pas les 10%», précise Madiot Jean-Eudes à propos de la ville d'Agadir. Sur le plan du financement, «il est fort possible que les banques fassent preuve de plus de souplesse dans le traitement des demandes de crédits immobiliers», confie un chargé de clientèle auprès d'un organisme de financement de la place. Plus que deux semaines d'attente… Imane Azmi