Le Carrefour associatif dresse l'état des lieux du bénévolat et volontariat au Maroc. Ce collectif d'associations est actuellement à pied d'oeuvre pour la finalisation du rapport de son étude, la première du genre au Maroc. Elle a été pilotée par la conseillère et sociologue Michel Kasriel en collaboration avec des bénévoles et a duré plus de sept mois. «La première question qui a été abordée par l'étude est celle de la différence entre le bénévolat et le volontariat. Elles sont pratiquées au Maroc sous un même terme qui est «tataow» en arabe. Nombreux sont ceux qui confondent bénévolat et vonlontariat», explique Fatima Chahid, une des bénévoles ayant participé à la réalisation de l'étude. Elle a précisé que le volontariat engage des personnes dans un travail le plus souvent à vocation humanitaire et pour lequel elles perçoivent une indemnité. Par contre, le bénévolat est une activité non-rétribuée et qui peut être exercée librement et à tout moment. Selon Fatima Chahid, l'étude a essayé également de dresser les profils des personnes qui s'adonnent à ces deux pratiques. «Il s'avère que ce sont généralement les personnes âgées de plus de 40 ans qui s'engagent amplement dans le domaine du bénévolat. Ce sont des cadres et des responsables qui veulent partager leur expertise dans le domaine associatif», indique-t-elle avant de préciser que «les jeunes sont aussi très actifs dans le bénévolat et le volontariat mais leur participation reste minime par rapport à celle des personnes plus âgées». Pour cette acteur associatif, plusieurs facteurs expliquent l'absence des jeunes dans ces deux domaines. «Durant la réalisation de l'étude, on a eu plusieurs réunions avec des jeunes où l'on a débattu de ce problème. Pour bon nombre de jeunes, le bénévolat ne figure pas sur la liste de leurs priorités. Ils sont plus préoccupés par leurs problèmes quotidiens et leur avenir professionnel», explique Fatima Chahid. Et d'ajouter «Le manque de moyens pousse aussi les jeunes à ne pas se lancer dans le bénévolat. Cette pratique demande non seulement du temps mais également de l'argent». L'étude a été couronnée par la réalisation de deux chartes pour l'organisation du bénévolat et du volontariat. Les jeunes ne sont pas les seuls responsables de leur non-implication dans le bénévolat. Les associations ont aussi une part de responsabilité. «Dans plusieurs associations, le recrutement des bénévoles se fait dans un cercle très rétreint. Les associations ne s'ouvrent pas au public en diffusant à grande échelle des appels à recrutement de bénévoles», indique Fatima Chahid. Et de poursuivre : «Même quand une association recrute un bénévole, elle n'investit pas suffisamment pour réussir son intégration et son implication dans le travail associatif. Si l'accueil, la formation et l'encadrement ne sont pas réussis, le bénévole pourrait lâcher à tout moment». Pour Fatima Chahid, la formation des bénévoles doit être le souci non seulement des associations mais également des pouvoirs publics. Ces derniers doivent aussi assurer un cadre convenable pour le travail des bénévoles. «Au Maroc, les bénévoles n'ont pas d'assurance qui les protège en cas d'accident. De plus, leur travail n'est ni comptabilisé ni valorisé», déplore cette acteur associatif. Soulignons que ces résultats ont été au centre du débat lors d'un séminaire national organisé ce mois-ci à Rabat. Selon Fatima Chahid, près de 80 acteurs associatifs ont pris part à cette manifestation. Les résultats ont été enrichis par les interventions des différents participants. «Deux ateliers ont été au programme de ce séminaire. Ils ont été consacrés à la présentation et au débat autour des deux projets de charte pour l'organisation du bénévolat et du volontariat», indique Fatima Chahid qui a confié que le texte de ces deux projet était en cours de finalisation ainsi que le rapport final de l'étude. Dans ce dernier, ont été insérées plusieurs recommandations formulées par les participants au séminaire national. Parmi ces recommandations citons l'ouverture d'un dialogue avec l'Etat pour le soutien du bénévolat en accordant notamment des facilités de congé à des bénévoles pour partiticiper aux activités de leurs associations et en soutenant financièrement la formation des bénévoles. Les participants ont aussi appelé à la mise en place d'un fonds de formation des bénévoles. Dans le domaine du volontariat, les participants ont exprimé le souhait d'un cadre institutionnel organisant cette pratique et la création d'opportunités pour les jeunes pour acquérir de l'expérience dans les différentes régions du pays. Fatima Chahid a affirmé qu'à Carrefour Associatif le travail ne fait que commencer pour l'opérationalisation de ces recommandations en collaboration avec les différents acteurs associatifs. Etude Les étapes de l'élaboration Afin de mener à bien l'étude, le Carrefour associatif a veillé à l'implication du plus grand nombre possible d'acteurs. L'équipe de Michel Kasriel s'est appuyée sur les résultats de réflexions et de débats organisés dans trois ateliers régionaux, à Khémisset, Jérada et Essaouira. «Plus de 240 personnes ont participé à ces ateliers régionaux», indique Fatima Chahid. L'équipe a également pioché dans les résultats de recherches documentaires et exploité les écrits traitant des questions du bénévolat et du volontariat au Maroc ou à l'étranger. Selon Fatima Chahid, près de 40 entretiens ont été organisés avec divers acteurs associatifs et publics. L'équipe a aussi procédé à l'observation des pratiques in situ lors de visites aux associations. Des réunions avec des jeunes ont également été organisées. «Chaque rencontre réunissait entre 20 et 30 jeunes. Le débat a porté essentiellement sur le rôle de cette large frange de la population dans ces deux pratiques associatives», poursuit-t-elle. Notons que le rapport de l'étude sera diffusé à grande échelle une fois finalisé. Les deux chartes pour l'organisation du bénévolat et du volontariat seront soumises à la signature par les différents acteurs associatifs.