L'exercice budgétaire 2014 s'annonce dur. Le défi est de taille pour le nouveau joueur politique de l'équipe Benkirane, en l'occurrence le parti du RNI (Rassemblement national des indépendants), tenu à réussir là où le parti de l'Istiqlal a échoué et surtout rééquilibrer les comptes publics et restaurer les marges de manœuvre. Au moment où la lettre de cadrage budgétaire traîne encore en attendant l'atterrissage en douceur de l'ancien opposant, voici que les doutes s'installent pour entourer la pertinence et l'efficacité de l'élaboration du Projet de loi de finances 2014. Le constat interpelle effectivement Abdelaziz Aftati, député PJDiste. «Il serait très difficile de trouver des points communs avec l'avènement du RNI au pouvoir. Celui-là même a d'ailleurs une perception et une vision contredisant celle du gouvernement Benkirane I», avance-t-il. Pour ne citer que l'exemple de la réforme de la Caisse de compensation. Le parti de la Colombe ne risque-t-il pas de mettre en danger sa crédibilité et de nuire à son image politique en cédant au projet de réforme de cette caisse préparé par Benkirane ? Le membre du bureau politique du RNI, Hamza Benabdallah, nous avoue que son parti s'oppose aux solutions de facilité comme la distribution d'argent aux familles ciblées. La stratégie du RNI «Au cours des rounds de négociation, Mezouar a présenté au Chef du gouvernement le cap et la stratégie du parti qui comprend entre autres chantiers nos propositions concernant ce volet des subventions publiques », ajoute-Cela voudrait dire-t-il pour autant que Mezouar est invité à faire des concessions et accepter de jouer le jeu, lui (et son équipe) qui n'avaient cessé l'année dernière de tirer à coup de canons sur le Projet de loi de finances 2013 ? «Avant de parler de portefeuilles ministériels, on devrait d'abord mettre en place une plate forme solide de travail et assurer une convergence sur les priorités. Sinon, on préfère rester sur les bancs de l'opposition», déclare-t-il. Pour décrypter le message de Benabdallah, le parti veut faire ses propres pas en tirant les leçons et ne pas répéter les fautes des Istiqlaliens. Mais rien n'est sûr comme disent les politiques. Et le scénario du désaccord profond entre le PJD et l'Istiqlal «risque probablement de se reproduire» pour reprendre les propres termes de l'acteur RNIste. Même son de cloche chez Aftati qui lance que «le pire est de travailler avec un parti corrompu (RNI) faisant parti d'une classe politique pourrie». Il n'exclut même pas l'élite de son parti de la prévarication politique dont il parle. Un discours certes dur à avaler mais annonciateur des signes avant-coureurs sur la future feuille de route en gestation. Aux yeux de Benabdallah, l'exercice budgétaire 2014 s'annonce dur. Et de souligner que le nouveau gouvernement devrait faire face à un gros challenge surtout en ce qui concerne le volet social. « 2014 serait une année de l'opposition sociale par excellence», éclaire-t-il. Il pense en fait au mouvement syndical appelé à s'accentuer davantage avec l'alignement de l'actuel Secrétaire général du parti de l'Istiqlal et de sa centrale syndicale UGTM, Hamid Chabat, au rang de l'opposition. Sur le plan économique, Benabdallah garde un ton optimiste quoique la prochaine campagne agricole ne promet pas de bonnes récoltes. Il pense que l'expérience accumulée de son parti serait en mesure de surmonter les défis et de retrouver les niveaux de croissance de 2007.