Vous êtes ici : Actualités / Edito / Réalisme et mémoire en politique La décision du retrait de la grâce royale viendra, espérons-le, calmer les esprits et nous permettre de nous consacrer aux défis de la nouvelle formation gouvernementale qui se profile et dont la forme aura une incidence majeure sur notre vie au quotidien. Le RNI, par la voix de M. Mezouar, a annoncé ne pas vouloir faire de chantage sur le Chef du gouvernement et il faut saluer cette prise de position claire. Il est parfois utile de rappeler que le champ de référence a globalement changé et que les citoyens qui se contentaient de râler dans leur coin n'hésitent plus à manifester leur désaccord de manière tonitruante et parfois même excessive, que les réseaux sociaux offrent une caisse de résonance particulièrement forte à quiconque dispose d'une connexion internet et que tout le monde use de cette opportunité sans limite. Le piège dans cet exercice qui peut se faire passer pour de la démocratie directe reste celui de sa légitimité, de sa représentativité et surtout de ses objectifs, mais là n'est pas tout à fait le sujet du jour. Ceci étant dit, il est désormais moins facile pour un homme public de se livrer à une surenchère quelconque qui tomberait ensuite dans un oubli salvateur simplement pour «faire l'actu» ou arracher une décision immédiate mais éphémère. Ceci devrait donc conduire à des prises de position défendables sur le long terme parce qu'une fois exprimées elles viennent enrichir le corpus atemporel du champ politique dans lequel tout le monde peut puiser à sa guise, y compris pour mettre les uns et les autres devant des promesses intenables ou «oubliées». La gestion de la mémoire, qui est peut-être plus d'actualité aujourd'hui en politique, doit alors cohabiter avec le réalisme pour mieux défendre l'intérêt général et remiser au second plan les calculs politiciens qui égayent les chroniques de la presse. La coalition gouvernementale qui sortira des consultations en cours sera sous la loupe de tous les observateurs qui n'attendent qu'une chose, renforcer la stabilité du pays et offrir des perspectives attrayantes pour la majorité de nos concitoyens. La manière de parvenir à ce résultat sera au moins aussi importante que le résultat lui-même.