Vous êtes ici : Actualités / featured / Rabat : consommation effrénée à la Souika de Bab El Had Pléthore de corps en mouvement dans un espace borné avec des clients affluant sur les épiceries de toute denrée alimentaire dans la Souika de Bab El Had à Rabat. Une fois devant la grande porte de la Médina, ornée de gravures datant du 12e siècle, le visiteur sent une odeur alléchante qui émane de la « Chebakkia » et de ses dérivés. A deux pas des vendeurs de la « Chebakkia » et des crêpes, on flaire une odeur succulente provenant des grillades de poisson, notamment des sardines. Les débrouillards insatisfaits Certains grillent du poisson à feu vif, d'autres préparent des jus de différents fruits. Younes et Salah Eddine deux jeunes qui s'emparent d'un espace étroit pour mettre leur gril. Ils se débrouillent pour gagner leur argent de poche. « Puisque les élèves n'ont pas de cours, le moi de Ramadan est la très bonne occasion pour eux afin de gagner du fric », affirme Younes. Il ajoute qu'il travaille pour acheter des livres et payer les frais de la prochaine rentrée scolaire. Ces deux jeunes hommes constatent que le prix du poisson est très élevé au Maroc, alors que leur pays est bordé par l'océan Atlantique à l'ouest et la mer Méditerranée au nord. « Le prix du poisson a connu une hausse notable. Il a augmenté de 6%. C'est injuste et insupportable », nous annonce amèrement, Salah Eddine. Les deux amis gagnent, au maximum, 60 dirhams par jour. Ils se partagent la somme. Donc, ils reçoivent 30 Dh tout un chacun. « Mais c'est très minable, c'est un gain insuffisant pour vivre à Rabat », confirme Salah Eddine d'un ton triste. Les marchands du poisson guettent l'occasion : En Revanche, les poissonniers contredisent carrément les propos des débrouillards. Dans un espace du marché central de la Médina où l'eau coule en abondance de partout et où une odeur nauséabonde se dégage, s'installent quasiment une vingtaine de vendeurs de poisson. Selon Abdelaziz, le prix des sardines reste stable lors du Ramadan, entre 10 et 12 DH. De plus, il ajoute que le prix du poisson a baissé hormis la crevette qui est très onéreuse, 120 DH. « Les gens s'approvisionnent beaucoup en poisson. Durant le mois de Ramadan, on arrive à liquider tout genre de poisson qu'on achète en gros », surenchérit prétentieusement, Abdelaziz. De sa part, le président de l'Association des Poissonniers du marché central de la Médina de Rabat, Anas Charkaoui infirme totalement ce qu'Abdelaziz a avancé. « Le coût du poisson a augmenté avant le Ramadan. Cela est dû aux grèves répétitives», nous confie t-il en tant qu'expert. Contrairement à Abdelaziz, Charkaoui annonce que le prix des sardines varie de 20 à 25 DH le kilogramme. Le poisson très prisé par les Rbatis Durant ce mois sacré les gens sont très avides de poissons. Ils en achètent trop. « Personnellement, on ne m'ôtera pas de l'idée que le poisson est incontournable lors de la rupture du jeûne. Le poisson est un régal pour moi », insiste Milouda en observant les différents types de produits marins devant elle. Même si le poisson fait parti des mets délicats, raffinés et indispensables à la santé, pas tout le monde peut l'avoir dans son frigo. Nadia, amie de Milouda, affirme que la consommation de chacun de nous dépend de son revenu. « On ne peut pas s'efforcer d'acheter de la crevette qui coûte 120 DH tandis qu'on ne gagne même pas 80 Dh par jour. C'est de la folie! », rétorque Nadia. La « Chebbakia » a toujours la cote Outre les poissons, les marocains raffolent de la « Chebbakia » et de ses dérivés. Abdelhak, un jeune qui prépare des feuilles de pastilla, est actif tout au long de l'année. Durant le Ramadan, il en vend jusqu'à 60 kilos par jour. Les feuilles de pastilla coûtent 25 DH le kilo. « Je travaille toute l'année afin de gagner ma vie dignement », lance Abdelhak. Mohamed, un autre vendeur de « Chebbakia » à côté d'Abdelhak, affirme, avec force, que les jeûneurs achètent avec appétit. Le prix de la « Chebbakia » est de 25 DHs. « On peut vendre entre 100 et 200 kilos. Plus on vend, plus on gagne », dit Mohamed d'un ton jovial. Chaque Ramadan a ses particularités. La consommation des denrées alimentaires change d'année en année. Cette année les poissons et la « Chebbakia » sont en tête des produits consommés par les jeûneurs. Mais, il reste que chacun de ces produits a son prix et ses amants. Le prix du poisson a connu des fluctuations importantes les deux derniers mois. La « Chebbakia » et tout genre de gâteaux ont gardé leurs prix habituels, entre 25 et 40 DH le kilo. Mais, la question qu'on se pose est la suivante : Ramadan, est-ce un mois d'abstinence, de piété et de prière ou une période de consommation par excellence ? . adil chadli (stagiaire)