Vous êtes ici : Actualités / A La Une / 5e Fashion Days Gil Tardieu, en scène ! Homme orchestre de la scénographie de la 5e édition des Fashion Days, Gil Tardieu est né à Paris en 1953. Fruits des amours de parents eurasiens, il suit des études secondaires au lycée Condorcet de la capitale. Esprit déjà ouvert sur le monde qui l'entoure, il poursuit ensuite, des études supérieures d'anglais et de chinois. Toujours en quête de renouvellement et à l'affût d'autres expériences, il entame parallèlement des cours de danse à l'école de danse du Châtelet section danse classique ainsi qu'avec différents chorégraphes américains de modern jazz. Véritable bourreau de travail, il s'impose définitivement sur le devant de la scène artistique de la danse et connaît un succès retentissant quelques temps plus tard : sa carrière de danseur est alors lancée au plus fort des années 70 et au milieu des années 80 en place de music hall comme le Moulin rouge, Gil Tardieu enchaîne dès lors nombre de tournées avec de multiples chanteurs. Artiste accompli aux talents divers, il devient plus tard chorégraphe et signe les chorégraphies de plusieurs clips et publicités, émissions de télévision et visuels télé pour de nombreuses émissions et spectacles : Olympia, le Zéntih, le Palais Omnisport de Bercy, le Cirque d'Hiver. Comment êtes-vous venu à la mode ? J'ai eu une première vie, en tant que danseur, puis chorégraphe, ayant suivi l'évolution naturelle de ce cheminement. Au plus fort des années 90, période où a véritablement explosé la création de la mode, on m'a alors demandé de chorégraphier le défilé de la marque adidas. J'ai ainsi, commencé à développer un travail particulièrement stimulant aux côtés des danseurs. D'emblée, l'énergie communicative et surtout le challenge qui en émanaient m'ont séduit, j'ai adoré mélanger le vêtement au mouvement. J'ai ensuite, décidé de me consacrer à cet univers et j'ai peu à peu gravi tous les échelons. Je me suis dès lors, entièrement tourné vers la scénographie de défilés. En quoi cela diffère-t-il de votre formation première liée à la danse ? Un défilé est un événement unique, contrairement à un ballet qui a plusieurs vies par la multiplicité de ses représentations, je n'ai par conséquent pas droit à l'erreur. La scénographie rassemble de plus, de nombreuses et différentes complémentarités, comme le travail de la scène, de la lumière et du son, c'est une question d'harmonie destinée à mettre en valeur un vêtement. Il s'agit sans nul doute, d'un art à part entière. Je n'ai de plus, pas droit à l'erreur car ceci entraînerait un échec personnel, suivi de celui de la marque. Mes diverses expériences avec de grands couturiers et des maisons de prestige, m'ont notamment servi dans mon art aujourd'hui. De quoi vous inspirez-vous pour penser les contours d'une scénographie ? Cela est très variable. En ce qui concerne celle de la 5e édition des Fashion Days, j'ai gardé à l'esprit la thématique évoquée, « le Maroc en couleurs ». J'ai ainsi, jouer sur la féérie du regard mais mon inspiration peut s'étendre à l'humeur et à l'actualité du moment. A ce titre, je pense au film « Gatsby le magnifique », dont on a énormément entendu parler, et à l'inspiration des années 20 qui a également traversé certaines des pièces présentées lors du défilé du samedi 29 juin au Four Season Resort de Marrakech, même pour ce qui a trait aux références musicales. Plus généralement, l'époque des années 50, peut aussi être une source évocatrice et j'ai un attrait particulier pour le côté futuriste, qui n'exprime pas forcément la maturité de la femme mais incarne une réelle avancée, comme l'esprit des collections de Paco Rabanne qui a connu une incroyable percée dans les années 70 et 80, avec l'apparition de robes en métal très esthétiques. J'aime l'idée du renouvellement constant et d'une poussé en avant ambiante dans le monde de la mode. Comment avez-vous vécu ces deux soirées de défilé très intenses lors de la 5e édition des Fashion Days ? Très chaleureusement ! Etant donné la forte chaleur ambiante… (Rires). J'adore le Four Season Resort, on y est certes, coupé du monde mais cela nous a insufflé la concentration nécessaire à ces deux défilés, qui se suivaient d'un soir à l'autre. Je l'ai bien vécu, même si la mise en place s'est avérée lourde : 34 stylistes qui présentent leurs collections en deux jours… A la fin, j'étais épuisé, je me suis endormi sur le fauteuil du lobby… Avoir un œil sur la bonne marche de l'organisation, n'est pas chose aisée. Que souhaiteriez-vous améliorer pour la 6e édition des Fashion Days ? Une meilleure gestion des coulisses, ici, les gens viennent accompagnés, or c'est un espace qui doit être fermé au public. Etes-vous confiant pour l'avenir de la mode et de la haute-couture au Maroc ? Oui, car au Maroc comme au Moyen-Orient, la femme s'habille dans la rue alors qu'à Paris, on voit un défilé de « gris souris ». Il existe une tradition de la beauté, du goût prononcé pour le vêtement, d'une évidente envie de couleurs au cours des cérémonies, des mariages, des fiançailles. La mode est bien vivante et n'est pas uniquement réservée à une élite, elle s'adresse au plus grand nombre. J'ai par le passé, travaillé sur des costumes et des caftans ici, déjà il y a plus de 50 ans, le travail et le soin apporté au vêtement était d'une rare précision, cette tradition est plus que jamais ancrée aujourd'hui.