Le ministre de la Santé s'est rétracté. El Houssaine Louardi nie, dans un communiqué publié le 17 mai, avoir adressé au Secrétariat général des écrits lui demandant de procéder à la fermeture ou à l'application des sanctions à l'encontre de 10 cliniques, inspectées par ses services en 2013. Or, la veille, à savoir le 16 mai, le département de communication du ministre PPS de la Santé a adressé à notre rédaction un communiqué titré « Inspection des cliniques » et dans lequel il affirme que 170 cliniques ont été inspectées en 2013 dont 10 établissements ont été jugés « défaillants ». La tutelle reproche à ces cliniques « l'exercice illégal de la médecine » et « la non-conformité aux normes ». « Des écrits ont été envoyés au Secrétariat général du gouvernement (SGG) pour prendre les dispositions appropriées pour fermeture ou mesures à prendre (sanctions) en raison d'une non-conformité aux normes ou exercice illégale de la médecine », souligne, noir sur blanc, le ministère de la Santé, dans son communiqué. Quelles sont les raisons qui ont contraint le ministre de la Santé à se rétracter ? Nous ne le saurons pas. Interrogé par Le Soir échos, El Houssaine Louardi maintient sa position. De son côté le Syndicat national des cliniques du Maroc et le syndicat national des médecins du secteur privé affirment ne rien comprendre à la « manœuvre du ministre ». Pour tirer tout cela au clair, une réunion est prévu aujourd'hui lundi 20 mai entre ces syndicats et le ministre de la Santé. A noter que le syndicat national des cliniques du Maroc et le syndicat national des médecins du secteur privé ont porté plainte contre El Houssaine Louardi au tribunal administratif de Rabat. Il les accuse de « violation de la loi ». Le procès débutera le 6 juin. Pour rappel, le ministère de la Santé avait adressé en 2012 une circulaire dans laquelle il interdit aux médecins du public de travailler dans le privé. Il a même brandi l'arme des sanctions à l'encontre des médecins et la menace de fermeture à l'encontre des cliniques. La décision a suscité un tollé. Les professionnels du public ont observé une grève, ce qui a mis le ministre de la Santé dans une situation embarrassante. Résultat ? Le ministre de la Santé se rétracte. Il conclut un accord avec le ministère de l'Enseignement Supérieur et le SNEsup (syndicat national de l'enseignement supérieur) pour permettre aux médecins enseignants chercheurs des facultés de médecin de travailler dans le privé au cours des week-end. Cependant, le document porte uniquement le cachet de l'enseignement supérieur et du SNEsup. Celui du ministère de la Santé n'y figure pas. Un autre accord a été également conclu entre le ministère de la Santé et le syndicat indépendant des médecins du secteur public permettant aux médecins fonctionnaires de travailler également le week-end dans le privé, toutefois, il ne porte pas la signature du ministre. Le ministère de la santé tient une position ambiguë La position du ministre de la Santé est jugée par le syndicat national des cliniques privées et le syndicat national des médecins du secteur privé d'ambiguë. Récemment, le ministère de la Santé revient à la charge pour proférer des menaces contre les cliniques et les médecins du public. Dans une lettre adressée à l'association nationale des cliniques, il écrit « qu'en dehors des derniers accords avec les partenaires sociaux, la pratique de l'exercice illégal, par tout le personnel du ministère de la Santé, n'est nullement tolérable ». « Nous voulons que le ministre affirme ou infirme ces accords. Nous voulons qu'il dise les choses clairement. Si ces accords sont réels et bien ils sont illégaux car ils sont en contradiction avec la loi», affirme Ahmed Filali, président du syndicat national des cliniques. Même son de cloche chez le secrétaire général du syndicat national des médecins du secteur libéral. «Le ministre de la Santé Houssaine EL Louardi agit avec deux poids deux mesures. Il a publié une circulaire interdisant aux professionnels fonctionnaires de pratiquer la médecine dans les cliniques. C'est un rappel à l'ordre puisque la mesure est prévue dans la loi relatif à l'exercice de la médecine. L'article 55 stipule clairement qu'il est interdit à tout médecin inscrit au tableau de l'Ordre en qualité de médecin fonctionnaire de n'ccomplir aucun acte de sa profession en dehors du service public auprès duquel il est régulièrement affecté, hormis le cas où il doit porter secours et assistance à personne en danger. Mais d'un autre côté, il conclut des accords pour permettre aux médecins fonctionnaires de travailler dans le privé les week-end », «indique Mohamed Bennani Naciri. On ne peut pas violer la loi à moitié. Où est la crédibilité du ministère et du Gouvernement ?», s'interroge-t-il. On se demande bien à quoi joue le ministre de la Santé… .