«Le coût de la vie a augmenté et Benkirane nous a lâché » scandaient les manifestants réunis hier avenue Mohammed V à Rabat. Les slogans se sont multipliés mais l'appel à la chute du gouvernement et au départ de Benkirane ont marqué la marche de protestation. Les syndicats tiennent le gouvernement responsable de la dégradation de la situation socio-économique du pays. « Où est la justice ? Où est le développement ? » lançaient des manifestants interpellant le PJD. Au-delà des revendications d'ordres social et économique, la marche de dimanche a principalement appelé à la dissolution du gouvernement et à la démission de Abdelilah Benkirane. Quelques milliers de manifestants ont défilé hier à Rabat afin de dénoncer l'augmentation du coût de la vie, la corruption et la répression des libertés syndicales, entre autres revendications. La marche qui a débuté à Bab El Had à 10 heures s'est achevée en face du siège du Parlement. Le 16 mars, la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) se sont réunies pour déterminer leur plan d'action, lançant un appel à manifester ce 31 mars. Les partis de la gauche ont répondu à l'appel (l'USFP, le Parti de l'avant-garde démocratique et socialiste (PADS), Annahj Addimocrati, le Congrès national Ittihadi), ainsi que certaines sections du mouvement du 20 février. Appel à la reprise du dialogue social Les syndicats accusent l'actuel gouvernement de se dérober à toute négociation des revendications syndicales. L'appel à manifestation lancé il y a quelques semaines a pour but de « contrecarrer le gouvernement qui fait litière des droits et des libertés syndicales, bafoue le droit de grève à travers les prélèvements sur les salaires des grévistes, piétine la dignité des salariés et des fonctionnaires, et vide le dialogue social de tout contenu », peut-on lire dans un rapport du Bureau central de la FDT. « El Ouafa : 0/20 », « La santé est en réanimation », « Les ponctions sur salaires sont un crime », autant de messages qu'on pouvait lire sur les pancartes brandies par les manifestants. Hier, les syndicalistes sont également descendus dans la rue afin de dénoncer la répression des libertés syndicales, les prélèvements sur salaires des grévistes et l'application de l'article 288 du code pénal punissant « de l'emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 200 à 5 000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement, quiconque, à l'aide de violences, voies de fait, menaces ou manœuvres frauduleuses, a amené ou maintenu, tenté d'amener ou de maintenir, une cessation concertée du travail, dans le but de forcer la hausse ou la baisse des salaires ou de porter atteinte au libre exercice de l'industrie ou du travail ». Parmi les revendications des syndicats, l'amélioration des conditions de travail, l'augmentation du pouvoir d'achat, l'application de la rémunération variable et la révision des textes de loi, de la grille des salaires, ainsi que la réforme du système fiscal et du système des retraites. Autre revendication : l'application des termes de l'accord du 26 avril 2011 aboutit suite à plusieurs rounds de négociations entre les syndicats et le gouvernement El Fassi dans le cadre du dialogue social. Certains éléments de cet accord ont été réalisés depuis, notamment l'augmentation du SMIG de 15 %, mais de nombreux éléments de cet accord ne le sont pas encore. Il s'agit entre autres de la suppression de l'article 288 du code pénal, de la réforme du mode d'élection des commissions paritaires, de la révision du plafond du salaire de référence pour le calcul de la pension de retraite servie par la CNSS, de la ratification de la convention internationale n°87 sur la liberté syndicale, ainsi que de l'adoption d'une loi sur les syndicats et d'une loi organique sur le droit de grève. La FDT avait appelé le gouvernement il y a quelques semaines dans un communiqué à ouvrir «un dialogue tripartite réel en tant que mécanisme efficace pour institutionnaliser le dialogue social et ce, conformément aux conventions de l'OIT ».