La maladie rénale chronique est très fréquente au Maroc. Elle touche 2,9% de la population adulte, soit 1,5 million de personnes. C'est ce qui ressort de l'enquête sur la prévalence et les facteurs de risques de la maladie rénale chronique réalisée par le ministère de la Santé, en partenariat avec la Société marocaine de néphrologie, la Société internationale de néphrologie (ISN) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « Il s'agit de la première et la plus large enquête entreprise au niveau du continent africain et du monde arabe », se félicite Mohamed Benghanem, professeur universitaire à la faculté de médecine à Rabat et l'un des coordinateurs de cette étude de terrain. Ce résultat concerne la première étape de l'étude menée sur 3 années pour mesurer la prévalence et les facteurs de risques de la maladie rénale chronique sur un échantillon représentatif de la population marocaine de 10 524 personnes, âgées entre 26 à 70 ans. « La maladie rénale chronique est un processus pathologique touchant les reins ayant un potentiel de perdre les fonctions des reins. On parle d'une insuffisance rénale chronique lorsque le rein perd sa fonction. 1,6% de la population marocaine en sont atteints», explique Dr. Mohamed Benghanem. La prévention, une nécessité La maladie rénale chronique (MRC) est fréquente et longtemps silencieuse. D'où l'intérêt du dépistage précoce avant d'atteindre la phase terminale. Le dépistage des populations à risque permet d'éviter ou de retarder le passage au stade terminal de l'insuffisance rénale nécessitant un traitement de suppléance (dialyse ou greffe rénale) et de réduire les complications associées, principalement cardiovasculaires. Les professionnels de la santé ne cessent de sensibiliser l'opinion publique et les pouvoirs publics quant à l'importance de la prévention. « L'augmentation prévue du nombre de patients en phase terminale de maladies rénales dans notre pays pose le risque que les ressources de soins de santé sont insuffisantes pour garantir une couverture complète des frais de dialyse. La prévention apparaît comme une nécessité », met en garde l'association REINS (association marocaine de lutte contre les maladies rénales). Par ailleurs, l'enquête s'est intéressée aux causes qui provoquent ces maladies rénales chroniques. Elle révèle ainsi que le diabète est la principale cause avec 32,8%, suivi de l'hypertension (28,2%) et la lithiase urinaire (9,2%). « L'étude a montré aussi que les principaux facteurs de risques pour l'apparition d'une maladie rénale chronique sont présents chez 16,7% de la population adulte pour l'hypertension artérielle, 13,8% de la population pour le diabète et 23,2% de la population pour l'obésité », souligne les auteurs de cette étude. D'autres facteurs d'exposition pouvant favoriser le développement de la maladie rénale chronique ont également été étudiés. Il s'agit principalement de l'usage excessif de plantes médicinales retrouvé chez 2,9%, de l'utilisation abusive et hors prescription médicale de médicaments analgésiques chez 4,7%, et du tabagisme chez 4,7%. Ces résultats concernent uniquement la première phase de l'enquête. La deuxième phase de l'enquête se déroulera sur les 5 prochaines années en vue de renforcer le dépistage et la prise en charge de la maladie rénale chronique au niveau des structures sanitaires nationales et d'engager une politique nationale de prévention de l'insuffisance rénale chronique. « La deuxième phase de l'étude consiste à traiter les personnes atteintes de la maladie rénale chronique et d'assurer un suivi de leur état de santé durant les 5 prochaines années. Ces résultats nous permettront de tracer une feuille de route pour la prise en charge des maladies rénales chroniques au Maroc et de définir une politique de prévention l'insuffisance rénale chronique », poursuit Mohamed Benghanem, professeur universitaire à la faculté de médecine à Rabat et l'un des coordinateurs de cette étude. Selon ce professionnel, cette enquête est la première au monde où l'OMS est impliquée.