Le ministère de la santé vient de dévoiler les résultats de son enquête sur la maladie rénale chronique au Maroc. Cette étude qui a été menée en partenariat avec la Société marocaine de néphrologie, la Société Internationale de néphrologie (ISN) et l'OMS durant trois années et qui a porté sur un échantillon représentatif national de 10.524 personnes âgées entre 26 et 70 ans fournit des données descriptives et explicatives sur cette maladie. Selon cette enquête, la maladie rénale chronique touche 2,9% de la population adulte. Les personnes souffrant de diabète, d'obésité et d'hypertension artérielle sont les plus exposées à la maladie. En effet, l'étude a montré aussi que les principaux facteurs de risques pour l'apparition de cette pathologie sont présents chez 16,7% de la population adulte pour l'hypertension artérielle, 13,8% de la population pour le diabète et 23,2% de la population pour l'obésité. Parmi les principales causes de cette pathologie, le diabète arrive en tête (32,8%) suivi de l'hypertension artérielle (28,2%) et la lithiase urinaire (9,2%). Il n'est pas inutile de rappeler à ce sujet que la néphropathie diabétique est une complication rénale du diabète. Selon l'association «Reins», jusqu'à 50% des personnes atteintes de diabète peuvent présenter des signes précoces de maladie rénale (néphropathie diabétique). Les vaisseaux des reins peuvent être atteints et provoquer une néphropathie, maladie du rein pouvant entraîner une insuffisance rénale. A noter que 40% de diabète de type 1 (insulinodépendant) et 10% de diabète de type 2 (non insulinodépendant) développeront des problèmes rénaux menant à l'insuffisance rénale. D'après l'enquête du ministère de la santé, il existe d'autres facteurs d'exposition qui peuvent favoriser le développement de la maladie rénale chronique. Il s'agit principalement de l'utilisation abusive et hors prescription médicale de médicaments analgésiques (4,7%), du tabagisme (4,7%) et de l'usage excessif de plantes médicinales retrouvé chez 2,9% des patients. A la différence d'autres maladies, l'insuffisance rénale peut évoluer silencieusement jusqu'à un stade relativement avancé. L'hypertension artérielle est souvent la première manifestation clinique de l'insuffisance rénale. Quant aux symptômes cliniques précoces (fatigue, baisse de l'appétit, essoufflement…), ceux-ci sont peu spécifiques et peuvent être attribuables à beaucoup d'autres causes. Les reins peuvent perdre plus de 80 à 90% de leurs fonctions avant d'entraîner une baisse de la production d'urine. A ce stade, le recours à la dialyse est nécessaire et les chances de récupération sont très faibles. Pour lutter contre ce tueur silencieux, il est primordial de traiter la maladie dès les premiers stades afin de ralentir l'évolution vers la phase ultime. Si aucun traitement n'est, à l'heure actuelle, capable de restaurer un fonctionnement normal des reins, il est toujours possible de ralentir la progression de la maladie. C'est pourquoi la prise en charge doit débuter le plus tôt possible. La deuxième phase de cette enquête qui se déroulera sur les 5 prochaines années sera axée sur le dépistage et la prise en charge de la maladie au niveau des structures sanitaires nationales. L'objectif étant d'engager une politique nationale de prévention de l'insuffisance rénale chronique. Une pathologie qui continue d'être méconnue alors que 60.000 Marocains seront atteints d'insuffisance rénale en 2020. Selon l'association Reins, 60.000 Marocains seront atteints d'insuffisance rénale en 2020. Et pourtant, cette pathologie continue d'être méconnue. En effet, la grande majorité des patients soit 55% ont découvert la maladie à l'occasion d'un bilan. Ils sont 20% à l'avoir découverte à travers une anémie, 14% à cause de vomissements et 10% à la suite d'une opération chirurgicale. Depuis sa création, l'association «Reins» soutient et encourage la greffe qui permet une économie d'argent et offre une meilleure qualité de vie que la dialyse. Cela dit, force est de constater que les professionnels de santé au Maroc ont une connaissance limitée de la greffe d'organe. C'est du moins le principal constat d'une étude qui avait été réalisée par l'association en 2012 auprès de 1.044 professionnels de santé. Cette étude avait révélé que la moitié des interrogés, soit 517 personnes, ont une connaissance moyenne de la greffe d'organe tandis que 30% ont déclaré avoir une connaissance médiocre de la greffe. Autre constat alarmant : 70% des professionnels de santé n'ont aucune formation sur la greffe et le don d'organe. Seulement 17% ont assisté à des conférences sur le sujet. Par ailleurs, les résultats avaient montré que 60% des professionnels de santé ne connaissent pas la législation en matière de greffe et n'ont aucune connaissance sur les positions de l'Islam sur ce sujet. Cette ignorance avait été jugée «inacceptable» par l'association. Pour remédier à cette situation, l'association avait appelé à une formation médicale spécifique et continue au profit du personnel de santé.