Véritable fleuron de sa région et pays natal de plusieurs éminents entrepreneurs et personnalités politiques, la ville de Tafraout n'a toujours pas brisé les barrières de l'Anti-Atlas et languit toujours à cause de son isolement. L'association Issafarane pour la santé et le développement, constituée essentiellement de médecins originaires de la cité du sud ont donc donné naissance au Trail et semi-marathon de Tafraout qui a soufflé sa première bougie ce weekend. Cette manifestation sportive, organisée sous le thème : « Le sport au service de la Santé », avait pour objectif d'attirer l'attention de tous les intervenants susceptibles de participer à l'essor de la ville et de l'extirper de sa réclusion. L'occasion était également de promouvoir la pratique sportive -notamment l'athlétisme- dans une région qui mise surtout sur les sports de montagne (randonnée, parapente, escalade…). Avec l'appui de la Fédération Royale de Ski et Sports de Montagne et les autorités locales (région de Tiznit), Issafarne a ainsi créé un événement qui a élu un illustre athlète au poste de directeur technique : Lahcen Ahansal. Le maître incontesté du Marathon des Sables a mis son expérience à disposition des organisateurs du Trail, et ce dans le but d' « élargir la contribution au développement d'autres régions de mon pays (en plus de Zagora, sa ville natale), à travers « les Trails des 4 saisons ». Une épreuve marathon dans quatre régions du Maroc aux profils très différents avec des parcours en haute et moyenne montagne, en bord de mer, dans les oasis et dans le désert ». Après l'Extrême Marathon de Zagora (Décembre 2012), le Trail de Tafraout était la deuxième étape de ce tour du royaume. Un événement qui a attiré bon nombre de sportifs et de supports médiatiques, offrant une occasion en or aux responsables locaux pour lever le voile sur plusieurs chantiers structurels et mettre en valeur les atouts touristiques et les spécificités naturelles de Tafraout. Un parcours digne de l'événement A côté de son étiquette sportive, le Trail Atlas Tafraout était également une opportunité pour présenter les richesses naturelles de l'Anti-Atlas. Des sites désertiques parsemés de rochers de granite, des forêts d'amandiers et d'arganiers, des oasis, des produits de terroir et une faune et flore typiquement locales font la particularité de cette région réputée pour son huile d'argan et les plats qui en sont dérivés. Vendredi, dès la première heure de la matinée, plus de 200 randonneurs se sont retrouvés sur la ligne de départ pour arpenter un circuit touristique montagnard, dénommé « Parcours de la Gazelle ». Le lendemain à 7h, le Trail de 65 km commençait avec 80 participants qui ont défié un tracé magnifique mais difficile à négocier. Deux heures plus tard, le coup d'envoi du semi-marathon (21km) était donné avec 350 coureurs. Une heure et sept minutes ensuite, le vainqueur de cette première édition (pour la deuxième distance) Taoufik El Barhoumi franchissait la ligne d'arrivée après avoir été mené lors des 12 premiers kilomètres (1h07'14''). Côté féminin, Lalla Samira Selsouli Alaoui a brigué le leadership. Pour le Trail, on devait attendre 13h45 pour voir le plus rapide des concurrents remporter l'Atlas Tafraout, avec un temps qui fait honneur à la manifestation (Mouha Mouddouji avec 4h43'58''). Le titulaire de la première marche avait déjà remporté le marathon de Zagora à quatre reprises successives, et avait pris part à plusieurs autres échéances en dehors du pays (en Chine et au Pérou). Le seul bémol ayant semé le doute lors de cette journée est la chamaille née entre la première et la deuxième dame ayant dépassé l'arrivée toujours en Trail, puisque les deux se disputent la pole position (des témoins ont affirmé avoir vu la première se faire déposer par un automobiliste). Suite à la contestation enclenchée par la seconde au classement général, une commission technique a été créée et devrait trancher et déclarer la gagnante en début de semaine. Cette première édition a donc permis à plusieurs jeunes issus de la région d'exprimer leur attachement au sport et à l'athlétisme surtout, après avoir longtemps souffert d'un calendrier vierge. « C'est la première fois que je m'essaye au semi-marathon. Je m'entraîne depuis longtemps, mais je n'ai pas eu l'occasion d'affronter des concurrents de poids », nous confie Abdelghafour, jeune résident à Tafraout. À noter que le semi-marathon comptait dans ses rangs un Français non-voyant qui a bel et bien bouclé les 21 km malgré son handicap. Tafraout fête ses premiers champions Hormis quelques gaffes à mettre sur l'ardoise des organisateurs et dues surtout à la nouveauté de la manifestation selon les propos d'Ahansal, l'Atlas Tafraout a été un pari gagné. Les deux courses ont dégagé des coureurs en herbe qui devraient représenter la ville dans quelques années, en plus d'avoir mobilisé la population locale dont plusieurs membres ont pu profiter d'une campagne de sensibilisation médicale. Les athlètes de Tafraout ont également pu côtoyer leurs semblables plus expérimentés des autres villes du royaume, mais aussi ceux évoluants à l'étranger. Le directeur technique du Trail Atlas Tafraout n'a par ailleurs pas omis de rappeler la difficulté du circuit emprunté par les marathoniens, notamment sur les 65 km qui serpentent des zones d'altitude (1750 m) et des plaines moins élevées (910 m). Les internationaux ont également répondu présent avec la participation de quelques 20 coureurs d'une quinzaine de pays, divisés sur les deux disciplines. Des prix étaient au rendez-vous pour les gagnants de chaque catégorie : un chèque de 20 000 DH pour le gagnant du Trail rafle et 10 000 DH et 5000 DH pour le deuxième et troisième au podium (même récompenses chez les dames). Pour le semi-marathon, les primes se situaient entre 10 000 DH et 3 000 DH pour les sixpremiers. La journée de samedi a été clôturée par une soirée de Gala (curieusement animée par Lahcen Ahansal), dans l'une des places récemment aménagées de Tafraout et a connu la remise des prix aux athlètes couronnés sur les différentes distances. Un hommage a également été rendu à Bouyahyaoui, un athlète handicapé issu de Tafraout et dont « le CV est bien musclé et riche en participations à plusieurs marathons », selon Ahansal.