Challengers arabes, prière de s'abstenir ! On aurait dû accrocher cette mention dans les aéroports de l'Afrique du Sud, pour que les pays de l'Afrique du Nord se fassent à leur élimination dès l'entame. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie ont battu en retraite et scellé l'échec arabe en cette 29 édition de la CAN, rappelant le poids crucial de l'Egypte en cette compétition. Les Aigles de Carthage auraient pu briser le sort, mais n'ont pas été suffisamment incisifs face au Togo d'Emmanuel Adebayor, qui a mis bec et ongle pour arracher sa qualification mercredi. Les Eperviers ont d'ailleurs été les premiers à annoncer les couleurs, avec une réalisation de Gakpe dès la 13e minute. D'abord assommés, les hommes de Sami Trabelsi se sont ressaisis en remettant les pendules à l'heure grâce à un penalty transformé par Khalid Mouelhi (30'). Le match nul n'était pas de grand secours pour les coéquipiers de Lemsakni, qui devaient remporter la rencontre pour mettre les pieds en quarts. Mais les Eperviers, on ne peut plus coriaces et obstinés, ont déjoué toutes les tentatives tunisiennes. Même sur un deuxième penalty, Mouelhi n'a pas su récidiver. Il a heurté le poteau, privant les siens d'une qualification pourtant à leur portée. Première pour le Togo Le Togo n'est pas resté sans réactions, puisqu'Adebayor a raté de peu le break à vingt minutes de la fin lorsqu'un ballon repris par sa tête était renvoyé par la transversale. L'arbitre s'est également distingué, en avalant son sifflet sur un penalty de la Tunisie et au moins deux pour la Côte d'Ivoire. Finalement, le Togo s'est fait justice et a tenu bon jusqu'au terme du match (1-1), empochant un précieux ticket pour le second tour, le premier de son histoire. E. Adebayor n'a pas caché sa satisfaction quelques minutes plus tard en déclarant : « C'est historique! Il y avait une place dans l'histoire qui nous attendait. Il y avait des grands joueurs qui nous mettaient derniers du groupe, et aujourd'hui on a démontré le contraire. Même si on a une équipe très défensive, qui joue bien en défense, on défend et on attaque ensemble, je ne peux être que satisfait ce soir. Il y a la première qualification pour le deuxième tour de la CAN. Je suis très content pour les joueurs et mon pays, je n'imagine même pas ce qui s'y passe à l'heure actuelle, ça doit être très fort, d'autant plus qu'il y a toujours du monde devant chez moi. Peut-être que l'arbitre n'a pas vu les penalties pour nous en sifflant pour les Tunisiens, mais maintenant on est qualifié et la Tunisie est éliminée. » a-t-il précisé avec un net accent revanchard. L'autre match comptant pour la même poule (D) a vu l'Algérie accrocher l'ultra-favori de l'édition : la Côte d'Ivoire. Les Eléphants se sont fait des frayeurs (menés à 2-0, 64' et 70'), avant de revenir à la charge et d'égaliser par Drogba et Bony en 5 minutes (77' et 81'). Les Fennecs se consolent par le point d'honneur, et quittent la compétition par la petite porte. Les Ivoiriens, eux, terminent le premier tour avec l'attaque la plus prolifique : 7 buts, et donnent rendez-vous au Nigeria pour un match qui promet des ébats sulfureux. Les Maghrébins à la trappe Décidément, la CAN 2013 ne fut point de bonne augure pour le Maghreb. Les trois mousquetaires représentant les pays arabes ont plié bagages assez tôt cette année, avec l'éjection de l'Algérie d'abord, puis du Maroc et plus récemment de la Tunisie. Les Aigles de Carthage, grands habitués de la compétition, n'ont effectivement pas dérogé à la règle, en imitant leurs semblables nordistes après un match nul décevant face au Togo. Un constat qui nous pousse à reconsidérer la place des formations nord-africaines dans la carte footballistique du continent, et qui nous mène à penser que le football africain commencerait à les surclasser en termes de qualité de jeu et d'efficacité surtout. Parmi les trois sélections sinistrées, les Fennecs ont été les seuls à confier les rênes de l'équipe à un coach étranger : Vahid Halilhodzic, un choix qui n'a pas épargné les Algériens. C'est dire que le problème ne parviendrait pas forcément de l'entraîneur, quoique son rôle demeure prépondérant, mais surtout du mental et des conceptions des joueurs eux-mêmes. Ils sont les leviers principaux d'une équipe et peuvent pallier une vision erronée ou bornée du coach sur pelouse, par le biais de la cohésion et de la combativité. Les Marocains et les Algériens ont démontrés cet esprit en fin de phase de groupes, contrairement au Tunisiens qui ont épuisé leurs ressources après le premier match remporté. Un plat varié en premier tour La CAN sud-africaine s'est donc montrée sans pitié avec ces nations, mais aussi avec le tenant du titre et d'autres accoutumés des quarts de finale (comme l'Angola). La hiérarchie a été respectée, avec le passage des têtes d'affiches que sont la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria. Les surprises étaient également au rendez-vous, à l'image du Cap-Vert (premier quart de finale lors de la première participation), des Etalons du Burkina Faso qui ont déjoué tous les pronostics et du Togo qui est ressorti indemne du groupe de la mort. Bref, la CAN n'a pas été avare en rebondissements, et nous a offert un peu de tout, mais beaucoup de désarrois pour nous autres Marocains qui avons vu une équipe talentueuse et jeune décamper sans même concéder de défaites. Espérons seulement que cette « timide campagne » donnera place à une autre plus audacieuse en 2015, à domicile.