Cette 14e édition du Festival National du Film de Tanger mêle, force tranquille, nécessité de filmer le réel dans un acte frondeur, douce brutalité dans un flirt fougueux entre l'ancienne et la jeune école de cinéma. Que dit la critique aux cinéastes déjà passés en leur temps par la case court-métrage du festival il y a près de quinze ans et qui présentent cette année leurs longs-métrages en compétition officielle ? Aux précédents et tenaces Nabil Ayouch et Nour-Eddine Lakhmari, réunis en compétition au 14e festival national du film de Tanger, car de retour au pays natal en jeunes cinéastes issus de la diaspora : présentant le premier court-métrage en 1995 Les pierres bleues du désert, le second, Brèves notes, qui remportait alors le Grand prix. A nouveau réunis, lors du 12e Festival International du Film de Marrakech en compétition officielle, Ayouch avec Les cheveux de Dieu et Lakhmari avec Zero, et aujourd'hui, représentants leur art, avec ces œuvres respectives, en compétition officielle. La critique, leur dit en filigrane, que de jeunes auteurs, semblent affiliés à la même famille de pensée qu'eux. La filmographie jeune fusionne de façon évidente, le principe d'une œuvre de cinéaste à venir : The curse de Fyzal Boulifa, concourant dans la catégorie court-métrage, tourné dans la région de Marrakech, à Chichaoua et faisant appel à des comédiens et des héros-enfants non-professionnels, n'est pas sans rappeler Ali Zaoua, prince de la rue ainsi que Les chevaux de Dieu. Jezebel en compétition officielle Echo identique, pour Jezebel de Amir Rouani, également présenté au 14e Festival national du Film de Tanger, en compétition officielle. Ce film jeune, urbain, casablancais, tourné en majeure partie la nuit, sur fond de démence humaine, révèle la part d'ombre de tout un chacun qui parfois approche du phénoménal, Casanegra , de Nour-Eddine Lakhmari.L'art, c'est le hasard , disait André Breton, et il est sans nul doute dans le cours de l'histoire que Tanger, soit aux confluents des narrations passées, présentes et à venir. Si levolume de ce cette 14e édition s'avère un cru riche et diversifié, marquant le retour de Farida Benlyazid Frontieras, fiction située dans le sud marocain, Hakim Bellabes, Hassan Benjelloun La Lune rouge, mettant en lumière un héros non voyant, ou encore Mohamed Abderrahman Tazi, Al Bayra, la vieille jeune fille, Mohamed Zineddaine, Colère, il souffle également un vent nouveau du côté de la relève. Témoins, les frères Noury, Swel et Imad, qui en vrais Casablancais, partageant, leur vie entre Madrid et Barcelone, ont signé une version manga de l'habituel Elle est diabétique 3. Belle vigueur des cinémas des Afriques Autre temps fort : pour la seconde fois, Tanger et le Festival National du Film ont été choisis pour le lancement de la nouvelle édition du FESPACO, un point de presse sera organisé dans le cadre du 14e FNF. On sait les liens d'amitié et de profonde estime qui unissent les deux hommes d'image, pour leur goût du 7e art sur le continent africain : Nourredine Saïl, directeur du CCM et Michel Ouedraogo, délégué général du FESPACO, qui sera accompagné d'une importante délégation de professionnels et de journalistes burkinabés. La 23e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou, célèbre FESPACO, se tient cette année du 23 février au 02 mars 2013. Crée en 1969, le FESPACO est l'un des plus anciens festivals de cinéma en Afrique. Il jouit d'une honorable réputation. Le scénariste, réalisateur, producteur et distributeur français Jacques Dorfmann et l'universitaire et expert en communication marocain Ahmed Akhchichine, présideront respectivement les jurys long et court-métrage de cette 14e édition. Auteur et réalisateur des films Le Palanquin des larmes (1987)- inspiré du roman au titre éponyme de la pianiste virtuose chinoise Chow Ching Lie, Agaguk (1992) et Vercingetorix (2001), Jacques Dorfmann, est un des grands producteurs français. Il affiche une trentaine de films dont, La Guerre du feu (1981) largement primé en France et à l' international. Ancien président de Unifrance Film International et de l'Association française des producteurs de films, Jacques Dorfmann est de plus, officier de l'Ordre des Arts et des Lettres et chevalier de l'Ordre National du Mérite. Le Festival National du Film de Tanger rendra également hommage à feu Ahmed Bouanani, Le film Ahmed Bouanani , retraçant le parcours artistique et intellectuel du cinéaste, poète et écrivain Ahmed Bouanani réalisé par Ali Essafi, avec la participation de feue Naima Saoudi-Bouanani, sera projeté à l'issue de la cérémonie d'ouverture. 21 longs-métrages, 14 courts-métrages, 35 regards incarnant la production marocaine, diront la narration, l'urgence, duplice et infinie du 7e art.