Entre deux clubs qui entretiennent de vielles rivalités, les trêves sont monnaie rare. La phase aller de la Botola Pro nous a dupé durant ses premières journées et nous a laissé penser que le Raja ferait cavalier seul en tête du classement général. Mais le WAC ne pouvait pas ainsi baisser les bras et laisser l'éternel adversaire gratter du terrain. C'est alors que Baddou Zaki a repris les commandes de son équipe d'antan et a pallié l'avance que s'était procurée le Raja grâce à ses recrutements massifs et au rajeunissement de son bureau dirigeant. Au terme des 15 premières journées, le Raja est sacré champion d'automne, alors que le WAC lui colle aux crampons avec deux petits points d'écart. La concurrence entre les deux monuments casablancais est à son apogée, une situation qui ne s'est plus faite sentir depuis la saison 2009-2010 lorsque les FAR ont écœuré les Aigles Verts et les ont forcé au revers dans le dernier match du championnat, offrant du même coup le sacre au Wydad (l'écart était également de deux points, 54 pour le WAC contre 52 pour le RCA). En cette deuxième saison de l'ère professionnelle, la « querelle » entre les deux frères-ennemis bat son plein, comme le démontrent les statistiques des deux clubs : 9 victoires pour chacun (léger avantage pour le Raja qui n'a perdu qu'un seul match contre trois pour le Wydad), meilleure attaque pour les poulains de M'hammed Fakhir avec 28 buts, meilleure défense pour les protégés de Zaki avec seulement 10 buts encaissés. Un mano a mano digne de celui qui lie le Barça au Real (ou qui liait, puisque les Merengues sont largués à présent), et qui s'intensifie au fil des journées. Et puisque qu'au Maroc, l'enjeu sportif n'est qu'une facette parmi plusieurs caractérisant le championnat et le football en général, d'autres facteurs se sont ajoutés cette semaine, et ont ajouté de l'huile sur le feu de cette émulation insatiable. L'affaire des juniors détournés C'est le directeur technique du Raja de Casablanca, le Dr Hassan Hormatallah qui a révélé cette information, reprise ensuite par plusieurs supports médiatiques au Maroc et à l'étranger. Le manager des Verts a déclaré, preuve à l'appui selon lui, que le WAC -en la personne de Hassan Benabicha- faisait pression sur les jeunes du Raja afin que ces derniers changent de camp. Benabicha, responsable de l'encadrement des équipes de jeunes au Wydad et également entraîneur de l'Equipe nationale juniors, aurait incité des graines de joueurs du Raja à endosser le maillot rouge, condition sine qua none pour être sélectionnés en EN selon les dires de Hormatallah. Nous avons contacté le concerné (Hassan Benabicha), qui a tenu à démentir en bloc : « Dieu m'en est témoin, je n'ai jamais usé du pouvoir de mon poste en tant que sélectionneur national des Juniors afin de faire signer des jeunes du Raja. J'ai eu vent des propos et accusations prononcés par le Dr Hormatallah à mon égard, mais je vous assure que cela est dénué de tout fondement. Ce matin même (lundi) on m'a informé qu'un jeune du Raja qui s'appelle Bouaâzaoui est venu pour s'entraîner avec le WAC. Quand on a vérifié sa situation et découvert qu'il était lié au Raja par contrat, je lui ai demandé de quitter les terrains afin d'éviter tout malentendu. Ce même jeune joueur était venu il y a quelques jours, et ça doit être la raison qui a motivé le directeur technique du Raja à formuler ses accusations ». Nous avons essayé de contacter Hassan Hormatallah à son tour, sans succès puisque son téléphone était éteint. Il avait parlé de preuves irréfutables qui devraient confirmer ses dires. On ne demande que cela. Le débat sur la loi des joueurs étrangers Jamais à court de sujets litigieux, les deux ténors de la Botola auraient trouvé un nouveau champ de bataille. La Fédération royale marocaine de football a procédé à une rectification de la loi concernant le nombre de joueurs étrangers évoluant en matchs de Botola Pro. Trois étrangers sans plus peuvent fouler la pelouse lors d'une rencontre, mais le nombre des inscrits en feuille de match a été augmenté à quatre. Cette décision a fait jaser le public du Raja et plusieurs composantes du club, qui auraient sur le coup pointé le WAC du doigt. Du fait que son président Abdelilah Akram est également vice-président à la FRMF, le Wydad serait derrière cette nouvelle réglementation qui sert ses intérêts en premier lieu (le WAC était forcé d'exclure l'un de ces quatre joueurs africains : Bakary Koné, Bobley Anderson, Lys Mouithys et Fabrice Ondama). Certains journaux et sites web ont même annoncé une contestation remise par le Raja à la FRMF, une information erronée selon ce que nous a déclaré Saïd Bouzerouata. Le directeur administratif du Raja, contacté par Le Soir échos, a précisé qu' « aucune action du genre n'a été entreprise, jusqu'à l'instant ». Le timing de cette décision (en fin de mercato hivernal) n'arrange sûrement pas les clubs nationaux. Les facteurs qui alimentent cette « rivalité sourde » entre Rouges et Verts émergent de tous bords, mais les deux icônes du football casablancais et marocain ne se départageront sûrement que sur le rectangle vert. Dans moins d'un mois, leurs chamailles rééliront la Botola Pro comme arène, en vue d'arracher un titre synonyme d'une place parmi l'élite des clubs mondiaux (participation à la coupe du Monde de clubs FIFA). À moins que les FAR, troisième formation en vogue de la saison, ne renverse la table et n'escamote le titre…