Les 12 et 13 janvier prochain, un groupe de bénévoles marocains organise une expédition dénommée « Voyage de l'espoir » dans le Moyen Atlas. Vêtements, couvertures et denrées alimentaires seront remis aux populations pour leur permettre de mieux résister au froid. Eclairage avec El Mahdi Benabdeljalil, leur porte-porte. Vous organisez la semaine prochaine une opération humanitaire au profit des habitants de Anfgou, dans le Moyen Atlas. Comment est née cette initiative ? Suite au décès d'un nourrisson à Anfgou qui serait dû au grand froid sévissant dans cette région du Moyen Atlas, Alae Hammioui un MRE a décidé d'initier le projet «Opération Voyage de l'espoir». Il est alors apparu comme une évidence qu'il était possible d'agir pour ces enfants, ces adultes. Qu'en faisant peu à notre niveaun nous pouvions contribuer au mieux-être de nos semblables. C'est ainsi qu'on a créé le 6 décembre 2012 une page Facebook consacrée à l'évènement. Le principe était de récolter des vêtements, des couvertures non utilisés afin d'en faire profiter les habitants d'Anfgou. Très vite, l'évènement a alors pris des proportions inattendues. Beaucoup se sont vite sentis concernés par cette action et ont décidé d'y participer. En trois semaines, nous avons pu sensibiliser quelques 4 000 personnes directement et toucher plus de 30 000 personnes. Aussi, grâce à Twitter nous avons pu toucher quelques dizaines de milliers d'abonnés. Les habitants d'Anfgou vivent dans des conditions très difficiles chaque hiver. Le groupe de bénévoles marocains veut leur permettre de mieux résister au froid. En médaillon, El Mahdi Benabdeljalil, porte-porte du groupe de bénévoles. Concrètement quels sont les objectifs de cette action ? Les besoins de ces habitants sont multiples, et malheureusement basiques : se couvrir, se nourrir, se soigner. Il était urgent de répondre à un besoin vital : permettre à un maximum de personnes d'avoir de quoi se nourrir pendant un à deux mois, trouver un maximum de vêtements pour leur permettre de se protéger au mieux du froid et des conditions très difficiles de la vie en montagne, et pour avoir de quoi se couvrir pour éviter les morts dues au froid, et particulièrement celles des enfants en bas âge. Cette expédition concernera près de 1 000 ménages, soit une population de 6 à 10 000 personnes. Nous souhaitons également recueillir des témoignages, identifier les petites maladies qui pourraient être soignées lors d'une seconde expédition avec des médecins, chirurgiens... Comment se déroule la collecte ? Alae Hammioui et Selwa Zine, directrice du projet ont mis en place une organisation extrêmement efficace à travers la participation spontanée de quelques Marocains vivant à l'étranger notamment en France (Paris, Lyon, Montpellier, Toulon et dans les Ardennes), Espagne, Canada, Allemagne et Emirats Arabes Unis. Depuis le 15 décembre une équipe de bénévoles basés à Rabat et à Casablanca sont en contact également avec une dizaine de bénévoles actifs pour mettre en place des centres de collecte de dons acheminés de l'étranger. Au Maroc 14 personnes sont en train de collecter les dons à Rabat, Casablanca, Oujda, Fès, Agadir, TangerMarrakech, Ouazzane, Chaouen, Ksar El Kebir, Tétouan, Témara et Khouribga. Ces dons sont acheminés vers les deux centres de stockage à Rabat et à Casablanca avant de les acheminer vers un garage afin d'établir un compte détaillé de ce qui a été collecté, et de les répartir équitablement dans les 1 000 colis. L'acheminement de ces produits requiert une logistique assez conséquente. Parvenez-vous à résoudre cette équation ? Nous avons prévu trois camions de 10 à 12 tonnes pour transporter les colis, et une caravane composée de 6 à 7 véhicules tout terrain pour transporter une trentaine de personnes afin d'assurer une organisation de remise de dons efficiente et sécurisée. Les colis seront remis en personne, aux chefs de famille et aux représentants des chefs de famille. Cette activité humanitaire, n'est-ce pas une manière aussi pour vous d'alerter les autorités compétentes sur la situation vécue par les populations d'Anfgou durant l'hiver ? La région d'Anfgou n'a pas attendu 2013 pour attirer les regards de quelques Marocains attristés par la situation désastreuse de leurs concitoyens. Le premier acte de médiatisation forcée de cette région a eu lieu en 2006, lorsque – selon des chiffres officiels – près d'une trentaine de personnes sont décédées à cause du froid. La visite du roi Mohamed VI à Anfgou en 2008 a notamment accéléré la réfection de quelques routes, et permis notamment à six villages d'être accessibles plus facilement. Donc cette réaction est purement et simplement citoyenne, sans couleur politique ni associative. Nous n'avons pas d'autre ambition que d'aider notre prochain. Nous n'avons pas le droit de laisser nos concitoyens mourir de froid ou de faim, ou de maladie parce qu'ils ne peuvent se laver correctement. Si notre action et les nombreuses autres qui se sont produites récemment dans la région, ou se produiront dans les prochains jours peuvent permettre une prise de conscience généralisée et une accélération dans la concrétisation des projets, ça serait une très bonne chose… Comptez-vous renouveler cette opération ? Quelques uns d'entre nous ont décidé de créer une association afin d'obtenir un statut d'utilité publique, et qui sera probablement destinée à aider les populations vivant dans les montagnes. Notre volonté c'est de permettre à ces villageois d'avoir une vie plus décente en pratiquant une activité commerciale liée aux spécificités de leur région. C'est dans ce sens que nous envisageons de proposer en partenariat avec les autorités compétentes et les citoyens marocains installés au Maroc ou à l'étranger, la mise en place de structures adaptées comme des écoles, dispensaires médicaux, à proximité de leurs habitations, des structures associatives, une coopérative, afin de permettre à ces habitants d'acheter les produits dont ils ont besoin à des prix abordables. La bouteille de gaz est vendue à 200 DH et les bouteilles d'huile de deux litres sont commercialisées à 150 DH au marché noir, souvent seule solution pour ces populations. * Tweet * * *