L'autisme demeure une pathologie méconnue même des professionnels de la santé. Entretien avec Sanaa Fassi Fihri, responsable de la filière orthophonie à l'UIC ( Université internationale de Casablanca) sur ce trouble de développement qui fait toujours peur aux parents. Vous avez organisé récemment une table ronde autour de l'autisme et la nécessité de mettre en place une loi qui impose aux écoles d'accueillir des classes intégrées pour les enfants autistes. Que pouvez-vous dire sur la situation de la maladie au Maroc ? Définissons d'abord l'autisme. L'autisme est un trouble envahissant du développement. C'est un trouble grave touchant l'ensemble du développement d'une personne, tout au long de sa vie. Pour nommer l'ensemble des formes possibles de l'autisme, on parle de trouble envahissant du développement (TED). L'autisme entraîne une altération des interactions sociales avec une tendance au repli, une altération de la communication et du comportement. Généralement, l'autisme se révèle avant 3 ans. À ce jour, il n'a pas été trouvé de cause unique à l'autisme. Les recherches actuelles suggèrent fortement qu'il existe des bases neurologiques et génétiques. L'idée selon laquelle l'autisme trouverait son origine dans les troubles de relation mère-enfant est maintenant abandonnée. Jusqu'à ce jour, il est toujours méconnu des professionnels de la santé, des éducateurs et des parents eux mêmes. D'où l'intérêt d'en parler et de vulgariser cette maladie dont le diagnostic n'est établi qu'après plusieurs consultations chez plusieurs spécialistes. Le nombre de cas détectés augmente de plus en plus. Au Maroc, on ne dispose pas de statistiques mais on évalue la prévalence de 4 pour 1000. La maladie s'exprime différemment d'un enfant à un autre. Certes, il y a des symptômes communs mais il y a toujours des différences entre les patients. Chacun développe la maladie autrement. Quels sont les symptômes de cette maladie qui touche les garçons plus que les filles ? Il y a des signes d'alerte qu'il ne faut pas négliger comme l'absence de regards, de sourire. L'enfant rejette les câlins et refuse le toucher corporel de l'autre. L'autisme se caractérise également par des difficultés à communiquer. Manque de communication, de langage et de socialisation…l'enfant autiste vit dans sa bulle. Il est enfermé dans son monde intérieur, ne communique pas avec autrui et manifeste peu d'intérêt pour les autres. Il répète la même question alors qu'on lui a donné la réponse. Le moindre changement provoque chez lui une colère. Il existe également des troubles associés à l'autisme comme l'agressivité, la violence et l'auto-mutilation. L'enfant se fait mal. Le problème se pose toujours au niveau du diagnostic. Car il n'existe pas de test sanguin ou génétique à effectuer pour détecter la maladie. Quel traitement est recommandé ? Il n'existe pas de traitement médical pour guérir l'autisme. Il est vrai que le médecin traitant donne des médicaments mais ils sont destinés à guérir les troubles associés à l'autisme comme l'anxiété, l'épilepsie et l'agressivité. La maladie nécessite une prise en charge éducative des patients. Elle permet à l'enfant une meilleure évolution vers plus d'autonomie et de communication. Il existe plusieurs méthodes pédagogiques pour aider un enfant autiste. La prise en charge de l'enfant autiste comprend également l'orthophonie, la psychomotricité et un programme éducatif spécifique englobe notamment les parents en particulier la mère. Des acquisitions sont possibles au prix d'un accompagnement approprié et continu. * Tweet * *