« Près de 10.000 enfants sont pris en charge gratuitement » Votre association «Les Bonnes Œuvres du cœur» célèbre 15 ans d'activité. Etes-vous satisfait du bilan ? Plus que satisfait. Notre objectif est de développer la cardiologie sociale pédiatrique et la chirurgie cardiaque pédiatrique. Et nous l'avons atteint. Grâce à l'Institut humanitaire cardio-pédiatrique de Casablanca, créé par l'association, plusieurs enfants ont pu avoir accès aux explorations cardiologiques pédiatriques pour établir le diagnostic de leur maladie, plusieurs patients ont été opérés particulièrement les bébés de moins de 10 kg. Auparavant, ces opérations n'étaient pas possibles à pratiquer au Maroc pendant plusieurs années, faute de structures et de moyens financiers. Notre but est la prise en charge des enfants démunis. Il faut noter que 90% des enfants malades, qui ont une malformation cardiaque ou de problèmes de valves, peuvent être guéris s'ils sont pris en charge tôt. Auparavant, il était impossible de pratiquer la chirurgie cardiaque du bébé à cœur ouvert. Cette spécialité nécessite une équipe homogène de quatre personnes qu'il faut former pendant au moins cinq ans dans des structures européennes ou américaines. Nous avons actuellement au Maroc un seul chirurgien cardiologue qui opère à cœur ouvert des patients de moins de 5kg, qui ont une malformation cardiaque. Il a été formé grâce aux missions canadiennes. Des experts canadiens sont venus au Maroc pour nous aider à devenir autonome dans ce domaine très difficile qui requit non seulement de la compétence mais également un matériel très performant et très coûteux. Le niveau de développement de la chirurgie cardiaque est significatif du niveau de développement d'un pays. Par ailleurs, nous avons pu former des médecins, des infirmiers au Canada et en France. Combien avons-nous aujourd'hui de médecins spécialistes dans le domaine de la cardiologie ? Très peu. Le Maroc dispose d'un seul chirurgien cardiaque pédiatrique qui opère les bébés à moins de 5kg à cœur ouvert, de 10 cardiologues pédiatriques et de 5 autres cardiologues dans le domaine de la cardiologie fœtale. C'est insuffisant. Nous sommes aujourd'hui en train de développer la cardiologie fœtale au Maroc. C'est une spécialité très importante. On peut diagnostiquer les malformations cardiaques du fœtus lors de la grossesse. Vous avez développé plusieurs partenariats avec des spécialistes européens. Quel est l'apport de ces partenariats ? Nous avons réalisé des partenariats. 65 missions européennes et canadiennes se sont déplacées au Maroc pour nous aider à devenir autonome. L'institut est devenu actuellement très connu au niveau international. Aujourd'hui, nous accueillons des patients venus d'Afrique. L'Institut humanitaire cardio-pédiatrique de Casablanca est le premier du genre au niveau de l'Afrique du Nord et Afrique noir. Plusieurs africains préfèrent venir au Maroc pour se faire opérer au lieu d'aller en Europe. Au Maroc, c'est 5 fois moins cher et l'opération se déroule dans les mêmes conditions internationales. Combien d'enfants démunis ont été pris en charge? Depuis la création de l'association en 1995 jusqu'en 2005, 7.000 enfants issus de familles démunies ont été pris en charge. Après la création de l'Institut, ce chiffre est augmenté pour atteindre près de 10.000 patients. A l'occasion de la célébration des 15 ans d'existence de l'association « Les Bonnes Œuvres du cœur », vous avez conclu un accord avec l'association « La Chaîne de l'Espoir ». En quoi consiste ce partenariat ? Notre partenariat avec l'association « La Chaine de l'Espoir » ne date pas d'aujourd'hui. Nous collaborons ensemble depuis des années avant même la création de l'Association les Bonnes Œuvres du cœur. Grâce à leur soutien, nous avons pu envoyer des enfants malades à l'étranger pour se faire opérer. Actuellement, l'association nous aide sur le volet formation et équipement. En ce qui concerne notre récent accord, il s'inscrit dans le cadre de l'opération « 1.000 cœurs pour l'Afrique». Un millier d'Africains atteints de cardiopathies seront pris en charge par la Chaîne de l'Espoir et seront opérés pour certains au sein de l'Institut cardio-pédiatrique de Casablanca. L'Institut suffit-il à répondre aux besoins des malades ? Pour répondre aux besoins des patients, il faut la création de quatre autres centres comme le notre. Sur les 600.000 naissances par an, 1% soit 6.000 bébés naissent avec une malformation cardiaque. La majorité des bébés décèdent bêtement car on n'a pas pu les opérer à temps. Propos recueillis par Khadija Skalli Encadré ONG 15 ans de combat Créée en 1995, l'association Les Bonnes Œuvres du cœur s'est assignée comme objectif la prise en charge des enfants démunis qui souffrent de malformations cardiaques. Un combat de longue haleine pour donner une chance de survie à des milliers de patients, condamnés à la mort faute de moyens financiers et de structures médicales adéquates. La création de l'Institut humanitaire de Casablanca vient en réponse à ce besoin. Edifié sur une superficie de 1.650 mètres carrés, cette structure médicale a nécessité un investissement de 35 millions de dirhams. Sa capacité litière est de 30 lits. L'institut est équipé selon les normes internationales, se félicitent ses responsables. Il dispose notamment de deux blocs opératoires, d'une unité d'hémodynamique pédiatrique, deux unités de réanimation chirurgicales et d'une unité cardiologique fœtale. Après 15 ans de combat, la bataille n'est pas terminée. L'association s'est assignés de nouveaux objectifs. Elle ambitionne, entre autres, d'organiser un réseau de famille d'accueil pour les familles de toutes les régions du Maroc.