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Biocarburants : Manger ou conduire ?
Publié dans Le Soir Echos le 16 - 04 - 2010


 
La pollution est un problème majeur de notre planète, elle est la cause du réchauffement climatique sur lequel le Protocole de Kyoto, ratifié en 1997, et le Sommet de Copenhague ont attiré l'attention du monde. Le Premier ministre des Maldives a présidé un conseil des ministres sous l'eau pour signifier au monde le danger de disparition qui pèse sur son pays, un peu plus tard, le Premier ministre du Népal a présidé un conseil des ministres à 4.000 m d'altitude pour alarmer le monde sur la fonte des glaciers de l'Himalaya. Comme les transports sont un des plus gros pollueurs de la planète, des chercheurs du monde entier, soutenus par les politiques, des industriels et des agriculteurs ont commencé à chercher des carburants moins polluants en relançant les bio carburants. Mais sont-ils une solution d'avenir ? Question intéressante à poser dans un pays comme le Maroc, lui aussi touché par la « biocarburantmania » et non producteur de pétrole.
Les biocarburants sont des carburants d'origine végétale issus de la biomasse (d'où le surnom de «carburants verts»). Ils sont produits à partir de déchets végétaux ou de plantes cultivées. Ils se substituent partiellement ou totalement au carburant pétrolier. On peut parfois les utiliser dans des moteurs diesel ou à essence mais ils sont surtout employés dans les moteurs Flex Fuel (polycarburants en français). On distingue 5 sortes de biocarburants: gazeux, solides, oléagineux (huiles) éthyliques (alcools) et BTL (Biomass To Liquid en anglais, essence synthétique en français). Malgré ces appellations étranges, les bio carburants sont connus depuis des dizaines d'années: la célèbre Ford T (produite en 1903 et 1926) roulait à l'éthanol. Nikolaus Otto avait conçu son moteur à explosion pour l'éthanol. L'inventeur du moteur à combustion Rudolf Diesel utilisait de l'huile d'arachide pour faire marcher son engin. Mais ces biocarburants sont tombés en désuétude:
le pétrole, grâce aux progrès du forage, devint bon marché et disponible. C'est avec le premier et le second choc pétrolier (1973 et 1979) que l'on recommença à s'intéresser aux biocarburants. Cet intérêt retomba avec le contre-choc pétrolier de 1986 qui fit baisser les prix du pétrole.
La  hausse du prix du pétrole, dans les années 2000, les besoins grandissants de la Chine et l'Inde, et la pollution avec effet de serre relancèrent le secteur des biocarburants.
Pour couvrir l'énergie nécessaire aux transports mondiaux, soit 80 Exajoules tous les ans, il faudrait cultiver 850 millions d'hectares pour la production de biocarburants.
L' objectif de tous les biocarburants est de baisser la pollution des transports qui concerne l'air principalement. Mais jusqu'à présent le bilan environnemental des biocarburants est sujet à controverse. Ainsi, lorsque l'on regarde le cycle complet pour les produire (consommation de carburants des engins agricoles, consommation d'engrais, de pesticides) on remarque que l'intérêt énergétique et écologique n'est pas toujours fondé. Les études montrent que les effets des biocarburants sur l'environnement dépendent grandement du lieu de fabrication de ces derniers. En effet, les biocarburants fabriqués en France permettent une réduction de l'émission de gaz à effet de serre de 60 à 70% pour les biodiesels mélangés au gazole et de 50 à 65% pour les bioéthanols mélangés à l'essence. Cependant, il est important de préciser que, selon un rapport de la Chambre d'agriculture de Normandie (2007), pour couvrir l'énergie nécessaire aux transports mondiaux, soit 80 Exajoules tous les ans, il faudrait cultiver 850 millions d'hectares pour la production de biocarburants. Cela représente la totalité des surfaces agricoles utiles des pays en développement. De plus, même si l'éthanol à base de canne à sucre permet une réduction des émissions de CO2 par rapport à l'essence, il s'agit d'un biocarburant issu de l'importation. Or les experts ont également constaté la grande complexité d'évaluation des conséquences environnementales dues aux processus de fabrication, aux éventuelles importations et à la consommation des biocarburants.
Ainsi, lorsque les cultures destinées à la production de biocarburants prennent la place de celles destinées à l'alimentation, ces dernières remplacent les espaces naturels par défrichage ou déforestation, augmentant ainsi l'empreinte carbone.  En effet, l'agriculture, pour les produire utilise une énorme quantité d'énergie et rejette de nombreux polluants. Or, les forêts tropicales perdent de leur surface chaque année. Au Brésil, premier producteur mondial de biocarburant, on estime que la forêt amazonienne aurait perdu une surface équivalente à la Suisse. Ce défrichement abusif participe à la réduction de la biodiversité et des terres appartenant au Indiens. De plus, les forêts défrichées sont brûlées ce qui accroît le rejet de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Au plan des coûts, même si la hausse des prix du pétrole a relancé le débat sur la rentabilité de la filière biocarburant,  aujourd'hui, le prix des biocarburants hors taxe n'est pas encore compétitif face à celui des carburants pétroliers bien que la filière des biocarburants soit fortement aidée : subventions, défiscalisation et obligation d'incorporation n'arrivent pas à concurrencer le pétrole. 
Il est difficile, actuellement, de considérer les biocarburants comme une solution à long terme. En France, une étude a prouvé qu'il faudrait utiliser la totalité de la surface agricole du pays pour couvrir un quart des besoins des Français en pétrole. De plus, des centaines de millions d'êtres humains sont sous-alimentés si, en plus, des millions d'hectares sont consacrés à la production de biocarburants, il faudrait choisir entre manger et conduire. Il y aura aussi moins d'eau potable disponible puisqu'une proportion d'eau plus grande sera destinée à l'irrigation des terres cultivées pour la production de biocarburant. La pollution est un fléau qu'il faut combattre. Les biocarburants peuvent être un moyen intéressant pour lutter contre ce problème. Mais pour qu'ils soient vraiment efficaces, il faudrait que les gouvernements donnent des subventions supplémentaires pour améliorer le concept.  


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