L'Arabie saoudite a constitué la première étape de la tournée que le roi Mohammed VI entreprend dans quatre pays du Golfe et en Jordanie. L'accueil qui lui a été réservé, chaleureux et fraternel, témoigne en effet de la grande estime que le peuple saoudien, à sa tête le roi Abdallah Ibn Abdelaziz, lui exprime. Le roi Mohammed VI a été reçu par le serviteur des Lieux Saints pour des entretiens à Jeddah. C'est un quasi euphémisme que de dire qu'entre les deux Souverains il existe plus qu'une relation fraternelle, tant il est vrai qu'elle atteint à la dimension familiale. L'Arabie saoudite, et ce depuis toujours, reste un partenaire privilégié du Maroc, un allié de poids aux plans politique, économique, financier et cultuel. L'histoire des cinquante dernières années, notamment sous les règnes de feu Hassan II et à présent de Mohammed VI, a été et demeure marquée par une sorte d'interpénétration heureuse des relations entre les deux pays et les deux peuples. Les grands traits de cette convergence, comme aussi les menus événements ont ponctué une relation qui, pour être souvent confinée à la dimension monarchique des deux Etats, constitue le modèle de partenariat solidaire. Et c'est sous cet angle, entre autres, qu'il faut placer la visite de travail que le roi du Maroc entreprend. L'Arabie saoudite soutient le Maroc à tous les niveaux et, mettant à profit son leadership au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) a mobilisé à elle seule 1,250 milliard de dollars en faveur du Maroc pour appuyer la politique de développement du Maroc entre 2012 et 2016. Ce montant dans la somme totale de plus de 5 milliards de dollars US que les quatre pays, Arabie Saoudite, Qatar, Koweït et Emirats Arabes Unis ont décidé d'accorder au Maroc pendant la même période. Au même titre d'ailleurs que la Jordanie, seul autre pays à en bénéficier. Le Maroc, conforté par ce soutien financier, mènera à terme, de toute évidence, ses multiples projets de développement économiques et sociaux. Il convient de souligner que la visite du Roi Mohammed VI dans les pays du Golfe survient un peu plus d'un an après que le Maroc eut adhéré au Conseil de coopération du Golfe. De ce fait, le Maroc est considéré comme un membre de facto, et pourquoi pas de jure aussi, de cette institution créée le 25 mai 1981 en pleine guerre du Golfe qui opposait l'Irak de Saddam Hussein et l'Iran de Khomeiny pour asseoir un développement harmonieux de ses Etats membres et coordonner leurs efforts dans une vision commune de stratégie globale. L'Arabie saoudite, puissance régionale et mondiale, a l'avantage d'avoir tissé de profondes relations avec le Royaume du Maroc, depuis de longues années et avec la même constance qui a traversé, ici et là-bas comme on peut dire, les différents règnes. La constance est en effet le trait dominant d'un partenariat à caractère familial. Du roi Fayçal Ibn Abdelaziz jusqu'à Abdallah Ibn Abdelaziz, on ne compte plus les visites , les séjours des Souverains et de leurs familles au Maroc, dont ils continuent de faire leur « deuxième patrie » et leur terre de prédilection. Si la dimension politique du soutien de l'Arabie saoudite au Maroc n'a jamais fait défaut ni subi un pli, celle de l'appui économique prend à présent tout son poids. Il s'agit d'un accompagnement aux grands projets lancés par le Maroc, comme notamment le chantier du Train à grande vitesse (TGV) Tanger-Casablanca dans la réalisation duquel la participation de l'Arabie saoudite d'élève à quelque 200 millions de dollars, dans le cadre du Fonds saoudien pour le développement. Ce qui fait du Maroc le premier pays destinataire des investissements saoudiens au niveau de la région du Maghreb. La présence, par ailleurs, de différentes entreprises et unités de productions saoudiennes est forte au Maroc, notamment dans le secteur des BTP. Avec la visite que le Souverain entreprend à Djeddah, le partenariat maroco-saoudien a pris d'emblée une autre dimension. Les entretiens à haut niveau entre les deux chefs d'Etat, les multiples et diverses séances de travail élargies qui se tiennent en marge de la visite officielle du roi, au niveau des ministres et des Conseillers du Souverain avec leurs homologues constituent à coup sûr un dialogue multiforme, croisé entre les deux pays. Pour ce qui est des projets économiques et des investissements, Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des finances a déclaré : « Nous avons eu l'occasion de présenter les projets qui seront soumis au financement du Fonds saoudien du développement, des projets qui entrent dans le cadre de la vision du Souverain, en vue de renforcer et développer le pays sur les plans économique et social » . Le ministre a ajouté dans la foulée que « la rencontre a été également l'occasion, selon le ministre, de discuter des «possibilités du développement du partenariat public/privé dans plusieurs secteurs, le Maroc ayant des politiques sectorielles bien définie ». Les deux parties ont évoqué « la possibilité d'accompagner la société mixte maroco-saoudienne ASMA qui a déjà une présence importante au Maroc que nous voulons développer », a-t-il précisé, soulignant par ailleurs « l'attrait des investissements privés saoudiens qui ont connu un développement important au cours de ces dernières années que nous voulons renforcer, appuyer et accompagner dans les années à venir ». La nouvelle vision qui sortira apparemment des entretiens et des accords qui doivent être finalisés entre le Maroc et l'Arabie saoudite, offrira aussi un nouveau cadre, propre à renforcer leurs liens, à promouvoir également une nouvelle coopération économique. Il reste que les échanges commerciaux entre les deux pays ne connaissent pas le dynamisme souhaité de part et d'autre et se situent même en deçà des espérances. Aussi grande et spectrale semble être la coopération politique, aussi réduite en revanche semble être leur dimension économique, en termes d'échanges. Ainsi, « le volume des exportations du Royaume d'Arabie Saoudite vers le Maroc s'est situé en 2011 autour des 5,24 milliards de dirhams, alors que celui des exportations du Maroc vers l'Arabie saoudite n'a pas pu dépasser les 320 millions de dirhams au titre de la même année », indique la MAP. Le Maroc, pour sa part, exporte des phosphates, l'acide phosphorique, les produits alimentaires, le poisson, les agrumes et importe du pétrole saoudien et des produits chimiques. Notons que le ministre saoudien des Finances, Ibrahim al-Assaf, a annoncé mercredi que le Fonds saoudien de développement allait fournir au Maroc 1,25 milliard de dollars de financement. Il s'agit, selon al-Assaf, de la contribution saoudienne au fonds de soutien de 5 milliards de dollars des pays du Golfe au Maroc. Pour rappel, le Maroc a signé en 2011 un partenariat stratégique avec ces pays qui prévoit le financement de projets de développement à hauteur de 5 milliards de dollars sur 5 ans. * Tweet * *