Le rapport Freedom House pour l'année 2011 mesure le degré de démocratie dans le monde. Selon l'ONG, la situation du Maroc n'évolue pas, mais celle dans les provinces du sud, comptabilisée à part, régresse. Freedom House ne prend pas en compte les provinces du sud du Maroc dans son rapport, mais le Sahara y est traité à part. Le rapport de mesure des « indicateurs de démocratie » de Freedom House classe les pays sur une échelle de 1 à 7, les pays dont le score est proche de 1 étant les plus démocratiques. Chaque année, Freedom House publie des rapports sur la démocratie, la liberté de la presse et la liberté sur internet. Le rapport sur la démocratie est élaboré à travers l'étude de questions telles que la liberté de création de partis politiques, l'élection des corps exécutif et législatif, l'importance et le pouvoir de l'opposition, les droits des minorités ethniques, culturelles, et religieuses, la corruption, ainsi que la reddition de compte et la transparence du gouvernement. Trois larges catégories sont établies pour mesurer le degré de démocratie : libre, partiellement libre, non libre. Un pays libre selon la définition de Freedom House est un pays ouvert à la compétition politique, au respect des libertés civiles, et où les médias sont indépendants. Un pays partiellement libre se caractérise par un respect limité des droits politiques et des libertés civils. Selon Freedom House, ces pays souffrent souvent de corruption, d'un faible Etat de droit, de conflits ethniques et religieux, et d'un paysage politique dans lequel un seul parti est dominant, malgré un degré de pluralisme. Quant aux pays non libres, il s'agit de pays où les droits politiques fondamentaux sont absents, et les libertés civiles sont largement et systématiquement refusées. Pas de changement pour le Maroc En plus du rapport général, l'organisation publie des rapports par pays. Celui du Maroc exclut les provinces sud qui sont considérées comme un territoire disputé. Un détail important puisque le Maroc est classé parmi les pays partiellement libres alors que les territoires ne sont pas considérés comme libres, selon le rapport. Le rapport sur la situation au Maroc revient sur les manifestations du 20 février, le référendum constitutionnel, les élections du 25 novembre et la nomination de Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement. Des événements qui devraient en principe avoir un impact sur le classement du pays, mais en termes de résultats numériques, rien n'a changé pour le Maroc. Il reste classé parmi les pays partiellement libres avec un score de 4.5, le même depuis 2004. Bien que le score reste le même depuis 7 ans, la situation politique a largement évolué depuis. Le Maroc score 4 en termes de libertés civiles et 5 pour ce qui est des droits politiques. À ce sujet, le rapport stipule que « le Maroc n'est pas une démocratie électorale. La majorité du pouvoir est détenue par le roi et ses proches conseillers. Même sous la nouvelle Constitution de 2011, le monarque peut dissoudre le Parlement, gouverner par décret, et nommer ou révoquer des membres du gouvernement (...) ». Le Sahara en bas de l'échelle Freedom House ne prend pas en compte les provinces du sud du Maroc dans son rapport, mais le Sahara y est traité à part. Bien que le classement du Maroc soit encore à 4.5, celui du Sahara est à 7, soit le bas de l'échelle. Il était à 6 l'année dernière. Selon Freedom House, ce recul est du à « l'incapacité de la société civile de se constituer et de fonctionner, ainsi qu'à de sérieuses restrictions sur les droits de propriété et l'activité économique ». Autre raison mentionnée, l'échec des négociations entre le Polisario et le Maroc. Même score pour ce qui est des libertés civiles et des droits politiques. Parmi les territoires disputés, le Sahara est l'un des moins bien classés, aux cotés du Tibet. À noter que la bande de Gaza, le cashemir, et la Cisjordanie sont tous mieux classés que le Sahara en termes de démocratie, de libertés civiles et de droits politiques. Printemps arabe : » des exploits ambigus « Dans le contexte des soulèvements arabes, le rapport révèle que la Tunisie a été la principale bénéficiaire en termes de changement dans le monde arabe. La Tunisie » a connu une des plus grandes améliorations en l'espace d'un an dans l'histoire des rapports Freedom House (soit depuis 1972, ndla), s'élevant du rang des pays les moins performants dans le Moyen-Orient pour atteindre un niveau de démocratie électorale et un score qui la placent à peu près au même niveau que des pays partiellement libres tels que la Colombie et les Philippines « . La Tunisie est en effet passées d'un score de 6 à 3.5 en un an seulement. Mais le rapport de Freedom House rappelle que « beaucoup reste à faire » et que tout dépend des positions des nouveaux leaders politiques, en ce qui concerne notamment les droits des minorités, la liberté de croyance, et la liberté d'expression. Le rapport qualifie d'ailleurs les exploits du printemps arabe d'« ambigus ». Dans la région MENA, 72% des pays ne sont pas libres, selon le rapport Freedom House. 22% le sont partiellement, et 6% sont libres. Un recul mondial Le rapport de Freedom House indique que, par rapport à l'année précédente, il y a « une légère augmentation » du nombre de pays en recul. Il s'agit de la sixième année consécutive où le nombre de pays en recul dépasse celui des pays en amélioration. Le nombre de pays libres selon Freedom House est de 87 en 2011, soit 45% des Etats et administrations politiques. Ce nombre n'a pas changé par rapport à l'année précédente. Le nombre de pays partiellement libres n'a pas non plus évolué, avec un pourcentage de 31%. Cela revient au fait que la Tunisie est passée de « pays non libre » à « pays partiellement libre « au même moment où la Gambie est passé de » pays partiellement libre » à « pays non libre ». Pour ce qui est des pays non libres, leur nombre a augmenté suite à l'inclusion du Soudan du Sud. * Tweet * *