Bamako appelle à la solidarité sous régionale pour déloger les islamistes armés qui contrôlent depuis plusieurs mois le nord du Mali. Le président malien Dioncounda Traoré et son Premier ministre, Cheick Modibo Diarra. Après plusieurs mois de réflexion et surtout de tergiversation, les autorités maliennes ont finalement lancé un appel pour une intervention militaire de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en vue de reconquérir l'autre moitié du pays contrôlée depuis des mois par les islamistes armés du Mujao (Mouvement pour l'unicité du jihad en Afrique de l'Ouest), qui y ont imposé la charia à la population locale. Cette demande représente un pas important dans la crise qui secoue ce pays ouest-africain depuis le putsh du 22 mars qui a renversé le régime du chef d'Etat Amadou Toumani Touré. Toutefois les réactions divergent encore au sein des forces politiques du pays. Le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR), une coalition anti-putsh, s'en est réjoui, qualifiant la décision de « courageuse ». Il a d'ailleurs exhorté la CEDEAO, l'Union Africaine et l'ONU à traiter rapidement la demande malienne pour permettre de libérer le nord du Mali. En revanche, le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi) ne voit pas les choses de la même façon. « Nous ne sommes pas pour une intervention étrangère mais pour une libération du nord avec, au centre, nos forces armées », a affirmé Nouhoum Keïta, un responsable de ce parti. Paris favorable à la requête malienne Conscientes de la dégradation de la situation au Nord, les autorités sont déterminées à aller jusqu'au bout. De sources concordantes, Dioncounda Traoré, le président malien par intérim demande à la CEDEAO, un renforcement des capacités antiterroristes, un appui aérien et l'envoi de cinq bataillons à partir de la ligne de front qui seront graduellement engagés pour contrôler les villes reconquises. Pour le Berthé Baba, le secrétaire général de la présidence malienne, seule la solidarité régionale peut permettre de trouver une solution. « Le Mali fait face à un péril transfrontalier dont la gestion dépasse la capacité de l'Etat malien, il faut mettre en œuvre la solidarité sous régionale pour aider le pays », a-t-il insisté mercredi à Abidjan lors d'une rencontre avec le président ivoirien, également président en exercice de la CEDEAO. « La mission de la CEDEAO au Mali pourrait déployer un détachement de liaison et d'observation, à l'exclusion du déploiement d'unités de police constituées ou de forces militaires combattantes », a détaillé la présidence ivoirienne dans un communiqué. Pour sa part, la France s'est déclarée prête à examiner favorablement la requête malienne. « Le Mali est un Etat dont la stabilité est essentielle dans la région et auquel la France accorde une importance fondamentale. Le moment venu, nous serons disposés à examiner favorablement les demandes de contributions qui pourront nous être formulées ainsi que les demandes qui pourraient être présentées au Conseil de sécurité », a fait savoir, mercredi, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot. Par ailleurs, le Mujao aurait procédé ces derniers jours à un renforcement de ses unités dans les villes et localités qu'il contrôle. * Tweet * *