La Fondation Berguent vient de clôturer à Aïn Beni Mathar dans l'Oriental, les travaux du premier festival de la mémoire sous le thème : « Revaloriser le patrimoine individuel en patrimoine collectif ». Les participants se sont promis de se retrouver l'été 2013 au même lieu. Objectif, faire de cet évènement un rendez-vous incontournable pour le développement de la localité de Berguent. Le premier festival de la Fondation Berguent, qui s'est déroulé du 24 au 26 août, a été notamment marqué par la prestation de groupes de la musiqe locale Laâlaoui. La Fondation Berguent pour la coopération et le développement durable, constituée le 15 mai 2012, en partenariat avec le conseil municipal de Aïn Bni Mathar, a organisé les 24, 25 et 26 août le premier festival de la mémoire sous le thème : « Revaloriser le patrimoine individuel en patrimoine collectif ». Ce festival de grande envergure durant ces trois journées pleines, a pu drainer des potentialités natives de Berguent venant d'Europe, du Maghreb ou des différentes régions du Maroc. Cette Fondation a bénéficié, grâce aux bonnes volontés intérieures et extérieures d'aides financières qui ont contribué au succès de cette manifestation culturelle, scientifique, sportive et artistitique... Dans le cadre du partenariat relatif au développement social, on peut notamment citer la coopération entre le conseil municipal de Aïn Bni Mathar et la commune belge Saint-Josse-Ten-Noode, grâce aux bonnes volontés et l'appui de Ben Tayeb Rachid vice-président du conseil de la ville et Ola Abdallah responsable des relations européennes de cette commune. L'appui financier apporté par le conseil régional de Jérada, et les autorités locales a été déterminant pour la réussite de cet événement. La rencontre de la tolérance et du vivre-ensemble Le festival a été l'occasion des retrouvailles des natifs de Berguent (juifs, musulmans, chrétiens) qui vivaient ensemble dans la tolérance et la fraternité qui ont été toujours l'un des fondements de coexistence des différentes composantes sociales de Berguent le long des décennies. Le programme de festivités présenté par le bureau de la Fondation, présidé par Bentahar Hachmi, a été sans conteste une occasion singulière de redynamisation de la vie culturelle et artistique de la ville.Ce qui a donné l'occasion à des milliers de personnes de bénéficier d'activités qui n'ont jamais été organisées auparavant. Cette manifestation a contribué à la réhabilitation du patrimoine culturel local pendant si longtemps oublié. A la maison de la culture, avec ses espaces d'expositions d'anciennes photos,mise à la disposition de la Fondation par le conseil municipal,des conférenciers ont apporté des éclairages nouveaux sur les multiples facettes de la vie quotidienne des Berguentis au cours du siècle dernier.Les thèmes développés lors de ces conférences scientifiques, ont porté en particulier sur le développement urbanistique de Berguent de 1904 à 2012.Un autre thème concernait les rites funéraires des juifs de Berguent ou encore sur les richesses géologiques que recèle cette région.On pouvait aussi découvrir des anciennes photos qui ont émerveillé les visiteurs et apprécié les toiles de l'artiste-peintre local, Lakhdar Hamzaoui évoquant la vie quotidienne des nomades de la région. Les loisirs culturels n'étaient pas oubliés : les poètes au son d'une flûte locale évoquaient l'amour pour Berguent. Ils étaient suivis par le fameux folklore berguenti appelé « laâlaoui » joué par des jeunes, et dirigés par un paralytique !Des pièces de théâtre ont été jouées par des acteurs du terroir. La dynamique Aïcha Bentayeb a présenté une scène sous la tente (khayma) sur le mariage traditionnel vécu à Berguent, sans oublier la fantasia avec des cavaliers bien disciplinés. Retour aux vestiges Le moment fort de cette manifestation a été sans doute, les visites effectuées sur les lieux de mémoire tels que la première école primaire mixte fondée en 1918. Français, Marocains, Juifs, Espagnols, Russes, Algériens ont partagé les mêmes bancs.A cette occasion, Michel Damiens venu spécialement de France, fut très applaudi par l'assistance en saluant avec émotion des anciens amis de classe qu'il a retrouvés. Il a donné, en parlant en arabe dialectal avec l'accent du bled, un bref aperçu sur les liens communs tissés entre les différentes communautés qui ont fait ensemble leurs études dans cette école qui a « produit » des potentialités à l'image de Omar Benjelloun ou le constructeur d'aéronautique Dassault, entre autres. Sans oublier aussi la visite à la médersa Hassania fondée en 1933 considérée comme le berceau de la culture nationaliste. Une séance a été animée par des personnalités qui ont participé à la lutte du mouvement national contre le colonisateur. Leurs témoignages ont éclairé les jeunes générations sur les difficultés marquées par les harcèlements, les tortures et les emprisonnements qu'ils ont vécus lors de cette période de lutte pour l'indépendance du Maroc. Dans ces lieux de mémoire, les visiteurs venus nombreux se sont rendus à la forêt du village dont les rivières faisaient la fierté de cette bourgade. L'eau de source coulait avec abondance alimentant la piscine, actuellement délaissée, et construite par des prisonniers allemands de la 2ème Guerre mondiale. On n'y trouve aucune présence de la faune et la flore. Au terme de ces trois journées d'activité diverses, lors d'une assemblée consacrée à l'évaluation de cet événement, plusieurs recommandations ont été approuvées, notamment encourager les recherches pour une meilleure connaissance de la mémoire historique de Berguent ; l'approbation à l'unanimité de la création d'un musée archéologique de Aïn Bni Mathar et ses environs qui recèlent des ressources inestimables telles que découvertes récentes de fouilles préhistoriques ; la formulation d'un programme d'activités en matière de développement durable et de rayonnement éco-touristique propre à dynamiser le tissu socio-économique de la commune de Aïn Bni Mathar et ses environs et l'appel à développer les moyens de communication et de sensibilisation pour élargir l'activité de la Fondation Berguent et de renforcer les liens entre les natifs de Berguent à travers le Maroc, en vue de contribuer aux activités futures de cette instance. Tous les Berguentis, présents à cet évènement premier du genre dans la région, se sont promis de se retrouver l'été 2013. Ils voyageront depuis les autres régions du Maroc, de l'Europe, du Canada, des Etats-Unis, et d'Algérie avec un seul et premier objectif : faire en sorte que la Fondation Berguent, à travers la mémoire, retrouve le rayonnement qu'elle mérite.
Hamzaoui, un artiste pur Berguent Lakhdar Hamzaoui natif de la région de Berguent (Aïn Bni Mathar) s'intéresse depuis son enfance à la peinture décrivant la vie des nomades de ce bled. Il obtient en 1970 le premier concours publicitaire de la RAM et en 1994 celui des nomades à Bouarfa. Il a exposé aussi en Belgique. Cet artiste-peintre rêve d'une association mondiale de la culture nomade et la renaissance de cette culture comme patrimoine humanitaire de l'UNESCO, dans le but de tisser les liens fraternels entre les individus et les peuples à participer à un développement durable dont le noyau est la sauvegarde de l'écosystème.