Le Maroc a accueilli la première réunion préparatoire au Forum pour l'Avenir. Co-présidé par la Tunisie et les Etats-Unis, le Forum se déroulera à Tunis du 11 au 13 décembre. Ghadah Al Aameli, Nazanin Ash, et Melanne Verveer. L'initiative BMENA (Broader Middle East and North Africa) a été lancée en 2004 par les Etats-Unis et les pays du G8. Elle réunit les pays du Grand Moyen-Orient, les pays du G8 et ceux de l'Union Européenne. BMENA (voir encadré) se veut une plate-forme de discussion pour les gouvernements et sociétés civiles de chaque pays. Chaque année, l'initiative organise une rencontre, Le Forum pour l'Avenir. La première édition de ce forum s'était déroulée à Rabat en 2004. La réunion de cette année sera co-présidée par la Tunisie et les Etats-Unis, actuellement à la présidence du G8. Plateforme unique Du côté des gouvernements, des délégations du Maroc, du Liban, du Bahreïn et d'autres pays du golfe étaient présentes. Des représentants gouvernementaux des pays membres du G8 y ont également participé à la réunion. L'ambassadeur américain itinérant en charge des questions féminines dans le monde, Melanne Verveer, a exposé hier à Casablanca les résultats de cette réunion. Verveer a décrit cet atelier préparatoire au Forum de l'avenir comme étant «une plateforme unique où les gouvernements et la société civile se retrouvent côte à côte afin de collaborer dans la réforme de leurs pays respectifs. » Ce qu'a confirmé une activiste libyenne présente à la réunion. Alaa Murabit, Fondatrice et Présidente de l'organisation The Voice of Libyan Women, a confié avoir été surprise d'assister à un tel débat entre la société civile et les représentants gouvernementaux. « En Libye, la société civile n'existait pas avant la chute du régime de Kaddafi. Le concept même de société civile est nouveau en Libye. » Melanne Verveer a également rappelé que le contexte actuel des pays de la région est un moment stratégique afin de renforcer la collaboration entre la société civile et les gouvernements. « Parmi les pays présents à la réunion, a-t-elle déclaré, deux d'entre eux sont actuellement en train de rédiger leur nouvelle constitution. Il s'agit d'une période cruciale pour les pays du Moyen-Orient où il est important de redéfinir les relations entre la société civile et les gouvernements et d'insister sur la nécessité d'une collaboration. » Nazanin Ash, sous-secrétaire adjoint de l'initiative de partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI) a, quant à elle, déclaré que « la valeur réelle de cet atelier préparatoire est de permettre à la société civile d'articuler avec les gouvernements respectifs quelles sont les priorités et comment arriver à mettre en œuvre des solutions ». Nazanin Ash a ajouté que le changement n'est possible que lorsque les demandes et besoins de la population sont prises en compte par les décideurs. Un autre aspect de cette réunion est la coordination du travail de la société civile afin de mieux articuler ses demandes aux gouvernements. Il s'agit pour Nazanin Ash de « donner à la société civile la capacité et l'espace nécessaires afin de permettre le changement ». Les femmes à l'honneur Cette première réunion était axée sur le renforcement des capacités des femmes, « empowerment». A ce sujet, Melanne Verveer a justifié l'importance donnée aux questions féminines lors des réunions préparatoires du Forum de l'Avenir du fait que « quand la femme prospère, c'est toute la société qui prospère ». Et d'ajouter : « L'importance que nous donnons à la question féminine vient du principe que les femmes sont importantes dans le développement du pays, qu'il soit social, économique ou politique. » La réunion a porté sur plusieurs thèmes dont le rôle de la femme dans la croissance économique et la participation politique. A ce sujet, Verveer a indiqué que « la tâche la plus dure pour les femmes est de s'imposer dans les postes à haute responsabilité politique ». Un débat national pour bientôt Un autre thème abordé était celui de l'égalité des sexes devant la loi ainsi que celui des réformes familiales. L'ambassadrice Verveer a qualifié le Maroc de modèle en ce qui concerne la réforme du code de la famille mais a relativisé en précisant que le pays avait encore beaucoup de chemin à faire en ce qui concerne le droit des femmes et l'égalité des sexes. « Le Maroc doit continuer dans ce sens là », a-t-elle conclu. Lors de sa visite au Maroc, Verveer s'est également réunie avec Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM. Cette réunion était l'occasion pour les acteurs de la société civile marocaine d'établir des priorités en ce qui concerne les questions féminines. Trois priorités ont été établies : le mariage précoce, l'avortement, et le viol. « Un débat national entre les représentants de la société civile et ceux du gouvernement est prévu pour bientôt », a annoncé Hakima El Haité, vice-présidente de Connecting Group International et ancienne Vice-Présidente de l'Association des Femmes Entrepreneurs du Maroc (AFEM). La deuxième réunion préparatoire au Forum de l'Avenir traitera du thème de la gouvernance économique. Elle se déroulera en octobre prochain à Amman, en Jordanie. * Tweet * *